Maroc : une campagne pour court-circuiter le piratage


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La société Ali n’Productions et la Société nationale de la radio et de la télévision marocaine ont lancé, lundi, une campagne audiovisuelle de sensibilisation contre le piratage. Une mesure soutenue par divers acteurs du secteur, mais qui pourrait avoir peu d’impact sur les contrefaçons de CD et DVD.

La lutte contre le piratage portée à l’écran. Depuis mardi, la Radio Television du Maroc (RTM) diffuse des spots de sensibilisation d’une trentaine de secondes contre le piratage. L’Association des producteurs et éditeurs de phonogrammes et la Chambre marocaine des éditeurs et distributeurs de films vont, par ailleurs, les intégrer dans leurs CD et DVD. Objectif, sensibiliser la population à ce problème, en douceur. La mesure, soutenue par divers acteurs du secteur audiovisuel, a été initiée par la société Ali n’Productions et la Société nationale de la radio et de la télévision marocaine.

« Agresser un peu pour marquer »

Les sept clips d’Hicham Lasri sur lesquels repose la campagne seront diffusés sur la RTM pendant deux mois en arabe et en français. « Je discute avec la production pour qu’il y ait une version en amazigh. L’idée est de toucher toutes les franges de la population marocaine », explique l’auteur et réalisateur. Certains producteurs de DVD insèreront, pour leur part, un message dans un dialecte particulier. La campagne se mènera en trois étapes.

La première phase de l’initiative vise à sensibiliser. « En faisant mes recherches, j’ai remarqué que les gens trouvent normal d’acheter des VCD et DVD piratés, tant c’est devenu banal, confie Hicham Lasri. Nous voulons leur dire que c’est un crime pour qu’ils aient le réflexe de ne plus acheter parce quez cela nuit à la production marocaine et entraîne la pauvreté des artistes, producteurs… L’un des spots a d’ailleurs le slogan : ‘Pirater tue les gens’ pour montrer comment la piraterie pousse les gens dans la pauvreté. L’idée est d’agresser un peu les esprits pour les marquer. »

La deuxième série de spots consiste à expliquer en quoi il est nuisible de pirater et montrer les risques encourus pour les acheteurs et les graveurs qui cherchent à vendre. « Il y a des peines d’amendes allant de 10 000 à 100 000 dirhams (dh) (902,5 et 9 025 euros) et des peines de prison allant de 2 à 6 mois de prison ferme », ajoute Hicham Lasri. Enfin, l’idée est de « démontrer par A + B qu’acheter de vrais DVD et CD aide la production nationale musicale et cinématographique. Qu’il faut se concentrer sur la qualité du produit, où il y aura la vraie pochette, les paroles… », poursuit-il.

Prison ferme et amendes salées

La campagne s’axe surtout sur la préservation de la production nationale. « Pour les DVD étrangers récents, il est très difficile de trouver des originaux. Et, lorsqu’on en trouve, ils coûtent entre 140 et 220 dh, contre 10dh pour les piratés. Comme ce sont surtout les jeunes qui veulent ces DVD, et qu’ils n’ont pas de moyens, ils sont obligés de trouver des solutions alternatives. En revanche, l’écart est moins important pour les œuvres marocaines. Un DVD coûte environ 13 dh normalement, contre 10 dh en format piraté », commente Hicham Lasri.

Ces derniers mois, les autorités ont intensifié leur lutte contre le piratage. Une chasse aux falsificateurs est ouverte, descentes de policiers à l’appui. Mais, selon le quotidien marocain Aujourd’hui, ces efforts sont vains. Au repère de pirates de Derb Ghallef, à Casablanca, les interventions et saisies des forces de l’ordre n’ont pas empêché les vendeurs de productions contrefaites de reprendre paisiblement leurs activités.

En revanche, s’ils sont pris, les pirates risquent gros. Début août, la justice de Fès en a condamné 15, qui ont écopé de peines allant d’un mois de prison ferme et 3 000 dh d’amende à un an de prison ferme et 10 000 dh d’amende. En sus, le tribunal avait demandé aux coupables de s’acquitter de 50 000 dh de dommages et intérêts au bénéfice de dix sociétés ayant pâti du piratage. Si cela n’est pas dissuasif…

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