Maroc : Mohammed VI ou l’accomplissement d’une vision politique


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Le discours prononcé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI à l’occasion de la Fête du Trône s’apparentait à celui d’un Président des Etats-Unis sur « l’état de l’Union ». Il abordait l’ensemble des questions politiques du moment, avec un temps pour chaque thème, élections, économie, sécurité, diplomatie. Avec quelques grandes innovations sur le plan international, de nature à faire du Maroc un acteur diplomatique puissant dans le monde. Retour sur un texte où chaque mot compte.

Première action diplomatique d’envergure : l’intégration africaine, concrétisée par le retour du Maroc au sein de l’Union africaine : « le Maroc ne ménage aucun effort pour renforcer le partenariat stratégique solidaire sud/sud, surtout avec nos frères africains, tant au plan bilatéral qu’au niveau des communautés régionales des Etats d’Afrique de l’Ouest.
Et c’est précisément pour conforter cette politique africaine sincère que Nous avons annoncé au cours du 27ème Sommet africain, la décision du Maroc de réintégrer sa famille institutionnelle africaine.
 »

C’est là un acte majeur qui couronne une option stratégique essentielle développée par Mohammed VI depuis son arrivée sur le trône : en redonnant au Maroc son identité africaine, le Roi est parvenu à marquer des points, en matière diplomatique bien sûr mais aussi en matière économique et en termes de rayonnement. Le royaume chérifien est devenu une plaque tournante des échanges avec le continent.

Les voyages officiels du souverain dans de nombreux pays africains ont toujours été l’occasion de nouer des partenariats et de resserrer des liens naturels. Le retour du Maroc dans l’Union africaine n’est pas seulement un symbole, c’est la mise en évidence d’une position forte, consolidée année après année. Après l’Algérie dans les années 1970, la Libye dans les années 1990, c’est aujourd’hui le Maroc qui constitue diplomatiquement la puissance africaine de référence en Afrique du Nord. Cette position consacre donc une victoire des options stratégiques mises en oeuvre par le Roi depuis une dizaine d’années.

Cet acte refondateur permet au souverain d’amplifier cette action continue et cohérente : « Il permettra, en outre, au Maroc de s’ouvrir sur de nouveaux espaces, surtout en Afrique orientale et équatoriale, et de conforter sa position en tant qu’élément de sécurité et de stabilité, et en tant qu’acteur œuvrant en faveur du développement humain et de la solidarité africaine. »

Mais cette stratégie n’a de sens pour le Maroc que s’il parvient à développer ses relations économiques et diplomatiques avec les Pays les plus développés, et Mohammed VI le souligne : « Outre l’ouverture sur des espaces politiques et économiques majeurs, comme la Russie, la Chine et l’Inde, nous œuvrons au renforcement de nos partenariats stratégiques avec nos alliés que sont la France et l’Espagne. Parallèlement, nous nous employons conjointement avec l’Union Européenne, à poser des fondations solides pour le développement du partenariat traditionnel qui nous unit. »

En effet le Maroc fonde son développement actuel sur la croissance de ces échanges, et la diversification de son économie, qui repose sur les investissements étrangers, dans tous les domaines, depuis la construction jusqu’à l’énergie, en passant par l’industrie lourde, comme l’automobile. Les groupes internationaux y sont donc les bienvenus, de même que les investisseurs de tous horizons, les Pays du Golfe et la Chine, ainsi bien évidemment que les partenaires européens pour qui le Maroc constitue aujourd’hui un allié économique robuste.

C’est aussi le résultat d’une politique déterminée et constante, depuis l’arrivée du souverain actuel, qui s’est d’emblée entouré de décideurs compétents dans ce domaine en particulier. La croissance marocaine ne doit rien au hasard, et le PIB est de moins en moins soumis aux aléas climatiques. Contre vents et marées et dans un contexte complexe ou l’économie mondiale souffre, le Maroc tire plutôt bien son épingle du jeu et malgré les impatiences qui existent dans la jeunesse, le développement y est concrètement perçu par une proportion croissante de la population.

C’est la philosophie clairement exprimée par le Roi dans son discours : « Notre option pour la diversification des partenariats se fonde sur le respect mutuel et l’engagement à œuvrer au renforcement de la coopération sur une base gagnant-gagnant. Cet esprit est reflété dans les accords stratégiques qui ont été signés et qui couvrent des domaines vitaux comme l’énergie, les infrastructures, le développement des échanges agricoles, la lutte anti-terroriste, la coopération militaire et bien d’autres. » La coopération sur une base « gagnant-gagnant », c’est l’esprit du co-développement où chaque partenaire trouve son compte. Plus qu’un slogan, le Maroc en a fait une pratique, et l’enrichissement du pays se fait sans préjudice des intérêts des investisseurs, ce qui les incite à réinvestir.

Ainsi peut-on dire que le discours prononcé en 2016 par le Roi du Maroc à l’occasion de la Fête du Trône a été un modèle du genre, pédagogique, didactique, explicatif, concret, posant les principes et les actions accomplies, livrant les clefs d’une logique politique constante qui dépasse les alternances électorales et s’impose aux gouvernements successifs. Une méthode de conduite des affaires publiques qui aurait plu au Général de Gaulle, alliant vision d’avenir déployée sur le long terme et prise en compte des aspirations démocratiques successives…

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