Lutter contre le gaspillage alimentaire


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Le rassemblement mondial des Communautés de la nourriture a lieu au Salone del Gusto et Terra Madre, du 25 au 29 octobre, au Centre des Expositions Lingotto de Turin, en Italie. Cet événement biennal organisé par Slow Food, la ville de Turin et la Région Piémont en collaboration avec le Ministère italien des Politiques agricoles, alimentaires et forestières, sera l’occasion de mettre en lumière l’extraordinaire diversité des aliments de tous les continents et de réunir les petits agriculteurs et artisans du monde entier, qui suivent les principes d’une production bonne, propre et juste.

Tel était le titre de la conférence animée par Francesco Mele, éducateur et président de l’association italienne Ecoquartieri, et qui s’est tenue à Salone del Gusto et Terra Madre 2012 dimanche 28 octobre. Après avoir rappelé au public des chiffres clés tels que les 95 kg de nourriture gaspillés chaque année par citoyen européen, il a invité le panel d’experts à partager leur vision sur le sujet.

Stefano Masini, directeur de l’environnement chez Coldiretti (Italie), a noté que la crise économique actuelle pouvait avoir un effet mécanique positif sur le gaspillage alimentaire généré, les gens achetant moins et faisant plus attention à ce qu’ils jettent. Il a aussi introduit l’idée que dans les dernières décennies le but poursuivi était la croissance du PIB, celle-ci créant paradoxalement une hausse du gaspillage. Mais qu’en est-il du bonheur, a-t-il interrogé le public, a-t-il bénéficié de la même dynamique ? « Il faut redonner sa valeur à la nourriture. » a-t-il conclu.

Après avoir expliqué les trois directions de réduction du gaspillage sur lesquelles le distributeur italien Conad travaille (taille et emplacement des magasins, énergie et éducation alimentaire des clients), Mauro Lusetti, son directeur général, a partagé les premiers chiffres du projet démarré dans une vingtaine de magasins Conad avec Last Minute Market depuis un an. 124 tonnes d’aliments présentant des défauts d’emballage ou d’étiquette et destinés à la poubelle ont pu être récupérés, permettant ainsi de créer 500 000 repas. Il a ajouté espérer que le nombre de points de vente participants augmente dans le futur.

Ursula Hudson, la présidente de Slow Food Allemagne, a enrichi la conférence d’une autre perspective : le gaspillage dû aux standards esthétiques imposés sur les légumes. A l’occasion d’évènements festifs organisés par l’assocation depuis septembre 2011, des bénévoles récupèrent des légumes destinés à la poubelle tels que betteraves fendues ou carottes aux formes ‘’non-conventionnelles’’ auprès de maraîchers des environs, pour la plupart bios. Rejoints ensuite par beaucoup d’autres mains bénévoles et avec l’aide du chef activiste Wam Kat, ils préparent des banquets pour des milliers de personnes. « Ces évènements à la fois tangibles et festifs permettent de rappeler aux participants la valeur de la nourriture. » a conclu Hudson. Plaisir et responsabilité, la recette en laquelle Slow Food croit.

Le dernier à prendre la parole fut le fondateur de Last Minute Market et professeur de l’Université de Bologne, Andrea Segrè. Il a souligné l’idée que gaspillage alimentaire veut également dire gaspillage de ressources au renouvellement long telles que sol, eau et énergie. Il a fait écho aux propos de Masini et Hudson sur la valeur de la nourriture et questionné la part du budget des ménages consacrée à l’alimentation qui n’a fait que décroître ces dernières décennies pour atteindre 18% aujourd’hui. Une augmentation de cette part à 21% par exemple, en renonçant à d’autres dépenses moins essentielles, ne serait-elle pas le moyen de payer un prix plus juste pour notre nourriture et lui redonner de la valeur ? Il a conclu en insistant sur le fait que, si Last Minute Market est une solution efficace pour récupérer des aliments destinés à la poubelle, beaucoup de choses restent à faire en amont afin de limiter la création de ce gaspillage. C’est l’objectif de « Zero Waste » (« Zéro Gaspillage »), un projet sur lequel il travaille avec l’Union Européenne. Une des premières étapes est une charte listant des actions très concrètes dans 10 domaines et qui peuvent être implémentées par les institutions locales. La ville de Turin, qui a signé cette charte pendant la conférence, sera donc en mesure de mettre en place des changements comme ceux recommandés sur le sujet de l’étiquetage des produits.

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