Meurtre de Brahmi en Tunisie : réunion de crise après les manifestations


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Le gouvernement tunisien doit se réunir ce lundi, après les manifestations qui ont rassemblé quelques milliers de personnes, ce dimanche à Tunis. Le parti islamiste Ennahda est dans le viseur des protestataires.

Le meurtre de l’opposant Mohamed Brahmi, six mois après celui de Chokri Belaïd, a ravivé les tensions. Une réunion de crise est au programme de l’actualité gouvernementale tunisienne de ce lundi. Elle intervient au lendemain de manifestations et sit-in qui ont mobilisé près de 10 000 personnes à Tunis. La capitale tunisienne a été le théâtre de défilés rivaux avec d’un côté les soutiens du gouvernement et de l’autre ses détracteurs. Des marches ont également eu lieu à Sidi Bouzid.

Le parti Ennahda, dirigé par Rached Ghannouchi, majoritaire au gouvernement, est de nouveau dans la ligne de mire de l’opposition. Hier, entre 4 000 et 5 000 manifestants, selon Le Monde, ont battu le pavé, peu avant la rupture du jeûne, sur la place Bardo devant l’Assemblée nationale Constituante (ANC), pour exiger la démission du gouvernement actuel et la dissolution de l’Assemblée.

Sit-in et Ramadan

Le Front du Salut national de la Tunisie avait lancé un appel à rompre le jeûne de Ramadan devant l’Assemblée. Le mouvement, récemment créé, a demandé aux Tunisiens volontaires d’apporter« son repas pour un iftar (repas de rupture du jeûne) géant en famille » . Ce nouveau Front a ainsi rejoint la soixantaine de députés initiateurs de ce sit-in et qui ont gelé leur participation à l’ANC dont ils demandent la dissolution et la formation d’un « gouvernement de salut national ».

La veuve de Chokri Belaïd, Basma Khalfaoui, membre du Front populaire, avait elle aussi annoncé dimanche sur les ondes de Shems FM, sa participation et celle du Front du Salut national à la rupture du jeûne devant l’ANC. Le ministre de l’Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, a donné l’ordre de ne pas réprimer les sit-inneurs du Bardo.

Calmer les esprits

L’engagement du ministère vise à éviter tout risque de heurt et à préserver la sécurité des manifestants hostiles au pouvoir actuel. Ce message d’ordre a été prononcé au lendemain de violences policières ayant causé plusieurs blessé. Les forces de l’ordre avaient fait usage en masse, samedi dernier, de bombes lacrymogènes pour disperser les manifestants qui criaient leur colère aussitôt après l’enterrement de Brahmi, tué jeudi devant chez lui, après avoir reçu quatorze balles tirées par deux individus en moto. Des altercations entre pro et anti-gouvernement ont eu lieu tard dans la nuit. Un député a d’ailleurs été blessé samedi après-midi, quelques instants après les funérailles de Mohamed Brahmi.

Le gouvernement qui se réunit en crise aujourd’hui, devra trouver des solutions pour calmer une rue de nouveau en colère. Deux meurtres d’opposants en moins de six mois ont plus que jamais poussé les manifestants à accuser Ennahda et à exiger qu’elle démissionne. Reste à savoir quelle issue le parti islamiste trouvera à ces nouveaux troubles.

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