Les vols à l’arrachée, nouveau casse-tête des Sénégalais


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Moto sur le trottoir
Moto sur le trottoir

C’est à croire qu’il existe un championnat pour les vols à l’arrachée au Sénégal, tellement le phénomène prend de l’ampleur dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. Il ne se passe pas un seul jour sans que les postes de police et de gendarmerie ne soient pris d’assaut par des plaignants venus déclarer des objets perdus suite à un vol commis par des personnes à moto.

Les motos Jakarta, nom donné à ces engins motorisés de fabrication chinoise et qui pullulent un peu partout au Sénégal, ont fini d’installer la tourmente dans ce pays aux 17 millions d’habitants. Dans des régions comme Kaolack ou Thiès, ce sont les cas de vols à l’arrachée commis par les conducteurs aidés d’un ou de deux passagers qu’ils transportent, qui hantent le sommeil des citoyens. «Ils préfèrent se mettre à trois sur une moto à deux pour mieux commettre leur forfait. Là, ils ont plus de chance de réussir leur acte, car l’un d’eux pourra facilement arracher l’objet à subtiliser lorsqu’ils passent à côté de leur victime», nous explique cet ancien officier de police à la retraite.

Stylo bleu et feuilles blanches sous la main, ce septuagénaire qui a requis l’anonymat se charge, comme tant de ses pairs, de recueillir les dépositions des plaignants victimes de vols parfois suivi d’agression. Installé non loin du Commissariat central de Thiès, il en reçoit du monde au quotidien. «C’est à croire que le vol à l’arrachée est devenu un travail pour nombre de Sénégalais. Tellement j’en reçois des plaignants. Et figurez-vous, ils sont nombreux ceux qui ne viennent pas porter plainte, préférant abandonner toute poursuite qu’ils considèrent sans suite», poursuit notre interlocuteur, les yeux cachés par des lunettes de soleil.

«Ils sont souvent organisés en bandes criminelles»

«Calmez-vous madame, je vais recueillir votre déposition. Il y a des chances que l’on retrouve votre téléphone», lance-t-il à une dame qui venait de se pointer, les larmes aux yeux. Elle venait à peine de se faire arracher son portable, alors qu’elle échangeant tranquillement tout en traversant la route, devant l’école Clémenceau. «Pourtant, je les ai vu venir. Ils étaient trois sur la moto et ils m’ont fait signe de traverser la route. Je ne pouvais pas me douter que c’est pour guetter que je tourne le dos pour ensuite m’arracher mon téléphone. C’est dégoûtant ! », peste la dame, bien dépigmentée, foulard juste posé sur la tête.

Des cas comme elle, «j’en recevrai encore et encore», nous dit cet ancien policier. Pourtant, assez souvent, la police parvient à mettre la main sur le voleur ou même le receleur. Car ils sont souvent organisés en bandes criminelles. Mais curieusement, ils ne se découragent jamais. Puisqu’on continue, comme vous pouvez le constater, de recevoir des plaintes contre X à la pelle. Preuve que ces malfrats ne se découragent pas». Heureusement que les forces de sécurité ne se découragent pas non plus. A l’intérieur de la police, trois personnes interpellées suite à de tels agissements sont en garde à vue, en attendant d’être déférées devant le Procureur.

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Journaliste pluridisciplinaire, je suis passionné de l’information en lien avec l’Afrique. D’où mon attachement à Afrik.com, premier site panafricain d’information en ligne
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