Macron – Le Pen : l’élection présidentielle française vue d’Algérie


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Alors que les Algériens s’apprêtent à voter pour élire leurs députés dans un certaine indifférence, le pays se passionne pour l’élection présidentielle française. Le débat télévisé entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron y a été très suivi et commenté.

Ce jeudi 4 mai, jour d’élection en Algérie est une journée chômée et payée afin que chacun puisse aller voter. Mais le beau temps a peut-être incité bon nombre d’Algériens à prendre un long week-end férié pour aller au bord de mer, leur laissant aussi le temps de suivre l’élection présidentielle française de dimanche qui les passionne davantage.

Il faut dire que les deux candidats français en lice ont, chacun à sa façon, fait parler d’eux en Algérie pendant la campagne. C’est d’abord Emmanuel Macron qui, en visite en Algérie mi-février avait déclaré que la colonisation « est un crime. C’est un crime contre l’humanité. C’est une vraie barbarie, et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l’égard de celles et ceux vers lesquels nous avons commis ces gestes ». Une déclaration qui avait été très bien accueillie de ce côté de la Méditerranée mais qui, en France, avait été très critiquée par ses adversaires, en particulier par les soutiens de François Fillon et de Marine Le Pen.

Emmanuel Marcon de préciser ensuite « il y a une jolie formule qui vaut pour l’Algérie : « La France a installé les Droits de l’Homme en Algérie, simplement elle a oublié de les lire. C’est une jolie formule pour expliquer ce qu’est cette période, c’est-à-dire qu’il y a eu des crimes terribles, il y a eu de la torture, il y a eu de la barbarie – parce que la colonisation est un acte de domination et de non-reconnaissance de l’autonomie d’un peuple. Mais en même temps, je ne veux pas qu’on tombe, tout en reconnaissant ce crime, dans la culture de la culpabilisation sur laquelle on ne construit rien ».

Marine Le Pen a aussi parlé de l’Algérie et de la colonisation, mais avec une approche radicalement opposée, considérant lors d’une interview sur BFM TV – RMC le 19 avril 2017, que la colonisation avait beaucoup apporté à l’Algérie a déclaré la candidate FN  : « Le FN a soutenu de toutes ses forces les rapatriés de l’Algérie. Je défends les harkis, les rapatriés, je pense qu’ils ont été maltraités, mal accueillis dans leur pays, les harkis ça a été encore pire, ils ont été mis dans des camps dans des conditions épouvantables  », a indiqué Marine Le Pen.

Et d’enchaîner : « Moi je pense, et chacun d’ailleurs qui est de bonne foi admet, que la colonisation a beaucoup apporté, notamment, puisqu’on parle de l’Algérie, à l’Algérie : des hôpitaux, des routes, des écoles… Même des Algériens qui sont de bonne foi l’admettent ». Une sortie qui avait beaucoup choqué en Algérie et dans l’ensemble des anciennes colonies françaises

Le débat de mercredi soir entre les deux prétendants à la Présidence française était donc très attendu, et une nouvelle fois, la candidate du Front National a choqué son auditoire en revenant, de façon inattendue, sur les propos d’Emmanuel Macron concernant la colonisation :« Est-ce que vous ne croyez pas que vous avez, vous, une part de responsabilité dans la haine qui se développe chez un certain nombre de jeunes ? Quand vous allez en Algérie pour accuser la France de crime contre l’humanité, c’est-à-dire le crime le plus grave qui puisse exister. Comment vous étonnez-vous que certains jeunes disent pourquoi on ne vient pas lui faire payer son crime ? Ne croyez-vous pas que vous avez une responsabilité considérable lorsque vous tenez ce genre de propos ?  ». Une accusation grave tant vis-à-vis du candidat d’En Marche que pour les jeunes Français d’origine algérienne qui deviennent tous des terroristes potentiels.

Au final, le débat d’entre deux tours entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen a été d’une brutalité inédite relevée par l’ensemble de la presse, avec bien peu de hauteur de vue et très loin de l’enjeu attendu par les spectateurs. Mais dont Emmanuel Macron ressort malgré tout vainqueur pour la plupart des analystes.

Un sujet de discussion pour les Algériens ce week-end, en attendant les résultats, probablement sans surprise, des élections législatives, dans ce pays d’Afrique du Nord.

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