Mohammed VI fait arrêter un journaliste qui a diffusé une vidéo d’AQMI


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Un journaliste marocain a été interpellé, ce mardi à Rabat, à la suite de la diffusion sur un site d’informations, Lakome, d’une vidéo d’Al-Qaïda au Maghreb islamique. Ce message inciterait à commettre des actes terroristes dans le royaume chérifien.

Au Maroc beaucoup sont encore surpris par l’arrestation soudaine du journaliste Ali Anouzla, dirigeant de la version arabophone du site d’information Lakome. le procureur général du roi Mohammed VI avait annoncé dans un communiqué qu’un mandat d’arrêt avait été lancé à l’encontre du « responsable » de Lakome.

La raison de son crime? Il a été interpellé ce mardi par la police, à Rabat, pour avoir diffusé une vidéo du groupe terroriste Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI), qui inciterait à commettre des actes terroristes dans le royaume chérifien. La vidéo en question, diffusée la semaine dernière sur internet par AQMI, est intitulée Maroc : le royaume de la corruption et du despotisme, selon Lakome. Il faut dire que la vidéo, qui appelle au Djihad, critique vivement la monarchie. Un message bien évidemment que les autorités marocaines n’ont pas digéré et qui visiblement inquiète le roi Mohammed VI. D’ailleurs la vidéo a été supprimée par Youtube pour non-respect des règles en matière de « violence ».

Selon les journalistes de Lakome, les policiers sont venus chercher Ali Anouzla dans la matinée « sur ordre du parquet général » , précisant que les unités centrales de la rédaction ont été saisies. Ce dernier avait déjà annoncé dans un communiqué qu’un mandat d’arrêt avait été lancé à l’encontre du responsable « suite à la diffusion par le journal électronique d’une vidéo attribuée à AQMI, comprenant un appel clair et une incitation directe à commettre des actes terroristes » au Maroc. Le Procureur général du roi Mohammed VI avait également précisé que « les procédures judiciaires adéquates seront appliquées à la lumière des résultats de l’investigation ».

«Bavure»

La rédaction de Lakome, elle, est encore sonnée par cette interpellation.
« Cette décision du parquet surprend à plus d’un titre. Dans les deux cas, Lakome arabophone et francophone ont précisé dès le départ qu’il s’agit d’une vidéo de propagande et ne prennent à aucun moment partie pour les terroristes d’AQMI », a indiqué le média sur son site internet.
« Par ailleurs, le fait même de diffuser une vidéo d’AQMI est une pratique constatée dans les médias internationaux », a défendu Lakome, citant le cas de médias français. Pour un autre responsable de la version francophone du site, Aboubakr Jamaï, qui s’est confié à l’AFP, la version arabophone n’avait fait que « renvoyer vers un lien pour voir la vidéo », dans le cadre de l’article qui lui était consacré.

Malgré les explications de Lakome, la presse marocaine a été très sévère à l’encontre du site. Le quotidien L’Opinion, l’a vivement critiqué, affirmant qu’il « faut être fou à lier ou chercher sciemment à se faire embastiller pour commettre une telle bavure », ajoutant qu’« un média grand public ne peut se permettre de reproduire des appels au terrorisme ». Les attentats de Casablanca en mai 2003, perpétrés par 12 kamikazes originaires d’un bidonville de la capitale économique, faisant 33 morts, ont porté un coup au Royaume chérifien, qui est désormais sur ses gardes et ne tolère aucun élément reliant aux groupes terroristes. Même pas les messages vidéos.

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