Mondialisation et éradication de l’extrême pauvreté


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Pauvreté Afrique

Enfin des bonnes nouvelles ! Certes elles se fondent dans les difficultés économiques mondiales mais selon la Banque mondiale, jamais le taux d’extrême pauvreté n’a été aussi bas dans le monde. Dans son article, Johan Norberg, se réjouit et s’inquiète à la fois. D’un côté, il constate que le capitalisme, malgré ses imperfections, a permis un recul drastique de la pauvreté. D’un autre côté il s’inquiète du rejet croissant de ce modèle capitaliste dans le monde et surtout de son recul aux Etats Unis. Ce n’est pas le moment de revenir à des économies socialistes alors même que l’Afrique a encore beaucoup de chemin à faire pour voir elle aussi son taux de pauvreté réduire. Il faut donc garder le cap malgré les remous !

C’est la plus belle histoire de notre époque, et peu de gens en ont entendu parler. L’humanité est en train de vaincre l’extrême pauvreté. La Banque mondiale a récemment publié ses derniers chiffres qui montrent que la proportion de la population mondiale vivant dans l’extrême pauvreté, c’est-à-dire consommant moins de 1,90 dollar par jour, ajustée aux prix locaux, est passée de 36% en 1990 à 10% en 2015.

Un recul drastique de la grande pauvreté

Bien que la population mondiale ait augmenté de plus de deux milliards de personnes, le nombre de personnes extrêmement pauvres a été réduit de près de 1,2 milliard. Cela signifie que, à l’ère de la mondialisation, qui est aujourd’hui fort méprisée, près de 130 000 personnes sont sorties de la pauvreté chaque jour. Chacune de ces 130 000 personnes représente une autre personne qui se rapproche d’une vie décente avec une éducation de base, un accès aux soins de santé et des opportunités dans la vie. C’est la plus grande réalisation de l’histoire humaine.

L’Afrique reste le continent où le taux de pauvreté a du mal à régresser

Lors du Sommet du millénaire organisé par les Nations Unies en 2000, les pays du monde se sont fixé pour objectif de réduire de moitié le taux de pauvreté extrême de 1990 d’ici à 2015, ce qui a été respecté plus de cinq ans avant la date limite. Les progrès ont été plus rapides en Asie. En Asie de l’Est, l’extrême pauvreté a reculé de manière spectaculaire, passant de 62 à 2% et en Asie du Sud de 47 à 12%. Mais d’autres régions ont également enregistré d’énormes progrès. Ainsi, en Amérique latine, l’extrême pauvreté a été réduite de 14 à 4%. La région se trouvant à la traîne est l’Afrique subsaharienne, mais même dans cette zone, l’extrême pauvreté a été réduite de 54% à 41%. Certes, le taux reste plus élevé que partout ailleurs dans le monde, mais cela signifie que l’extrême pauvreté est maintenant plus rare en Afrique que dans les pays les plus riches du monde ne l’étaient à l’aube de la révolution industrielle.

Il est fascinant de constater que ces progrès ont eu lieu, d’autant plus qu’en Occident, on commence à douter du libre-échange et du capitalisme mondial. Parce que cette réduction de la pauvreté s’est produite dans les pays qui ont commencé à libéraliser leurs marchés et à s’intégrer à l’économie mondiale, comme la Chine au début des années 1980 et l’Inde et le Vietnam au début des années 90.

Comme l’économiste indien, Gurcharan Das, l’a expliqué à propos des progrès de son pays dans le documentaire «India Awakes»: « Les principes qui ont apporté tant de prospérité et de liberté à l’Occident sont confirmés dans un pays situé à l’est ».

Quelles politiques pour un recul durable de la pauvreté ?

Les institutions multinationales adorent organiser des séminaires et élaborer des plans de «croissance pro-pauvres», mais le meilleur moyen d’amorcer une croissance favorable aux pauvres est de réaliser des taux élevés et surtout de les maintenir dans le temps. Une étude réalisée par les économistes David Dollar, Tatjana Kleineberg et Aart Kraay, portant sur 121 pays, a montré que l’essentiel de la variation de la croissance des revenus des pauvres entre les pays est due à la croissance des revenus moyens et non à une modification de la répartition.

C’est au moment où la gauche comme la droite s’éloignent du capitalisme mondial que celui-ci célèbre sa plus grande réalisation. En fait, tout repose sur des idées reçues car, lors d’un sondage, lorsqu’on a demandé aux Américains ce qu’il était advenu de la pauvreté dans le monde ces 20 dernières années, 5% seulement ont répondu qu’elle avait été réduite de moitié, tandis que 66% pensent qu’elle a doublé. Une autre raison est que beaucoup croient au mythe du jeu à somme nulle: pour que quelqu’un gagne quelque chose, il faut que quelqu’un d’autre en perde. Ils sont donc persuadés que ce sont eux qui devront payer si la Chine ou le Mexique prospèrent. Mais cela ne s’applique pas à un marché libre où aucun accord ne sera jamais conclu à moins que les deux parties n’améliorent mutuellement leur situation initiale. Le commerce et la spécialisation contribuent à augmenter la taille du gâteau mondial. Ainsi, agrandir le gâteau ne veut pas dire manger la part des autres.

Les Etats-Unis à reculons

C’est une période particulièrement sombre pour les États-Unis qui sont en train de renoncer à la mondialisation et de déclencher des guerres commerciales. Selon une estimation de la Brookings Institution, la classe moyenne mondiale s’est accrue de 2,3 milliards de personnes au cours de ces 25 années. Ce sont 2,3 milliards de personnes supplémentaires dont la consommation rejoint peu à peu celle des classes moyennes occidentales.

Ce son de succion géant que nous pourrions bientôt entendre est celui de milliards de personnes du Sud et de l’Est qui importent tous les biens et services produits par nos entreprises. La fortune sourit aux braves. Le protectionnisme n’apporte que la ruine pour tout le monde.

Johan Norberg, chercheur au Cato Institute, auteur de «Progrès: dix raisons de se tourner vers l’avenir».

Article publié en collaboration avec Libre Afrique

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