Libye : qui a tué le général Younès?


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La famille du général Abdel Fattah Younès, ancien chef d’état-major des rebelles libyens réclame la vérité sur son assassinat. Des proches de la rébellion soupçonnent les cellules dormantes de Kadhafi d’avoir tué le général. De son côté, le camp du dirigeant libyen accuse Al-Qaïda.

La famille du général Abdal Fattah Younès veut des explications. Elle serait prête à faire appel à la Cour pénale internationale (CPI) si le conseil national de transition (CNT), organe politique des rebelles libyens, ne parvenait pas à élucider les circonstances du meurtre de l’ex-chef d’Etat major de son armée, a déclaré l’un des fils du général assassiné, Mouatsem Abdel Fattah Younès.

Vendredi, le CNT a annoncé avoir « nommé une commission d’enquête » pour faire toute la lumière sur cet assassinat. Mais la famille du défunt ne semble pas convaincue. « La commission d’enquête n’a pas encore été formée, aucune décision n’a été prise sur les personnalités qui la composeront », a déclaré dimanche soir Mohamed Hamed Younès, un neveu du défunt. Washington également presse le CNT d’éclaircir les circonstances de la mort du général Younès et dit attendre « avec impatience les résultats » du travail de la commission d’enquête.

Controverse

Abdel Fattah Younès a été abattu jeudi par un groupe armé alors qu’il avait quitté le front pour se rendre à Benghazi, fief des insurgés. Il y avait été convoqué par des juges militaires qui souhaitaient l’interroger sur des questions militaires. Son corps a été retrouvé le lendemain criblé de balle et partiellement calciné dans les faubourgs de la capitale des rebelles. Les circonstances exactes de l’assassinat de l’ancien ministre de l’Intérieur de Mouammar Kadhafi, qui a rejoint la rébellion en février demeurent flou et suscitent la controverse.

Certains responsables du CNT ont évoqué l’hypothèse de l’infiltration de partisans pro-Kadhafi parmi les rebelles. Soixante trois personnes soupçonnées d’avoir des liens avec le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi ont été interpellées dimanche à Benghazi, a annoncé Moustapha al-Sagazly, un porte-parole des rebelles. Ces arrestations ont été menées alors qu’une brigade du ministère de l’Intérieur des rebelles avait déclenché un raid pour retrouver des partisans de Mouammar Kadhafi, échappés des prisons et suspectés d’être responsable de l’assassinat d’ Abdel Fattah Younès. Cette piste des pro-Kadhafi est partagée par le philosophe français Bernard-Henri Lévy très proche de l’opposition libyenne. Ce sont des hommes de Kadhafi infiltrés autour de Benghazi qui auraient tué le général Younès, pense-t-il. « On le saura dans les jours qui viennent, on en aura la confirmation, le général Younès a été assassiné (…) par des cellules dormantes de Kadhafi à Benghazi », a-t-il déclaré ce mercredi.

Cependant, d’autres responsables du CNT ont évoqué la piste des miliciens proches de la rébellion. Alors qu’ils escortaient le général vers Benghazi, ceux-ci l’auraient tué en chemin.

De son côté, le camp Kadhafi a accusé Al-Qaïda. « Par cet acte, Al-Qaïda voulait marquer sa présence et son influence dans cette région », a déclaré vendredi soir au cours d’une conférence de presse, le porte-parole du régime libyen, Moussa Ibrahim.  » Les autres membres du Conseil national de transition étaient bien au courant mais ne pouvaient pas réagir parce qu’ils sont terrifiés par Al-Qaïda », a-t-il ajouté.

La rébellion a décrété trois jours de deuil suite à la mort du chef d’état major de son armée. Près de mille personnes ont participé vendredi aux funérailles d’Abdel Fatah Younès à Benghazi.

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