Massacre du 28 septembre en Guinée : « Demander à la CPI de s’autosaisir »


Lecture 4 min.
arton31698

Asmaou Diallo, présidente de l’Association des victimes, parents et amis du 28 septembre (AVIPA), réclame justice dans le dossier du massacre du 28 septembre 2009. Elle l’a fait savoir dans un entretien qu’elle a accordé à Afrik.com suite au report, ce jeudi, de la comparution du lieutenant-colonel Claude Pivi alias Coplan.

Le lieutenant-colonel Claude « Coplan » Pivi, était ministre guinéen chargé de la Sécurité présidentielle, au moment des crimes de 2009. Inculpé et poursuivi pour meurtres, viols, incendies, pillage, destruction d’édifices et complicité, le mercredi 28 juin dernier par le pool de juges d’instruction, il était attendu pour comparaître à nouveau ce jeudi 4 juillet. Sauf qu’il a fait faux-bond.

Afrik.com : La deuxième comparution du ministre de la Sécurité présidentielle, le lieutenant Claude Pivi devant le pool de juges d’instruction, prévue ce jeudi, a été reportée à une date ultérieure. Quelle est votre réaction?

Asmaou Diallo : J’avoue que c’est quelque chose d’assez surprenant. Nous pensons que la justice devrait pouvoir faire son travail correctement. Je crois que ce n’était pas nécessaire de reporter l’audience de ce jeudi. Mais puisqu’ils ont reporté cette journée à une date ultérieure, nous attendons. De toutes les façons, il y a déjà un acquis parce qu’il (le lieutenant-colonel Claude Pivi) a été inculpé lors de son premier passage devant les juges d’instruction chargés du dossier. Nous espérons qu’il y aura une suite après cette inculpation. La justice doit aller de l’avant. Cela est nécessaire pour le pays. Si les juges savent qu’ils sont bloqués quelque part, ils n’ont qu’à dire la vérité au peuple de Guinée. S’ils savent qu’ils ne peuvent pas juger ce dossier, ils doivent oser dire la vérité au peuple. Dès lors, nous allons demander à la Cour pénale internationale de s’autosaisir du dossier.

Afrik.com: Autour de la Cour d’Appel de Conakry où le lieutenant-colonel devait comparaître ce jeudi, nous avons constaté la mobilisation de certains de ses partisans, essentiellement composés des membres de sa communauté qui voient derrière cette affaire un acharnement contre leur fils. Qu’en dites-vous ?

Asmaou Diallo: Je crois que cette mobilisation de ses partisans n’était pas nécessaire, parce que c’est un citoyen guinéen à qui on reproche quelque chose. Je pense qu’il est libre de venir dire ce qu’il pense de ce dossier. Il y a eu des exactions le 28 septembre 2009, on dit que le lieutenant-colonel Claude Pivi est impliqué. Mais qu’est-ce que ça lui coûte de venir donner sa version des faits ? A mon avis, on ne lui a pas signifié qu’il venait pour être arrêté.

Afrik.com : Dans une déclaration publiée mercredi, l’organisation internationale des Droits de l’Homme, Human Rights Watch a demandé à ce qu’on limoge de leurs fonctions tous ceux qui sont impliqués dans ce dossier. Comment avez-vous apprécié cette requête ?

Asmaou Diallo : Je remercie Human Rights Watch avec qui, je signale au passage, nous travaillons depuis le début de cette affaire. C’est une déclaration noble. Nous avons toujours demandé à ce que tous ceux qui sont impliqués dans ce dossier soient mis à l’écart, afin qu’ils puissent être à la disposition de la justice. Lorsque leur innocence sera prouvée dans cette affaire, libre au Président de les reconduire à leurs postes. Si tel n’est pas le cas, les victimes seront en position de faiblesse et elles pourraient être exposées. Nous souhaitons que les personnes déjà citées dans ce dossier soient mises à la même enseigne que les victimes.

Afrik.com : Est-ce que, selon vous, cette mobilisation des partisans du lieutenant-colonel Claude Pivi peut constituer une entrave à la manifestation de la vérité ?

Asmaou Diallo: Vraiment, je n’arrive pas à comprendre pourquoi une telle mobilisation en faveur du lieutenant-colonel Claude Pivi. Tout le monde sait ce qui s’est passé le 28 septembre 2009. Tous les Guinéens et même ceux qui ne sont pas Guinéens, ont vu ce qui s’est passé ce jour au Stade du 28 septembre. Donc, de grâce, il faudrait qu’on aille de l’avant, il faudrait qu’on arrête de se focaliser sur cette question d’ethnies. Tant qu’on ne le fera pas, je peux vous assurer que nous n’allons pas avancer. On doit parvenir à un stade où l’impunité sera éradiquée dans notre pays. Pourquoi mobiliser tout ce monde? Et pour dire quoi au juste ? Ce n’est pas normal! Je pense que cela doit cesser. Nous voulons que justice soit rendue dans cette affaire! Les parents des victimes souffrent. Il faut qu’on sache qui a fait quoi durant cette douloureuse journée du 28 septembre 2009.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News