Madagascar : Hery Rajaonarimampianina courtise les investisseurs à Paris


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Près de deux mois après son investiture, le président malgache Hery Rajaonarimampianina a choisi de venir en France après s’être rendu aux Etats-Unis pour présenter les potentialités économiques de son pays. Lors d’une conférence ce vendredi matin sur la Grande île, à Paris, il a tenté de convaincre investisseurs et bailleurs de fonds de revenir dans la grande île minée par plusieurs années de crises.

Un véritable challenge. Voilà ce que représentait pour Hery Rajaonarimampianina cette conférence à Paris sur la grande île, intitulée : Madagascar un potentiel à découvrir. D’ailleurs à la veille du Forum, il a rencontré le chef de la diplomatie française Laurent Fabius. Face à plusieurs dizaines de dirigeants d’entreprises, et de susceptibles bailleurs de fonds, le chef d’Etat malgache a tenté de convaincre qu’il est tout à fait possible d’investir dans son pays qui regorge de ressources naturelles, en toute sécurité. Très détendu, il a mis en avant la culture d’hospitalité des Malgaches, lançant à ses interlocuteurs : « Vous êtes nos invités », expliquant que chez lui l’étranger est considéré comme un invité avant tout.

Le dirigeant a ainsi exprimé sa volonté d’améliorer l’environnement des affaires, assurant qu’il réinstaurerai un Etat de droit, et ferait de la sécurité sa priorité. Il a également insisté sur le fait que le partenariat France- Madagascar date de plusieurs siècles et que la France sera toujours privilégiée dans le pays. « Les choses ont changé à Madagascar même si je comprend votre réticence à investir », a affirmé le chef d’Etat. « Le peuple malgache et ses dirigeants veulent tourner la page. L’hiver est passé et le printemps arrive en ce 21 mars », a-t-il ironisé, provoquant plusieurs éclats de rires dans la salle. Hery Rajaonarimampianina a également présenté les principaux secteurs porteurs dans son pays, dont le tourisme, qu’il tient à développer, ainsi que l’agriculture, le textile, la pêche… Il s’est dit prêt à mettre en oeuvre des formations professionnelles adaptés aux besoins des investisseurs.

Deux mois après son investiture, la course contre la montre a donc déjà commencé pour l’ancien poulain d’Andry Rajoelina, son prédécesseur, qui s’était installé au pouvoir après l’éviction de Marc Ravalomanana en mars 2009. Mais la transition mené par Andry Rajoelina, dont Hery Rajaonarimampianina était le ministre des Finances, n’a pas permis au pays de sortir de la crise. Au contraire, le gouffre dans lequel il s’est englué s’est creusé. Même la banque mondiale avait tiré la sonnette d’alarme, en indiquant dans un récent rapport que 92% des Malgaches vivaient en dessous du seuil de pauvreté. Une nouvelle preuve de l’augmentation de la misère dans le pays.

« C’est une affaire de 25 millions de Malgache »

Le quotidien de la population dans les zones rurales est d’autant plus déplorable. Le chef d’Etat a d’ailleurs assuré que l’une de ses priorités était de réduire le fossé qui existait entre les Malgaches du monde rural et urbain. Pour atteindre cet objectif, il veut construire des routes qui permettraient de désenclaver les zones les plus reculées du pays. Sans compter le mal logement qui prend de l’ampleur. Selon les experts, Madagascar aurait besoin de 950 000 logements, soit 175 000 par an. Le secteur de la santé est aussi est en grande difficulté. La grande île est l’un des pays qui compte le plus de mortalité infantile et maternelle.

A Madagascar tout est à faire donc. Certains candidats à la présidentielle, tels que Saraha Rabeharisoa, lors d’une interview accordée à Afrik.com, était même allée jusqu’à dénoncer un « génocide du peuple malgache ». D’autres n’hésitaient pas à évoquer un pays à « l’agonie ». Ou encore d’une économie moribonde. Les chantiers sont immenses dans la grande île où tout est à revoir. La nomination du Premier ministre est, elle, toujours attendue près de deux mois après sa prise de fonctions. Le président malgache a assuré que « ce sera pour bientôt. Je prépare tout ça dans la tranquillité et dans la réconciliation nationale », rappelant qu’« il y a quand même un gouvernement qui fonctionne déjà et qui fait l’interim ».

Le président malgache, qui avait affirmé à Afrik.com, que sa priorité était le sort des 20 millions de Malgaches, refuse toutefois de s’avouer vaincu. Malgré la situation catastrophique de la grande île, qui abrite 25 millions d’habitants. Il ne compte d’ailleurs pas relever l’île seul. Mais veut s’appuyer sur tous les Malgaches sans exception: ceux qui sont à l’intérieur du pays comme à l’extérieur. « C’est une affaire de 25 millions de Malgache », a-t-il encore rappelé. C’est important que les Malgaches puissent prendre leur part dans la reconstruction du pays ». Le message est alléchant. Mais pas sûr qu’il soit entendu par tous. Les années de crises politiques qui ont miné Madagascar sont encore dans les esprits. Et ne seront pas simples à effacer.

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