Les pays afro-arabes divisés face à Israël


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Golfe arabo-persique
Vue satellite de la région du golfe arabo-persique

Le président égyptien, Hosni Moubarak accueillait les principaux acteurs du conflit israélo-palestinien à Charm El-Cheikh. Emergence d’une position du Monde arabe africain dans un conflit complexe ? Rien n’est moins sûr.

L’Egypte, en prenant une part active dans le conflit israélo-palestinien au travers de la rencontre de Charm El-Cheickh s’impose comme un interlocuteur de poids. Dès lors est-il pertinent de s’interroger sur une position du Monde arabe africain ? Notamment en ce qui concerne la cause palestinienne. Certaines manifestations en Tunisie, au Maroc peuvent constituer un début de réponse.

Deux tendances claires

Les signes extérieurs de soutien des pays arabes africains ramènent à « deux tendances » souligne Kamal Tarabey, journaliste à Radio Monte-Carlo (RMC), division Moyen-Orient. L’une renvoie à la position de la Tunisie, de l’Egypte, du Maroc et de la Mauritanie, qui prône « la reprise des négociations et l’arrêt des violences ». L’autre, plus dure, est celle adoptée par la Libye « jusqu’au-boutiste » et, plus modérément, par l’Algérie.

Le président Ben Ali, repris par le quotidien tunisien La Presse, s’exprimait en effet en faveur d' »une solidarité concrète et solide » aux palestiniens : jeudi 12 octobre, la Tunisie affrétait un avion ayant pour destination les territoires occupés. A son bord, se trouvaient des médicaments et des denrées alimentaires. Un soutien explicite, du moins sur un plan humanitaire, largement repris par d’autres pays. Le 13 octobre dernier, le Maroc rappelait son représentant à Tel-aviv « pour consultations ». Une réaction diplomatique qui rompt quelque peu avec le profil modéré adopté jusqu’alors envers Israël.

Plus belliqueuse, la Libye, rejointe par le Yémen, proposait « de faire la guerre à Israël à partir des territoires égyptien, libanais, jordanien ou syrien ». Une position sans grand poids. La position algérienne, plus tempérée, s’inscrit toutefois dans une logique de rupture avec Tel-Aviv. Logique qui prendrait le relais d’un « sentiment de révolte » (dixit Kamal Tarabey) que partagent les populations arabes, venant parfois contredire les orientations de leurs gouvernements. Pour preuve : l’intervention musclée des forces de l’ordre en Egypte à l’occasion de manifestations réclamant la poursuite de l’Intifada.

L’illusion d’une position afro-arabe

Que dire d’une position africaine, quand Abdellatif Mansour dans Maroc Hebdo International titre « Les arabes sortent du coma », fustigeant la passivité des pays arabes. « Vraiment extraordinaire ce sommet. Une rencontre d’extrême urgence qui se tiendra 24 jours après le déclenchement du massacre de la population civile de Gaza, 13 jours après le centième enfant palestinien tombé sous les balles de l’armée israélienne », ironise le journaliste

Et de noter l’emprise de Washington sur les pays arabes par une pessimiste prophétie sur l’issue du prochain sommet de la ligue arabe des 21 et 22 octobre prochains : « Il y a fort à parier qu’au Caire, on palabrera, on publiera un beau communiqué plein de sagesse outrée et d’indignation solidaire, sous la supervision bienveillante de Washington. »

Par ailleurs, rajoute Kamal Tarabey, « il n’est pas pertinent de parler d’une position afro-arabe dans la conflit palestinien » dans la mesure où celle-ci ne diffère pas vraiment de celle des autres pays arabes. Et de citer en exemple l’échec de l’Union du Maghreb arabe, « incapable de s’exprimer d’une seule voix » sur les questions politiques et économiques qui traversent la région.

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