
À Madagascar, le spectre d’une pollution marine plane sur la mer d’Émeraude, au nord de l’île, près de Diego Suarez. Un cargo malgache, l’Amory, s’y est échoué le dimanche 9 juin 2025, après une panne technique. Les autorités tentent de rassurer. Pourtant, les images et témoignages venus de Nosy Suarez montrent une réalité différente.
Des traces de fioul ont été vues sur les plages, ce qui inquiète habitants, pêcheurs et écologistes.
Une zone fragile et stratégique
La mer d’Émeraude n’est pas un lieu ordinaire. Ce lagon aux eaux turquoise, cerné par une barrière de corail, abrite une biodiversité exceptionnelle, avec ses tortues marines, poissons tropicaux et coraux multicolores. C’est aussi un moteur essentiel de l’économie locale, alimentée par la pêche artisanale et le tourisme. L’échouage du navire, long de plus de 120 mètres, ravive ainsi les craintes d’un désastre écologique dans cette zone protégée et très fréquentée.
Pollution démentie, mais fioul retrouvé
Officiellement, aucun dégât majeur n’est à signaler selon les autorités maritimes malgaches. Le ministère de l’Environnement affirme que le navire est stable, sans infiltration ni fuite apparente. Pourtant, des pêcheurs et touristes ont signalé la présence d’une pâte noire à l’odeur de fioul sur l’îlot Nosy Suarez, situé à quelques centaines de mètres du lieu d’échouement. Les habitants ont même commencé à nettoyer la plage par leurs propres moyens, face à ce qu’ils considèrent comme une menace directe à leur environnement et à leur santé.
Mesures de précaution, mais incertitudes persistantes
Par précaution, les autorités ont entamé le pompage des 20 tonnes de fioul contenues dans le cargo. Deux navires de pêche chinois basés à Diego Suarez devraient intervenir pour tenter de déséchouer le bâtiment, mais la date de cette opération reste incertaine. L’Agence portuaire maritime et fluviale précise que cela dépendra des résultats des expertises sous-marines et des conditions météo.
Cet incident rappelle tristement celui de 2014, lorsqu’un pétrolier s’était échoué presque au même endroit et avait provoqué une alerte similaire. Cette répétition soulève des questions sur la sécurité maritime dans une zone aussi précieuse qu’exposée.
Un appel à la transparence et à la prévention
Alors que les autorités continuent de minimiser l’impact de l’accident, plusieurs ONG appellent à une évaluation indépendante de la situation et à une meilleure régulation des routes maritimes dans les zones écologiquement sensibles. Pour les communautés locales, il ne s’agit pas seulement de sauver un paysage touristique, mais de préserver un écosystème vital pour leur survie.