Libye : les migrants subsahariens toujours torturés en prison


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Les migrants subsahariens en situation irrégulière emprisonnés en Libye sont détenus dans des conditions inhumaines, dénonce Amnesty international dans son nouveau rapport. Régulièrement battus par les gardiens de prisons, ils manquent d’hygiène, de nourritures et n’ont aucune idée du sort qui leur sera réservé.

Si la vie des Libyens a été chamboulée depuis la chute du colonel Kadhafi, celle des migrants subsahariens n’a pas changé d’un iota. Ces derniers victimes de violences et de discriminations sont toujours la cible d’arrestations arbitraires, selon le dernier rapport d’Amnesty international.

Ceux en situation irrégulière, emprisonnés, vivent un véritable enfer, note l’organisation de défense des droits de l’Homme. C’est le cas de ce Nigérian de 42 ans, incarcéré depuis août 2011. Il a confié à Amnesty international comment, une nuit d’août 2011, un groupe d’hommes armés en tenue militaire, est entré chez lui sans présenter de mandat et l’ont frappé à coups de bâton et de crosse de fusil. Ils lui ont ensuite tiré une balle dans la jambe. Une fois en détention, il a de nouveau été battu. Il a aussi raconté comment, une nuit de décembre 2011, il a été traîné hors de son lit par un groupe de gardiens, menotté, suspendu à un portail métallique et frappé à coups de tuyaux. Jusqu’à présent, il ne peut toujours pas s’entretenir avec sa famille. « J’ai vécu et travaillé dans de nombreux pays, mais la Libye aujourd’hui est pire que tout . Ici, on ne sait pas qui appartient à la police ou aux bandes armées, et il n’y a personne pour vous aider », a-t-il affirmé.

Périple de la mort

Le cas de ce détenu nigérian qui croupit toujours en prison est loin d’être isolé. Dans un autre centre de détention, un détenu tchadien a également été torturé en prison. Il a montré son dos couvert de cicatrices à Amnesty international. Selon lui, ces blessures résultaient de coups de bâton et de tige métallique datant de mars 2012. Il a expliqué que c’était sa punition pour avoir essayé de s’échapper. Ses codétenus ont également expliqué que les gardiens les frappent parfois pour des « fautes » telles que solliciter des soins médicaux, se plaindre du manque d’hygiène ou demander ce qui va leur arriver, note Amesty international. Pis, un groupe de détenu a même raconté à Amnesty international qu’un migrant nigérian avait été battu à mort début mai 2012.

Malgré ces conditions de vies inhumaines, de nombreux migrants continuent à affluer dans le pays. Ils passent souvent par le sud de la Libye, par la région de Sebha ou Koufra. Leur périple est souvent très dangereux. Certains ont affirmé à Amnesty International avoir été abandonnés au milieu du désert par des passeurs. Sans boussole, à des kilomètres de la ville la plus proche, ils ont été obligés de terminer leur trajet à pied sous un soleil ardent.

Esclavage moderne

Les centres de détention pour migrants ne sont pas sous le contrôle du gouvernement libyen. Certains de ces centres sont dirigés par des milices armées. Ces dernières proposent parfois aux migrants un travail pour lequel ils perçoivent une rémunération moindre. Mais parfois on les place sous la responsabilité d’un employeur libyen après les avoir libérés. Certains d’entre eux ont affirmé à Amnesty international ne pas être payés ou bien recevoir un salaire inférieur à ce qui leur avait été promis. Un représentant des autorités à Benghazi a reconnu que les centres de détention pour migrants en situation irrégulière étaient devenus un « business ».

Un Camerounais de 24 ans, en Libye depuis trois mois, a raconté en effet que deux semaines après son arrivée en Libye, un groupe d’hommes armés vêtus en civil l’ont arrêté pour être entré dans le pays sans visa. Incarcéré depuis lors, il a indiqué qu’on le force à travailler en détention. Chaque jour, il doit accomplir diverses tâches, notamment décharger des munitions. De même, un Malien se trouvant au même centre de détention s’est décrit comme un « esclave des temps modernes », forcé à travailler, victime d’insultes à caractère raciste et frappé pour avoir « désobéi » à ses geôliers.

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