
Plus les conditions de vie deviennent précaires, plus les populations africaines en général et camerounaises en particulier, réfléchissent pour leur survie. Tenez, de nos jours, il n’y a aucune association, qu’elle soit religieuse, politique, familiale, ou en entreprise, qui en son sein, n’a pas instauré une ou deux tontines, qui peuvent être quotidiennes, hebdomadaires, mensuelles, trimestrielles ou semestrielle.
Pour son bon déroulement, les membres volontaires et mêmes capables de l’association, se fixent un montant qui varie de 100 à plus d’un 1.000.000 FCFA, arrêtent également la périodicité, le classement pour les bénéficiaires, les pénalités en cas d’échec et le partage des frais de pénalité en fin de tontine. En dehors, de l’argent en espèce, il y a aussi la tontine huile + savon, les ustensiles de cuisine, les appareils managers, les ordinateurs, les meubles, les tickets de voyage, l’achat de terrain aux membres à tour de rôle…
Des prêts bancaires hors de portée
Pour Daniel T., conducteur de moto, « les tontines sont les bienvenues dans notre pays. Elles nous permettent aux participants, de résoudre leurs problèmes sans gêne. Elles sont pour moi une source de motivation dans mon travail. Depuis que je fais les tontines, la ration dans ma famille, la scolarité des enfants, les problèmes de santé, les cas de joie et de malheur, sont assurés avec promptitude ».
« Les prêts en banque n’étant pas favorables à toutes les couches de la population, les tontines sont venues combler ce vide, malgré son lot de problèmes (les échecs répétés de certains participants, les plaintes adressées aux déserteurs, etc. Néanmoins, elles permettent à toute personne, quelque que soit son rang social, à subvenir à ses besoins, mêmes les plus basiques. Elles permettent également aux populations de ne pas croiser les bras, je veux dire de mener une activité aussi minime qu’elle soit. Quand je sais que j’ai déjà bénéficié ou pas encore bénéficié une tontine, je dois me battre pour ne pas échouer, car les pénalités sont les garde-fous ou une forme de contrat pour cette épargne collective », déclare la vendeuse Irène K…
« Les tontines m’ont rendu très heureux »
« Si j’ai un établissement scolaire aujourd’hui, c’est grâce aux différentes tontines auxquelles je participe. Après avoir bénéficié trois tontines en un an, j’ai acheté une maison, je l’ai transformée en immeuble, R+3, ensuite, j’ai monté un dossier pour l’ouverture d’un établissement scolaire secondaire, enfin, j’ai procédé au recrutement du personnel. Les tontines m’ont rendu très heureux, car à travers elles, j’ai pu réaliser l’un de mes projets de rêve », indique Félix W., propriétaire d’un collège.
« Si conseils je peux prodiguer aux populations : Menez une activité aussi minime qu’elle soit. Faites les tontines, c’est une très bonne chose ! Mais être honnête en y participant, et avoir un projet bien ficelé, est encore meilleur. Retenons ceci ! Comme l’argent te plaît, ça plaît aussi à l’autre ! », conclut-il.