
Remis en liberté provisoire après plus d’un mois de détention, le journaliste malien Alhousseiny Togo reste sous la menace d’un procès pour ses écrits critiques à l’égard du ministre de la Justice.
Après plus d’un mois de détention, le journaliste malien Alhousseiny Togo a été remis en liberté provisoire ce lundi 12 mai 2025. Incarcéré depuis le 9 avril par le Pôle judiciaire spécialisé dans la cybercriminalité, le directeur de publication du journal Le Canard de la Venise avait été arrêté suite à la publication d’un article mettant en cause le ministre de la Justice, Mamoudou Kassogué. Accusé « d’atteinte au crédit de l’État », de « diffamation » et « d’injures par voie informatique », il reste poursuivi et attend désormais son procès prévu pour le 12 juin. Sa libération ne met donc pas un terme à l’affaire, mais soulage une société civile inquiète pour la liberté d’expression au Mali.
Une arrestation qui a secoué la presse malienne
La détention d’Alhousseiny Togo avait suscité une vague d’indignation au sein de la profession journalistique et des organisations de défense des droits humains. Nombre d’observateurs ont dénoncé un acharnement judiciaire visant à faire taire une voix critique à travers un usage politique de la loi. La Maison de la Presse du Mali, Reporters sans frontières (RSF) et d’autres instances professionnelles avaient appelé à sa libération, qualifiant son emprisonnement d’arbitraire. La situation avait atteint son paroxysme à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, durant laquelle Bandiougou Danté, président de la Maison de la Presse, avait lancé un appel solennel à l’apaisement, soulignant les dérives d’un climat tendu entre médias et autorités.
La libération d’Alhousseiny Togo est perçue comme une victoire d’étape pour les défenseurs de la liberté de la presse, mais elle ne dissipe pas les inquiétudes. Le journaliste reste sous la menace de poursuites judiciaires et le procès à venir s’annonce décisif. RSF a réitéré son appel à une réforme en profondeur du cadre juridique régissant le journalisme au Mali, rappelant que le pays a reculé dans le classement mondial de la liberté de la presse, occupant désormais la 113e place sur 180.
Un symbole dans un contexte démocratique sous tension
Au-delà du cas d’Alhousseiny Togo, c’est toute la question de la liberté d’informer qui est en jeu dans un Mali fragilisé par une transition politique complexe. Ce dossier révèle les tensions persistantes entre le pouvoir en place et les voix indépendantes. Si la remise en liberté du journaliste représente un soulagement pour ses proches et ses soutiens, elle rappelle aussi que la liberté de la presse demeure sous pression dans un environnement où la critique peut rapidement être criminalisée.