Lucas Le Bell, Interview : « L’Afrique est aussi vulnérable face aux drones »


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Lucas Le Bell
Lucas Le Bell

Les drones offensifs représentent une menace réelle pour la paix dans le monde. Lucas Le Bell, jeune entrepreneur français, a mis au point une technique de lutte contre ces engins dangereux. Il répond aux questions d’Afrik.com.

Entretien

Afrik.com : Qu’est-ce qui vous amène à vous soucier ou préoccuper de la lutte contre les drones ?

Lucas Le Bell : Les drones constituent une innovation extraordinaire car ils apportent un réel progrès dès lors qu’ils sont bien utilisés. En revanche, entre de mauvaises mains, ce nouvel outil pose de graves problèmes sécuritaires car il confère à n’importe qui des capacités offensives pointues tout en garantissant leur impunité. Sans surprise, le drone est en train de devenir simultanément l’outil de prédilection des acteurs malveillants et le missile du pauvre. Face à cette situation, nous devons protéger les populations et les actifs économiques contre les nouvelles menaces portées par les drones. Ce faisant, nous posons des garde-fous autour du développement de cette technologie afin de permettre la réalisation de tout son potentiel bénéfique.

Quels sont les types d’agressions potentielles de la part des drones ?

Il en existe 4 types :

– le risque d’espionnage puisque la majeure partie des drones transporte au moins un capteur optique. De nouveaux drones capables de mener des attaques cyber commencent également à faire leur apparition

– le risque d’attaque par emport de charge explosive ensuite larguée ou amenée au contact de la cible dans le cas d’un drone suicide. De telles attaques sont régulièrement conduites à l’encontre de VIP, de cibles militaires ou d’infrastructures sensibles.

– le risque d’acheminement de contrebande au-delà des frontières et au sein des établissements pénitentiaires

– le risque de collision avec le trafic aérien déjà saturé aux abords des aéroports menaçant de provoquer le crash d’un appareil

Dans tous les cas, le drone pose problème car il est accessible à n’importe qui, facile d’emploi, peu coûteux donc sacrifiable dans une attaque « kamikaze » et assure l’anonymat donc l’impunité de l’attaquant.

Quelles sont les réponses que vous apportez et l’originalité de votre technique ?

Notre entreprise CERBAIR, leader français dans la Lutte Anti Drone, a développé une suite de solutions technologiques, dites de « guerre électronique », capables de protéger n’importe quel type de site sensible. Nos solutions, semblables à du matériel de télécommunications comprenant capteurs, antennes et effecteurs, se déploient sur le toit d’un site sensible, et surveillent l’usage des communications radiofréquences environnantes. Dès l’allumage d’un drone et de sa radiocommande, nos systèmes détectent l’émission radiofréquence, localisent la machine ainsi que son pilote puis émettent une interférence électromagnétique capable de clouer le drone intrus au sol afin d’empêcher son attaque.

Quels sont les pays d’Afrique auxquels vous pensez proposer en priorité vos solutions anti-drone ?

En Afrique comme ailleurs, nos solutions s’adressent à tout type de client, qu’il soit civil ou militaire, dans le respect des règles du contrôle export qui régissent nos ventes à l’international, compte tenu du caractère sensible de tels matériels. Cela étant dit, nous tentons de privilégier les pays en conflit avec des groupes rebelles faisant régulièrement usage de drones ou dont l’exploitation des ressources hydrocarbures est un grand enjeu économique menacé d’attaques terroristes et vulnérable face aux drones.

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