Niger: les inondations sèment la désolation à Agadez


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Dans les montagnes de l’Aïr et les villes du désert situées au pied du massif, quatre jours de pluies intenses ont touché 7 000 foyers, dévasté 3 500 maisons et causé des pertes importantes dans l’élevage et l’agriculture, la semaine dernière, principalement dans la commune d’Agadez, d’après des responsables locaux.

De fortes pluies ont provoqué la rupture d’un barrage à 7 kilomètres de la commune d’Agadez, d’après une évaluation préliminaire réalisée le 2 septembre par le gouvernement et les Nations Unies. Les tempêtes ont ravagé 400 hectares de terres cultivées et dévasté au moins sept écoles de la commune.

Hamma Dilla, maire de la commune, a dit à IRIN qu’il n’avait jamais vu un phénomène aussi extrême en plus de 30 ans. « Mais même cette inondation n’était pas aussi grave que ce à quoi nous assistons aujourd’hui. Cette [destruction] est le résultat de fortes pluies continues et du fait que l’affluent est sorti de son lit. »

Issouf Bayard, sociologue spécialiste d’Agadez a expliqué à IRIN que depuis l’indépendance, il n’existe pas de système d’alerte précoce permettant d’avertir les personnes vivant près des différents affluents qui traversent la ville, grossis par la pluie des montagnes, que des tempêtes se préparent. « Quand il pleut dans les montagnes, les gens d’ici ne le savent pas. C’est seulement quand les affluents sont en crue que les habitants se font prendre par surprise. » Il a expliqué qu’avant l’indépendance, en 1960, les militaires français parcourait la ville pour prévenir les population de l’arrivée des flots.

D’après M. Bayard, le départ des militaires, ainsi que l’apparition des sécheresses dans les années 1970, ont mis fin à ce système d’alerte précoce. « Ces affluents asséchés sont aujourd’hui les endroits où s’installent les familles les plus pauvres et les migrants récemment arrivés », a indiqué le chercheur à IRIN. « A cause de l’augmentation de la population urbaine, les gens construisent sur des zones dont ils ne savent même pas qu’elles étaient autrefois des cours d’eau. Mais, comme le dit un proverbe local, l’eau retrouve toujours son chemin. »

D’après l’estimation préliminaire officielle, le 2 septembre, un nouveau-né et un adulte avaient perdu la vie dans les inondations.

« l’eau retrouve toujours son chemin »

A Azmalam, l’une des zones les plus ravagées de la banlieue de la commune d’Agadez, Moussa Ibrah, directeur de l’école, a dit à IRIN que l’estimation officielle du nombre de décès était trop faible. « Nous [les habitants], nous parlons de dizaines de morts ». Par ailleurs, M. Ibrah a indiqué que 1 200 bêtes étaient mortes et que toutes les maisons avaient été détruites.

Abdallah Alal, qui tenait un commerce devant la station de bus d’Agadez, a expliqué à IRIN que son magasin avait été vandalisé après avoir été détruit par les inondations au milieu de la nuit. « Cette boutique était ma seule source de revenus. J’ai vendu mes bêtes pour monter ce commerce. »

Une veuve de la commune d’Agadez a dit à IRIN qu’à cause des inondations, elle se retrouvait dans la détresse avec ses huit enfants. « Nous n’avions que cette maison, que mon mari nous avait laissée », a déclaré Aminatou Malam. « Et maintenant, elle a disparu, tout comme notre nourriture, nos bêtes. Où pouvons-nous aller ? »

A Tchirozérene, une commune voisine, plus de 70 maisons et une école ont été totalement détruites, d’après l’évaluation préliminaire.

La réponse

Le Secrétaire général de la région d’Agadez et les maires des communes ont constitué un comité de crise, qui a mis sur pied 11 équipes composées de chefs de villages, chargées d’organiser des visites d’habitations, afin d’évaluer les dégâts.

D’après M. Dilla, le maire d’Agadez, des camions de la commune transportent les victimes des inondations vers des écoles qui servent de logements provisoires. Il a indiqué que son administration avait acheté de la farine de manioc et de l’eau afin de les distribuer aux victimes.

Pour le comité, les premières priorités sont la réparation du barrage, le logement des victimes et l’eau.

D’après le Bureau des Nations Unies pour la Coordination des affaires humanitaires (OCHA), les Nations Unies prévoient de mener des évaluations approfondies dans les prochains jours

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