Madagascar : des élections sous le sceau de l’incertitude


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Les Malgaches sont appelés à choisir leur nouveau président dimanche prochain. Le président sortant, Marc Ravalomanana, qui a mis toutes les chances de son côté pour remporter ce scrutin, devra faire face à une rude concurrence.

Les Malgaches s’apprêtent à voter le 3 décembre prochain pour élire leur futur président. Pour beaucoup, le désir de changement prime dans un pays où 70% des habitants vivent avec moins d’un dollar par jour. Qui l’incarnera le plus ? Ces élections présidentielles devraient se jouer entre six candidats sur les 14 inscrits au départ. Parmi eux, le président sortant, Marc Ravalomanana, que ses opposants accusent d’avoir « trusté » l’économie malgache et que l’on a tenté de renverser le 17 novembre dernier. Au nombre de ses challengers, on compte pêle-mêle, l’ancien président de l’Assemblée nationale, Jean Lahiniriko considéré au début de la campagne comme le concurrent le plus sérieux de M. Ravalomanana, Roland Ratsiraka, le maire de Toamasina et le neveu de l’ancien chef de l’État Didier Ratsiraka, Norbert Lala Ratsirahonana, l’ancien Premier ministre et chef d’Etat par intérim. Elia Ravalomanantsoa, l’unique candidate à la magistrature suprême et Herizo Razafimahaleo, le leader du Libéralisme économique et action démocratique pour la reconstruction (Leader fanilo), figurent également sur la liste des candidats sérieux à la succession de Marc Ravalomanana. M. Razafimahaleo a été le seul candidat à s’adresser aux Malgaches de l’étranger par visioconférence et est à l’origine d’un système qui permettra de récolter par SMS ses voix et celles de Marc Ravalomanana, son plus important adversaire selon ses partisans.

Une campagne inégale

Antananarivo devrait être la dernière escale de tous les candidats au scrutin présidentiel au terme d’une campagne décevante pour Franck Ramarosaona, proche de l’actuel Premier ministre malgache Jacques Sylla et qui se définit lui-même comme un « analyste et observateur en matière politique ». « Je suis complètement déçu, a-t-il confié à Madagascar Tribune dans un entretien publié en ligne ce vendredi, car on n’est pas entré au fond des problèmes de la société malgache, il n’y a pas de projet de société. On est en face d’une campagne de publicité où ceux qui ont les gros moyens peuvent acquérir le marché et on traite le citoyen comme un vulgaire consommateur de bien. Il a souhaité que « les candidats s’affrontent sur des idées ».

Si les Malgaches n’ont pas eu droit à un débat d’idées, ils n’ont pas non plus assisté à une campagne présidentielle très égale. La candidate Elia Ravalomanantsoa regrettait, à la veille de l’ouverture de la campagne présidentielle, que le président malgache ait disposé de plusieurs mois, via les médias d’Etat, pour faire campagne alors qu’eux ne disposeraient que de 21 jours. De même, Norbert Ratsirahonana, qui comme tous les candidats souhaitent mettre un point final à sa campagne dans la capitale malgache, n’ a pas reçu l’autorisation de la commune urbaine. Au motif que « outre le souci d’ordre public, les 50 véhicules prévus pour le déplacement risquent de provoquer des embouteillages ». Ce à quoi il a répondu en s’interrogeant sur l’incidence sur la circulation du « meeting du président candidat à Mahamasina ». « Il y a deux poids, deux mesures, a-t-il poursuivi. A-t-on peur de Ratsirahonana ? »

Plus d’une centaine d’observateurs étrangers

En dépit de sa prorogation, certains candidats, comme Monja Roindefo, ont dénoncé le délai de 4 jours qui avait été accordé pour déposer les bulletins de vote dans les communes. « Nous ne pouvons pas rejoindre les mille cinq cent soixante-dix communes en quatre jours. Même le candidat d’Etat n’arrive pas à le faire », s’est insurgé son directeur de campagne. N’ayant pas réussi à déposer ses bulletins à temps dans les bureaux de vote, Monja Roindefo ne participera donc pas aux élections de dimanche prochain, ramenant le nombre des candidats à 13.

Plus de 14 000 observateurs, dont 128 internationaux, sont présents sur le territoire malgache pour couvrir ces élections anticipées. Des représentants de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), de la Suisse, du Japon et de l’Union européenne, contrairement aux élections de 2001, assisteront au scrutin. De même que la mission de l’Institut électoral de l’Afrique australe (EISA), une ONG sud-africaine dirigée par l’ancien Premier ministre mauricien, Paul Bérenger. Elia Ravalomantsoa et Roland Ratsiraka avaient souligné l’importance de la présence de ces observateurs pour des élections que la première juge à haut risque pour son pays. L’Union européenne a d’ailleurs invité les candidats à la présidentielle à respecter « les principes de base d’un scrutin libre, équitable et transparent ». Ce qu’espèrent aussi les Malgaches, largement déçus par le régime de Marc Ravalomanana qui incarnait en 2001, lorsqu’ils l’ont porté au pouvoir, tous leurs espoirs.

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