Le textile africain file un mauvais coton?


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Globe terrestre
Globe terrestre représentant une partie de l'Afrique

L’information n’a pas fait la Une des journaux économiques, et ce nouveau baptême est donc passé quasiment inaperçu : la vieille compagnie française pour le développement des fibres textiles, CFDT, a changé de nom le 18 juin 2001 pour s’appeler désormais Dagris.

Discrétion légendaire ? Implication méconnue dans le développement des économies textiles d’Afrique francophone ? Il reste que le groupe avait besoin de changer son image, et de rompre avec son apparence de vieux holding colonial. A l’heure où l’Afrique devient terre d’entrepreneurs et d’initiatives privées, les structures publiques ou parapubliques des anciennes métropoles doivent aussi se mettre au goût du jour… D’où ce deuxième baptème…

Il aura fallu un an et demi à Dov Zerah, nouveau président de la CFDT, désormais Dagris, pour doter l’entreprise de ce nouveau souffle stratégique qui était une condition nécessaire de la poursuite de son activité, alors que le secteur cotonnier fait face à une chute des cours sans précédent, provoquée par de nouvelles concurrences.

Nouvelle stratégie

Et cette nouvelle stratégie va se traduire par l’ouverture de nouvelles unités de production, dans des pays où le holding n’était jusque là pas présent : au Maroc, en Algérie et au Ghana. Des pays qui s’ajoutent à la longue liste de ceux où Dagris intervient déjà comme actionnaire de référence des compagnies nationales : Burkina (dans la Sofitex), Sénégal (dans la Sodéfilex), Cameroun (Sodécoton), Tchad (CotonTchad), Centrafrique (Sococa), Mali (CMDT)…

Stratégie offensive, donc, alors que l’évolution des cours du textile faisaient redouter une tactique de repli plus prudente : en 1996-1997, les cours de référence du coton africain étaient à 77 cents la livre. Ils finissaient à 53 cents la livre fin 2000… Ce qui place le prix de ce coton sur le marché en dessous de son prix de revient dans de nombreux pays africains, actuellement évalué à 800 francs (CFA) par kilo… Et entraîne ipso facto une double dégradation, des comptes de la compagnie et du pouvoir d’achat des paysans… Le prix d’achat des fibres au producteur primaire a ainsi chuté de plus du quart au Mali, par exemple, en cinq ans.

Renversement de tendance?

Mais les derniers indicateurs disponibles permettent peut-être de nuancer ces sombres réalités : depuis le début de 2001, les cours du coton semblent frémir à la hausse, tandis que la chute rapide de la production de certains pays (au Mali, justement, elle a baissé de moitié entre les campagnes 1998-1999 et 2000-2001) entraîne une raréfaction des stocks disponibles.

Et il se pourrait bien que les investissements actuels de Dagris visent avant tout à placer le groupe dans la meilleure position pour profiter d’un prochain redémarrage du marché textile mondial… Acceptons-en l’augure !

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