Mauritanie : après 10 ans d’exil, Mohamed Ould Bouamatou revient tête haute à Nouakchott


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Mohamed Ould Bouamatou
Mohamed Ould Bouamatou

Mardi après-midi, Mohamed Ould Bouamatou est revenu à Nouakchott après 10 années d’exil au Maroc et à Londres. La nouvelle n’était connue que de quelques membres de la famille qui s’étaient assurés de l’accueillir à l’aéroport. L’homme d’affaires mauritanien a directement été se recueillir sur la tombe de sa mère décédée alors qu’il était encore en exil. Le retour de l’homme d’affaire le plus puissant du pays, personnage clé de l’économie et de la politique régionale, vise à donner un nouveau souffle économique à la Mauritanie.

Une exil politique qui aura duré 10 ans

Mohamed Ould Bouamatou n’avait pas pu être présent pour l’enterrement de sa mère, et cson premier geste en rentrant dans son pays a donc été consacrée à se rendre sur sa tombe. Lors du décès de sa mère, Mohamed Ould Bouamatou était alors en exil, sous le coup de poursuites judiciaires et d’un mandat d’arrêt international, émis par le régime dirigé par Mohamed Ould Abdel Aziz, ancien Président mauritanien.

Bouamatou , ancien Président du patronat mauritanien avait pourtant été un grand soutien pour le général Mohamed Ould Abdel Aziz en 2008, après le coup d’état ayant renversé Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallah, premier Président démocratiquement élu, alors qu’Aziz occupait le poste de chef d’état-major particulier.

Mohamed Ould Bouamatou avait réussi à mettre ses réseaux à contribution pour faire accepter le coup d’Etat à l’international, notamment par Paris qui a un regard particulier sur la Mauritanie et ses immenses frontières. Le cousin de l’ancien chef de l’Etat avait également été un donateur de taille pour financer la campagne électorale de la présidentielle en 2009, qu’Aziz avait remporté pour devenir le 5 aout 2009, président démocratiquement élu de Mauritanie.

Face aux dérives du nouveau pouvoir, Mohamed Ould Bouamatou s’est petit à petit écarté dde son cousin, pour finalement rentrer frontalement en opposition, dénonçant des turpitudes financières, entrainant une rupture et un conflit avec le président mauritanien. Une rupture entre les deux hommes définitivement actée lorsque le régime a ordonné un vaste contrôle fiscal qui lui vaudra un redressement de plusieurs millions,  le forçant à s’exiler au Maroc.

Visé pour son influence et son pouvoir de nuisance

Au cours des 3 années qui suivront, l’homme d’affaires mauritanien fera l’objet d’accusation de financement d’une campagne visant à empêcher le référendum constitutionnel et de financer des opposants politiques qui rejettent la réforme constitutionnelle, réforme qui avait pour objectif de supprimer le Sénat, dernier fief de la contestation du pouvoir du Président Aziz. L’homme d’affaire s’est publiquement affiché comme un opposant au pouvoir.

Même en exil, Mohamed Ould Bouamatou gardait un puissant réseau en Mauritanie et son influence restait source d’inquiétude pour les autorités mauritaniennes car il était le dernier rempart contre le pouvoir hégémonique d’Aziz. Un mandat d’arrêt international avait été délivré à son encontre. Plusieurs analystes avaient alors déclaré que si les sénateurs étaient dans le viseur, Mohamed Ould Bouamatou était la principale cible du pouvoir à l’époque de la réforme constitutionnelle.

Un retour au bercail suite à l’annulation des poursuites judiciaires

Au mois de février dernier, la justice mauritanienne a annoncé qu’elle annulait les poursuites contre l’homme d’affaires, ainsi que 2 autres opposants à l’ancien régime, dont Moustapha Limam Chafi. Homme de l’ombre, l’ancien conseiller du Président Compaoré, Moustapha Limam Chafi avait servi d’intermédiaire dans de nombreuses affaires de prise d’otages en raison de sa proximité avec les présidents malien Amadou Toumani Touré, nigérien Mahamadou Issoufou, guinéen Alpha Condé ou ivoirien Alassane Ouattara.

Cette décision de justice est perçue comme un geste d’apaisement et un signal fort lancé par le président Ghazouani, en réponse à la demande de l’opposition mauritanienne. La nouvelle a été accueillie par Mohamed Ould Bouamatou et ses proches comme un immense soulagement. Son avocat, maître William Bourdon, a salué cette décision de justice qui, assure-t-il, restaure l’honneur de son client.

Bouamatou est aussi le principal donateur de plusieurs organisations humanitaire, comme la Fondation pour l’Egalité des Chances en Afrique.

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