Mosquée de New-York : Obama se prend les pieds dans le tapis


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Le président Barack Obama se serait bien passé de cette nouvelle polémique. Son discours donné vendredi en faveur de la construction d’une mosquée aux abords de Ground Zero, théâtre des attentats terroristes du 11 septembre, ne fait pas l’unanimité. Malgré une déclaration samedi nuançant ses propos, ses adversaires politiques n’ont pas hésité à s’engouffrer dans la brèche.

« En tant que citoyen, en tant que président, je pense que les musulmans ont autant le droit de pratiquer leur religion dans ce pays que n’importe qui d’autre. Et cela inclut le droit de construire un lieu de culte et un centre communautaire sur une propriété privée dans le sud de Manhattan, en accord avec les lois en vigueur. C’est cela l’Amérique. » Une déclaration faite vendredi soir lors d’un diner de rupture de jeun donné à la Maison Blanche en l’honneur de la communauté musulmane qui a déclenché un véritable tollé. En se montrant favorable au projet d’édification d’une mosquée de 15 étages non loin de Ground Zero, théâtre des attaques terroristes qui se sont abattues sur le World Trade Center le 11 septembre 2001, le président Barack Obama s’est pris les pieds dans le tapis. En déplacement en Floride samedi, il a précisé que ce discours n’avait pas pour objectif de déterminer s’il était sage ou non de construire une mosquée près de Ground Zero mais de souligner que c’était un droit. « Je n’évoquais pas et je n’évoquerai pas le bien-fondé du fait de construire une mosquée à cet endroit. » a déclaré le chef d’Etat américain. Prise de position saluée par Michael Bloomberg, maire de New York.

Le porte-parole de la présidence américaine, Robert Gibbs avait pourtant précisé le 3 août dernier, alors que le projet de construction du centre culturel faisait débat, que c’était « un problème que la ville et la communauté de New York doivent gérer seules. La Maison-Blanche n’a pas à s’immiscer dans cette prise de décision locale. » Le Président Obama aurait pu se contenter de garder le silence mais selon son conseiller David Axelrod se confiant au New York Times, il aurait « senti qu’il était de sa responsabilité de parler.» Le traditionnel repas du ramadan était une occasion toute trouvée.

Obama accusé de «flatter l’islam»

Le soutien apporté au Cordoba House, nom du projet du centre culturel musulman, a été largement critiqué par le parti républicain. Newt Gingrich, ancien président de la Chambre des représentants considère que le président « flatte l’islam. » Selon lui, l’édification d’une mosquée sur ce site frappé par les attentats du 11 septembre serait pour les musulmans un symbole de victoire. « Ce serait comme mettre un signe nazi à côté du Musée de l’Holocauste » a-t-il ajouté. D’autres membres du parti républicain ont fustigé les déclarations du locataire de la Maison Blanche relançant ainsi les rumeurs sur son éventuelle confession musulmane. Malgré le rappel du président Obama selon lequel « La cause d’al-Qaïda n’est pas l’islam. C’est une répugnante déformation de l’islam », Peter King, élu new-yorkais et membre républicain de la Chambre des Représentants considère que « c’est un manque de sensibilité de la part de la communauté musulmane de construire une mosquée à l’ombre de Ground Zero. » Et John Boehner, chef de la minorité de la Chambre de s’engouffrer également dans la brèche, annonçant que les Américains ne suivront pas le président dans cette direction. John Cornyn ne manque pas quant à lui de souligner que « c’est le peuple américain qui rendra son verdict » à l’occasion des élections du Sénat le 2 novembre prochain. A un mois du neuvième anniversaire des attentats du 11 septembre, un sondage CNN Opinion Research révèle que 68% des Américains sont opposés au projet de centre culturel musulman.

Lieu hautement symbolique, Ground Zero est pour les Américains un véritable sanctuaire qui a vu la vie de 3000 de leurs compatriotes s’éteindre brutalement sous les attaques terroristes revendiquées par al-Qaïda.

Leila Kaddour-Boudadi
LIRE LA BIO
Leïla Kaddour-Boudadi est une journaliste et présentatrice TV française, née le 25 juin 1980 à Aubergenville dans les Yvelines. Fille d'un père ouvrier et d'une mère au foyer, tous deux enfants de harkis installés en France en 1962 au moment de l'indépendance de l'Algérie, elle grandit en Charente avant de poursuivre des études de lettres classiques. Devenue professeure de lettres, sa carrière prend un tournant lorsqu'elle quitte l'enseignement pour entrer à l'École publique de journalisme de Tours. C'est au sein de la rédaction d'Afrik.com qu'elle démarre sa carrière de journaliste, avant d'être recrutée par la chaîne de télévision publique France 3. En septembre 2017, elle devient titulaire à la présentation du journal de 13 heures le week-end. Parcours atypique d'une femme aux multiples talents, Leïla Kaddour-Boudadi incarne une nouvelle génération de journalistes alliant rigueur intellectuelle, curiosité culturelle et authenticité.
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