Mahmoud Saleh, le sphinx insubmersible


Lecture 5 min.
arton50838

Dans la galerie de portraits des hommes influents qui organisent et animent la vie politique sénégalaise, la personnalité de Mahmoud Saleh est incontournable. Il n’a pas son pair pour démêler la pelote politicienne et nouer les fils subtils du pouvoir. Aujourd’hui au plus près de Macky Sall, dont il est le Directeur du Cabinet politique, il est l’un des piliers de l’Etat sénégalais.

Plusieurs fois, les mauvaises langues sénégalaises l’ont dit « fini », en disgrâce. À chaque fois, il s’est relevé, se montrant plus fringant que jamais. « Il », c’est Mahmoud Saleh, le très influent directeur du cabinet politique de Macky Sall, le Président sénégalais. Ces dernières semaines n’ont pas échappé à la règle. Hospitalisé à Paris pour une opération « de routine », certains médias sénégalais ont voulu y voir un signe – un de plus – de sa mise à l’écart. Il n’en est rien. Tel un sphinx, Mahmoud Saleh a toujours su renaître de ses cendres et poursuit son chemin aux premières loges du Pouvoir.

« Il a un sens politique hors du commun. », déclare un journaliste dakarois qui le connaît bien. Du sens politique, il en faut. Et même beaucoup pour évoluer au premier plan sur la scène politique sénégalaise comme il le fait depuis plus d’une trentaine d’années. Mahmoud Saleh est, en effet, de ces « vieux routiers » de la politique sénégalaise sur lesquels le temps n’a pas de prise. Fondateur de l’Union pour le socialisme et la démocratie en 1982, il créé par la suite d’autres partis (l’Union pour le renouveau démocratique/Front pour l’alternance, rebaptisé en 2006 Nouveau Parti). Soutien d’Abdoulaye Wade à partir de 2006, il ne tarde pas à rejoindre l’Alliance pour la République (APR-Yakaar), comptant ainsi parmi les toutes premières personnalités politiques d’envergure à rejoindre Macky Sall. C’était en 2010. Et cela, celui qui, entre temps, est devenu Président de la République du Sénégal ne l’a pas oublié.

Une relation de grande proximité et de confiance avec Macky Sall

Incontestablement, Mahmoud Saleh fait en effet partie du « noyau dur ». Celui qui s’est constitué autour de l’actuel Président au moment de sa descente aux enfers en 2008, quand le PDS en a fait son ennemi numéro 1, et qui l’ont aidé à conquérir un pouvoir qui semblait, alors, hors de portée. Parmi ces « historiques », au rang desquels on compte – ou plutôt comptait – Mbaye Ndiaye, Moustapha Cissé Lô, Awa Marie Coll-Seck, Moubarack Lô, Abou Abel Thiam, Seydou Guèye ou encore Pape Samba Diop, Mahmoud Saleh était l’un des plus présents et des plus remuants, ne ménageant aucun effort durant la campagne. Précisément au moment où « Macky » en avait le plus besoin.

Cette fidélité aura été récompensée. Le 12 septembre 2013, Mahmoud Saleh est promu au poste de Directeur du Cabinet politique du Président de la République avec rang de Ministre. « La juste récompense d’un engagement sans faille aux côtés du Président », tranche un ministre qui connaît bien les deux hommes.

Il concentre sur lui les jalousies

Mais ainsi exposé, Mahmoud Saleh concentre sur lui les responsabilités et… les jalousies. Inévitables à ce niveau-là du Pouvoir. On ne compte en effet plus les rumeurs annonçant qui une « rupture de confiance », qui un « divorce » entre le Président et lui. Les coups pleuvent. La plupart d’ailleurs viennent de son propre camp. Conseillers éconduits, ministres virés, membres du parti frustrés, etc., ils sont nombreux à voir en Mahmoud Saleh la source de leurs malheurs… Mais lui n’en a cure. Au contraire, il a toujours cherché à jouer l’apaisement, que ce soit avec Abdoulaye Wade (rencontré il y a quelques mois pour tenter d’apaiser les tensions) ou avec Mimi Touré (une « amie de 30 ans », avec laquelle il entretient les meilleures relations, ce qui est loin d’être le cas de tous au sein de l’APR).

Son prochain combat ? La réélection du Président

Quand bien même, pour Mahmoud Saleh, aujourd’hui, seul compte le Président et… sa réélection. Depuis plusieurs mois, il est de ceux qui, au sein de l’Alliance pour la république (APR) pressent le plus fortement les responsables des partis membres de la coalition « Benno Bokk Yaakaar », alliés au Président de la République, pour clarifier leur position. « Il est temps d’arrêter les tergiversations. La mise en place d’une coalition pour la réélection de Macky Sall en 2017, c’est maintenant et pas demain. Il faudra que chacun se détermine », a déclaré Mahmoud Saleh, le 18 décembre 2014. Avant d’ajouter, « il est également temps d’achever les consultations, de poser les actes pour mettre en place la coalition Macky 2035. On ne peut pas travailler avec quelqu’un, participer à son bilan et se retourner contre lui ». Question de principe. Mais surtout question de loyauté envers « son » Président.

Quelle que doive être, au final, l’attitude des uns et des autres lors de la prochaine élection présidentielle, une chose est sûre, Mahmoud Saleh sera fidèle au poste, en première ligne, aux côtés de Macky Sall. Et en très grande forme, tant sur le plan physique que politique. Le sphinx se relève toujours, plus vigilant que jamais.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News