Les Centrafricains célèbrent Noël la peur au ventre


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Alors que tout le continent fourmille d’idées pour passer un réveillon inoubliable, l’heure n’est pas à la fête en Centrafrique où la situation peut dégénérer à tout moment. C’est avec la peur au ventre que les populations vont tenter de faire le réveillon à la hâte, avant les douze coups de 18 heures, début du couvre-feu.

Partout en Afrique, on se prépare déjà à passer un réveillon inoubliable. Les boutiques des grandes mégalopoles grouillent de monde pour effectuer les courses de dernière minute. Cette année, c’est un Noël bien triste que les Centrafricains vont tenter de célébrer, à Bangui, la capitale, tant le pays est troublé.

« Les gens ont la peur au ventre »

« La fête n’est pas envisageable aujourd’hui en Centrafrique. La majorité de la population est très très inquiète », affirme Samuel, jeune homme de 25 ans. « Comment envisager Noël dans ces conditions ?, s’interroge le jeune homme. Alors que la situation peut dégénérer à tout moment, le risque de mourir d’une balle perdue est réelle ». Comme la majorité des Centrafricains à Bangui, lui-même est en ce moment retranché chez lui, avec sa maman et ses frères cadets qu’il a à sa charge. « Plus rien ne fonctionne dans le pays ! Les boutiques, les banques, les magasins sont fermés. Les salaires ne sont plus versés ».

« Les gens ont la peur au ventre », affirme pour sa part ce responsable religieux chrétien, père de 7 enfants, dont l’église a été fermée pour raison de sécurité, comme beaucoup d’autres d’ailleurs. Il a, lui, décidé de passer le réveillon avec les membres de sa famille à prier pour que la paix et la sécurité reviennent dans le pays. Mais la cérémonie aura lieu avant le couvre-feu, c’est-à-dire 18 heures.

« Mes enfants n’auront pas de jouets »

Yvan Baguida, chef d’entreprise en informatique, qui a dû mettre pour le moment la clé sous la porte, après des pillages au sein de sa société, tente de garder le moral, malgré la crise que connaît son pays. Le quarantenaire encadre des jeunes au sein du mouvement des jeunes chrétiens et travaille actuellement bénévolement dans un restaurant, en attendant que l’ordre soit rétabli dans le pays. « Nous allons nous réunir dans la journée, avant la fin du couvre-feu pour manger et prier. Nous allons célébrer Noël mais tristement », déplore-t-il.

Malgré la crise qui mine son pays, ce père de famille de six enfants a, pour sa part, décidé de « célébrer Noël mais avec les moyens du bord ». Seulement, il a prévenu ses enfants qu’ils n’auront pas de jouets cette année comme les précédentes, où il venait les déposer sur leur lit, durant leur sommeil, car la situation est très complexe actuellement. « Mais lorsque la paix reviendra dans le pays, je leur achèterai leurs jouets et les déposerai au pied de leur lit », confie-t-il.

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