Les Algériens croulent sous le stress


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Une enquête menée récemment par le Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (CREAD) montre que les femmes sont les plus touchées par le stress en raison de leurs nombreuses responsablités. Selon le CREAD, la première cause du stress en Algérie est liée à la persistance du chômage.

On estime que chez les femmes, le stress se manifeste plutôt par l’anxiété, l’obsession et la dépression. Les hommes, quant à eux, somatisent plus : ulcères, troubles cardiovasculaires et problèmes sexuels. La maladie peut-elle être l’écho d’un état d’angoisse ou de détresse morale ? Selon certains scientifiques, un choc psychologique est à même de diminuer sensiblement nos défenses naturelles et de déclencher une affection. Stress, déprime, idées noires. Les pensées négatives seraient capables d’être à l’origine ou d’aggraver des maux aussi divers que la migraine, l’insomnie, les maladies de la peau, la prise de poids ou le mal de dos. De manière générale, on peut identifier certaines « maladies » qui sont souvent dues à un stress trop important, à savoir les maladies digestives, les troubles cardiovasculaires (palpitations, douleurs, gêne dans la poitrine, hypertension, angine de poitrine, voire infarctus du myocarde, l’hyperthyroïdie), les infections virales ou microbiennes à répétition dues à une baisse des défenses immunitaires et enfin les infections cutanées (eczéma, boutons rouges, psoriasis, herpès, chute de cheveux, etc.). L ’évolution de certains cancers serait, d’après certains scientifiques, attribuable aux dérèglements psychiques.

Le savant américain Lawrence Le Shan a déterminé qu’une solitude brutale, un choc émotif violent ou un état psychologique désespéré pouvaient intervenir sur la morbidité cancéreuse. Il est clair, selon ces mêmes scientifiques, que le stress peut parfois entraîner des réactions néfastes. Ces effets sont plus ou moins graves, selon l’événement qui les provoque et la résistance de chacun à l’anxiété. Ils soulignent que le stress est une réaction normale de l’organisme. « Il permet de faire face à certains événements imprévus ou de s’adapter à des changements importants. Pourtant, il peut parfois être lié à des maladies dites « de l’adaptation ». Elles apparaissent lorsque notre organisme n’arrive plus à faire face à des tensions permanentes et répétitives. Des chercheurs affirment que le stress est à l’origine de nouveaux maux. Ils ont démontré que le stress est mauvais pour la mémoire. D’après eux, cet état physiologique provoquait la libération d’une hormone particulière dans le cerveau, appelée la protéine kinase C. « Or celle-ci a un impact négatif sur la mémoire. Ainsi, trop de pression durant un examen risque de vous faire perdre tous vos moyens. Mais les effets pourraient être encore plus graves. Cette enzyme est impliquée dans la schizophrénie et les troubles maniaco-dépressifs. » Le stress peut avoir aussi un impact sur l’équilibre alimentaire. La boulimie et l’anorexie en sont les principaux exemples avec l’alcoolisme, l’obésité et les maladies cardiovasculaires liées à une consommation excessive de certains aliments gras ou sucrés. Par ailleurs des études montrent que le stress ne crée à lui seul aucune pathologie. Du côté des médecins, on nous explique qu’il n’y a pas forcément la relation de cause à effet. Ils sont unanimes à dire que lorsque le moral est soumis à rude épreuve, le physique ne tarde pas à montrer des signaux de détresse.

De multiples effets sur l’organisme

Les spécialistes rappellent que sous l’effet du stress, l’organisme produit des hormones corticoïdes qui abaissent les défenses immunitaires. Si le stimulus extérieur est de courte durée, l’organisme rétablit les choses de lui-même. Par contre, si son intensité est forte, répétitive et de longue durée, les défenses immunitaires s’abaissent, ce qui expose immanquablement aux affections. Ils précisent que chaque individu va réagir à sa façon, suivant sa capacité à gérer son stress et à canaliser ses angoisses. Certains d’entre eux estiment que le stress va plutôt être à l’origine de l’évolution de certaines affections préexistantes telles que l’’asthme, migraine, diabète. Dans le diabète du type 1, une situation d’un grand stress peut constituer un facteur déclenchant. Car le sujet est déjà prédisposé au phénomène auto-humain qui est latent. « Un traumatisme ou un stress viennent justement déclencher le mécanisme », nous explique Dr Daoud, diabétologue. Concernant le diabète de type 2, notre interlocuteur affirme que dans ce cas-là, le stress est un facteur de déséquilibre du diabète. Il souligne que généralement, la relation entre stress et maladie n’est pas prouvée. Abondant dans le même ordre d’idées, le Pr Bendib, chef de service de sénologie au centre Pierre et Marie Curie (CPMC), estime qu’il n’y a aucun lien entre le stress et les maladies cancéreuses. Il souligne que le stress peut intervenir à un moment dans la vie de quelqu’un, mais il n’y a pas de lien scientifique établi concernant les maladies cancéreuses. « Si le stress joue un rôle, il y aurait beaucoup plus de cancer dans notre pays », dira-t-il. Il est de même pour les maladies neurologiques.

Pour le Pr Arezki, du service de neurologie à l’hôpital de Blida, le lien direct de cause à effet n’est pas prouvé dans les maladies neurologiques. « Le stress peut provoquer certaines maladies, mais il n’est pas le seul responsable. En neurologie, les céphalées constituent un motif de consultation et le stress y est peut-être pour quelque chose », signale le Pr Arezki. De l’avis d’un chirurgien, le stress aggrave plutôt, souvent les maladies en citant l’exemple de pathologies thyroïdiennes. Pour le Pr Tidjiza, chef de service de psychiatrie à l’hôpital Drid Hocine, le stress peut se définir comme un état de tension psychique d’essence émotionnelle et affective, s’accompagnant de manifestations neuro-végétatives et surtout neuro-endocriniennes, devant mobiliser l’organisme pour la proscription d’efforts face aux exigences d’adaptation à des situations vitales. « Comme cette situation de stress peut survivre à l’exposition du stresseur et évoluer pour son propre compte, en s’installant dans la durée et revêtir ainsi des aspects plus proprement pathologiques, l’accent est déplacé vers les conséquences morbides du phénomène », dira-t-il. Une lutte au quotidien.

La lutte contre le stress ne passe pas forcément par les médicaments. Il n’en existe pas. Toutefois certains médicaments (tranquillisants, antidépresseurs, hypnotiques…) peuvent, selon les spécialistes, permettre de passer un cap particulièrement difficile (insomnie rebelle, troubles du comportement, situation précise à affronter…), mais ils doivent être prescrits pour un temps déterminé. La véritable lutte contre le stress, estiment-ils, se joue au quotidien en éliminant, autant que possible, ses causes par l’installation d’une vie plus équilibrée en améliorant son hygiène de vie (équilibre alimentaire, activité sportive, activité de loisirs et détente, compagnie, soin porté au sommeil, relativiser les événements, décharger ses émotions, ne pas ruminer mais s’extérioriser et préférer la communication au repli sur soi…

Djamila Kourta, pour El Watan

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