Musique – Caraïbes : le Mambo ou comment les rythmes afro-caribéens de Porto Rico ont conquis le monde dans les années 50


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Porto Rico
CARAÏBES : PUERTO RICO 1940-1962 - Plena, bomba, mambo, guaracha, pachanga (Frémeaux & associés)

Voici un coffret de 2 CDs sur la musique de Porto Rico des années 40 au début des années 60. Le label Frémeaux nous offre d’année en année ses trésors historiques musicaux, sous forme d’anthologies couvrant diverses régions et périodes.

Amoureux des danses latinos, ce disque est pour vous ! Car TOUS les titres de ce coffret – soit 44 chansons ou pièces instrumentales – ont été créés pour FAIRE DANSER les foules ! Et nous saluons bien haut l’Amérique Latine dans son ensemble – Caraïbes en premier ! – pour son goût pour la danse – inégalé dans aucun autre continent ! La preuve : le nombre de chansons du sous-continent qui conjuguent le verbe « bailar » à tous les temps ! Voici en mots-clés quelques pistes pour écouter ces deux disques formidables de musiques et chansons, concentrés de joie de vivre et de bonne humeur !

1 Bel canto : les chansons des années 40 restent encore fortement influencées par l’opéra italien et le bel canto – n’oublions pas que les théâtres locaux accueillaient régulièrement des productions d’opéra venues d’Europe.

2 Trompette : elle joue un rôle prépondérant dans nombre de chansons et compositions (comme au Mexique tout proche). Instrument des conquêtes militaires, qui signe la puissance et la domination, il est détourné par les descendants d’esclaves qui en font un instrument-clé de leurs musiques (la même réflexion vaut pour le jazz nord-américain avec des Miles Davis et frères…).

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Porto Rico et le jazz américain

Porto Rico et Cuba sont conquis par les USA en 1898, les Porto Ricains ont donc un peu le sentiment d’être chez eux, comme les premiers Algériens en France avant-guerre

3 Cuivres : par extension, les cuivres sont centraux dans nombre de compositions de ces années 40 et 50 – en ensembles de « big bands » calqués sur les big bands de jazz nord-américains (Glenn Miller et consorts), où les cuivres jouent souvent à l’unisson.

4 Dieu : le premier titre du coffret s’intitule « Permita Dios » (si Dieu veut), ce qui nous rappelle que si l’Amérique adore danser et s’amuser, elle reste un continent profondément religieux – même si les églises évangéliques, nées aux USA, gagnent chaque année du terrain sur le catholicisme.

5 Mourir (d’amour) : mais aussi souffrir, pleurer, douleur, etc. : le vocabulaire complet – et excessivement excessif – des chansons d’amour latinos se retrouve bien sûr ici !

6 Mambo : création de ces années 40 et 50, danse qui telle une déferlante va envahir les pistes de danse du monde entier – jusque dans l’Indochine coloniale en passant par l’Algérie, l’Egypte ou le Liban – grâce aussi à Hollywood qui va en inonder le monde via ses films à grand succès qui mettent en scène des stars telles Rita Hayworth dans ces danses que les USA qualifient de « tropicales ».

7 Piano : il est souvent joué comme des percussions, les mains sautant d’une note à l’autre comme sur un balafon, ce xylophone traditionnel de bois que l’on trouve en Afrique. Parce que bien sûr, on ne va pas vous le répéter une énième fois, ces musiques latinos puisent leurs racines dans l’héritage musical des anciens esclaves noirs amenés là par millions – et d’abord par ce qui les rend le plus reconnaissables à l’oreille : le rythme !

La salsa est née à New-York

8 Rythmes (effrénés) : justement, certaines compositions ont des rythmes haletants, et il faut avoir la forme pour danser ces danses – toute la nuit je veux dire.

9 New York : une chanson s’intitule « 110th St & 5th Avenue » et vient nous rappeler que la « salsa », sous laquelle en Occident nous désignons nombre de ces musiques à danser de l’Amérique hispanique, que la salsa donc est née à New York, ville qui devint capitale des musiques latinos, à cause du nombre de Latinos qui y avaient migré, pour raisons économiques ou politiques. Porto Rico et Cuba avaient été conquis par les USA en 1898, les Porto Ricains avaient donc un peu le sentiment d’être chez eux, comme les premiers Algériens en France avant-guerre.

10 Percussions : elles sont omniprésentes, souvent sophistiquées – voir la note 7 (piano) sur les racines africaines de ces musiques.

11 Accordéon : l’instrument né pour faire danser les foules dans les bals populaires en Europe, a voyagé dans les bagages des Européens partis là-bas, et est naturellement tombé dans les mains de musiciens qui s’en sont servis… pour faire danser les foules dans ces jeunes pays !

12 Flûtes : les flûtes, instrument central des peuples amérindiens, se retrouvent dans ces musiques d’Amérique latine, à la fois douces et rythmées.

Et on s’arrête là pour ne pas tout vous dire et vous laisser découvrir toutes les surprises de ce magnifique double album ! A noter : comme toujours chez Frémeaux, un livret copieux, signé ici Bruno Blum !

Commander le disque : disquaires en ligne ou  fremeaux.com 

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