Leïla Trabelsi livre « sa vérité » sur la chute de Ben Ali


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Leila Trabelsi
Leila Trabelsi

Leila Trabelsi fait à nouveau parler d’elle. L’ex-Première dame de la Tunisie confie dans un livre, intitulé « Ma vérité », paru le 21 juin, sa version des faits sur la révolution qui a conduit à la chute de son époux Zine el Abidine Ben Ali. Elle y dénonce le « complot » dont elle et sa famille auraient été les victimes.

Leila Trabelsi sort de son mutisme. C’est avec un voile blanc et des lunettes de soleil qu’elle se présente sur la première couverture de son ouvrage. Paru le 21 juin, Ma vérité, a été rédigé à partir des différents entretiens qu’elle a eus sur Skype avec le journaliste Yves Derai. L’ex-Première dame tunisienne n’y mâche pas ses mots. Et pas question non plus pour elle de faire son mea culpa. Elle se présente plutôt comme une des principales victimes de la révolution tunisienne. Révolution qui a contraint son époux et elle à fuir vers l’Arabie Saoudite.

Une fuite qui fut une terrible épreuve confie-t-elle. Elle n’hésite pas à faire preuve de misérabilisme, affirmant avoir dû prendre son courage à deux mains pour conduire sa famille jusqu’à l’aéroport. Selon elle, « les uns et les autres » ont dû se munir du « minimum pour le voyage » ne s’attendant pas à un départ aussi précipité. « Ils étaient sans bagages, les femmes en tongs, les enfants sans manteau », raconte-t-elle. Elle va même plus loin : « Ils avaient faim, mais il n’y avait rien à bord, juste quelques bouteilles d’eau minérale embarquées à la dernière minute. A un moment, c’est mon mari qui est sorti de son bureau pour leur donner une barre de chocolat. »

« Le coup monté a été préparé bien avant le 14 janvier »

L’ex-Première dame a aussi tenu à clarifier les choses. Elle et son mari n’ont jamais eu l’intention de quitter la Tunisie. « Ben Ali a fini par plier » seulement devant « l’insistance » de son chef de la garde présidentielle, Ali Seriati. Le couple pensait sur le coup qu’il pourrait « revenir » après avoir mis sa famille en sécurité. Mais le sort en a décidé autrement. Pour Leila Trabelsi, il ne fait pas de doute. Elle et son mari ont été les victimes d’un « complot ». Des « mains secrètes » auraient mis en marche le soulèvement. Pour elle, « le coup monté a été préparé bien avant le 14 janvier. »

Celle que l’on surnomme « la régente de Cartage », conspuée par les Tunisiens qui l’accusent d’avoir favorisé financièrement sa famille, ne se remet pas en question dans le livre. Elle admet toutefois du bout des lèvres que certains de ses proches ont commis des abus. « Parmi les miens, quelques-uns ont exagéré, souvent les plus jeunes qui se laissaient aller à leur appétit de profit. Nous avons été le talon d’Achille du président », admet-elle.

Elle ne fait pas abstraction de la France. Elle a visiblement du mal à digérer que le pays allié leur ait tourné le dos quand le régime sombrait, rappelant les bonnes relations qu’elle entretenait avec Nicolas Sarkozy qui ne « refusait pas les produits du terroir qu’on lui faisait parvenir ». Leila Trabelsi ne laisse pas non plus en reste « les usurpateurs actuels du pouvoir », dont « Ben Ali connaît parfaitement les dossiers ». Bien qu’il vive une retraite dorée en Arabie Saoudite, le couple déchu est loin d’avoir fini de faire parler de lui.

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