
Maurice Freund, président de la coopérative Point-Afrique Voyages, élu personnalité du tourisme de l’année par l’Association des Journalistes de Tourisme (AJT), revient sur les perspectives touristiques face aux prises d’otages et au développement du néo-fondamentalisme islamique.
Mali / Gao « Un ami de très longue date a fini, en mai 2009, par rejoindre AQMI (la branche maghrébine de Al-Qaida). Nous nous devions de lever le pied et d’annuler Gao pour la saison 2009/2010. J’en souffre quotidiennement et un sentiment d’amertume m’habite. Une grande partie de la population devient complice de cette nouvelle gangrène. Nous avons perdu la bataille de Gao. Donc, évitons le nord pour le moment et concentrons nos efforts sur le pays Dogon et le Massina. »
Mauritanie / Atar « Depuis quelques semaines, le gouvernement a sérieusement repris en main la sécurisation du pays. Si toutes les zones ne sont pas sans danger, la région de l’Adrar a été totalement revisitée. Tous les guides autorisés ont suivi des stages de formation pour en faire en quelque sorte des « agents auxiliaires » de la sécurité. Tous les guides ont été pourvus de balises Argos avec des fréquences adaptées. Les autorités connaissent tous nos lieux de campement, qui ont été repositionnés. En-dehors de la région de l’Adrar, les risques d’enlèvement ne sont pas exclus. Si le risque zéro n’existe nulle part, les efforts accomplis permettent d’être serein. »
Niger / Agadez « Depuis le 15 octobre, les « rebelles » ont déposé les armes. La sécurité a été au coeur de toutes nos discussions. Sous réserve que nous puissions en garantir la sécurité, nous promettons de faire une série de quatre vols Marseille-Agadez. Nous proposons donc ces vols à nos abonnés à un prix de 250 euros hors taxes A/R (taxes : 97 euros). Les visas seront faits directement à Agadez. »
Folie ou problème de conscience ?
« C’est la question que je me pose de manière permanente ! Je sais que Point-Afrique sera condamné si nous nous exposons au moindre problème d’enlèvement. Les populations locales mesurent les dangers de la gangrène AQMI et sont nos alliées pour lutter contre ces déviations. Nous sommes leur espoir et, j’en ai la profonde conviction, leur dernier rempart avant que tout ne bascule. Je fréquente l’Afrique depuis plus de trente ans. Rien n’est perdu et la situation peut encore revenir à la normalité, à condition de ne pas lâcher. Oui, le tourisme comme arme pour la paix est plus que jamais une réalité. Demain, si nous levons le pied, toutes ces régions « s’afghaniseront » et deviendront le lit d’un terrorisme que nous ne saurons plus endiguer. Faisons barrage à cette haine qui gronde. Nous avons fait tout ce qui était en notre possible pour vous assurer, dans ces zones surveillées, le maximum de sécurité. »
Maurice Freund
Point Afrique