Le style selon Glam Ethnik


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Simple, élégante, racée, métissée, la marque Glam Ethnik présente Amazones Urbaines, son nouveau défilé, samedi 17 novembre prochain à Paris. Une collection de 30 modèles déclinée à travers 5 lignes de prêt-à-porter. Les tissus et les matières lui parlent et ses créations parlent à des clientes, ravies de trouver enfin des vêtements qui leur ressemblent, interview d’Ayden, une styliste discrète à l’inspiration spontanée.

C’est l’actrice américaine Halle Berry qui incarnerait le mieux Glam Ethnik, estime la styliste indo caribéenne Ayden créatrice de la marque. Si elle a déjà habillé de nombreuses artistes et animatrices télé, la griffe, créée en 2004, ne truste pas les podiums. Elle inaugure, samedi 17 novembre à Paris, son deuxième défilé en ouverture du championnat du monde poids lourds de boxe française, à l’invitation de l’explosif Enoch Effah qui remet son titre en jeu. Si l’un joue sur le contraste des univers, Ayden mise sur des vêtements vivants qui expriment l’identité et l’état d’esprit de celles qui se reconnaissent dans la Glam attitude.

Afrik.com : C’est seulement le deuxième défilé de Glam Ethnik depuis 2004. Pourquoi un tel laps de temps ?

Ayden : Il y a un aspect lié à mes activités professionnelles qui a fait que je n’ai pas pu faire avancer la marque comme je le voulais, mais la créativité est toujours là. J’avais eu de bons retours après le premier défilé. J’ai été approchée par certaines personnes qui souhaitaient développer Glam Ethnik à un niveau industriel, mais dans un premier temps je préfère travailler sur de petites séries voir sur des modèles uniques. Car pour le moment, j’aime bien l’idée de garder un petit côté exclusif. Je raisonne ici en temps que simple amatrice et cliente de mode. Je suis toujours contente de porter une création quand je sais que tout le monde ne peut pas l’avoir. Pour autant j’estime que je fais du prêt à porter, pas de la haute couture. Je crée des vêtements de tous les jours, mais avec une touche qui met la femme en valeur. En toute simplicité.

Afrik.com : Comment a évolué Glam Ethnik au niveau de son identité ?

Ayden : En 2004, je débutais. Des personnes ont cru en moi alors que je ne pensais pas être capable de monter un défilé. Je savais que j’avais beaucoup de lacunes, au niveau des coupes et des finitions, alors j’ai redoublé de travail. La marque est aujourd’hui plus fidèle à ce que je voulais créer. J’ai eu la chance d’avoir une très bonne couverture presse, notamment sur Internet. Je me suis rendu compte que Glam Ethnik parlait beaucoup aux gens, que la marque reflétait une partie de l’identité de nombreuses femmes.

Afrik.com : Vous parliez de lacunes. Avez-vous fait une école de mode ?

Ayden : Non, je suis complètement autodidacte. Je ne me proclame pas créatrice. En revanche je me considère, sans prétention aucune, comme une styliste. Dans le sens où l’on parle de stylisme quand on crée un style. Et j’ai développé Glam Ethnik pour justement véhiculer ma vision de la mode. Une mode qui nous ressemble. J’ai commencé à créer des vêtements parce que je voulais porter des choses que je ne trouvais pas dans le commerce. Aujourd’hui en mode, on n’invente plus rien, Glam est une vision parmi tant d’autres. Elle propose une alternative accessible à ce qui se fait déjà. Est ce que des enseignes comme H&M et Zara reflètent notre identité (de la femme moderne afro ou métissée, ndlr) ? Je n’en suis pas sure…

Afrik.com : Avant d’être styliste, vous êtes une femme de média et une femme médiatique. On vous voit à l’antenne, notamment sur 3A Télésud, vous présentez de nombreux événements culturels en Afrique. Êtes-vous la première ambassadrice de Glam ?

Ayden : Non. A la limite, je préférerais que personne ne sache que c’est moi qui suis derrière Glam. Je ne proclame rien, je crée. Je préfère que les vêtements parlent directement aux gens. Un jour, une femme m’a arrêtée à la sortie d’un cinéma. Je portais une de mes créations. Elle m’a dit : « J’adore votre tenue, je veux la même ! ». Depuis elle est devenue une bonne cliente. Pour moi, les meilleures ambassadrices sont celles qui se reconnaissent dans Glam et qui font vivre tous les jours le vêtement. J’ai habillé de nombreuses artistes et animatrices télé. Je suis étonnée de voir que les gens reconnaissent souvent mon style à la télé ou sur des événements. Je porte mes créations pour des émissions télé, mais pour les grands événements je m’habille en grands couturiers africains ou afro caribéens, comme Alphadi (Niger), Gilles Touré (Côte d’Ivoire), Olivier Couturier (Caraïbes) ou Eli Kuame (Libano Ivoirien), entre autre. Ils font tous des robes du soir de rêve.

Afrik.com : Vous êtes à la fois journaliste et styliste. Ne craignez-vous pas que cela brouille votre image professionnelle ?

Ayden : Non, je ne parle jamais de la marque dans mes activités télé. On a tous plusieurs talents, mais on ne prend pas le temps de les développer. La mode s’est imposée à moi, je n’ai rien demandé. Rien n’a pas été provoqué… Ce sont des envies et des concours de circonstances qui ont construit la notoriété, toute relative qu’elle soit, de Glam Ethnik. On m’avait proposé d’organiser le premier défilé en 2004, comme on m’a proposé d’organiser celui de samedi. Enoch Effah, champion du monde poids lourds de boxe française, remet son titre en jeu. C’est un ami. Comme il organise lui-même l’événement, il m’a demandé si ça m’intéressait de faire un défilé pour agrémenter la soirée. J’ai dit banco…

Afrik.com : Comment s’opère, chez vous, le processus de création d’un vêtement ?

Ayden : La création est ultra spontanée. Elle passe en premier lieu par le choix du tissu. J’ai des couleurs de prédilection comme le rouge, le jaune, le bleu émeraude, le vert feuille, le chocolat, l’orangé, le safran ou la couleur or. Après, il faut que la matière bouge bien. Et, selon le tombé du tissu, j’imagine comment la femme va se mouvoir dedans. La matière me parle. Je ne travaille pas avec des patrons, mais comme un sculpteur qui travaille avec du bois brut. Parfois, je ne sais pas ce que ça va donner quand j’attaque la création. Je fais beaucoup de tests. C’est comme une expérimentation scientifique et c’est ça que je trouve très excitant dans le processus créatif.

Afrik.com : Avez-vous des matières de prédilection ?

Ayden : La soie, le cuir (très souple, comme une seconde peau, et aux couleurs vives), le pagne (j’ai la chance de beaucoup voyager en Afrique). Je suis très sélective. Je passe des heures à trouver les imprimés qui vont me parler et qui iraient avec telle ou telle coupe. J’aime également le lycra et le jersey. Comme l’ourlet rouge de Xully Bet, j’ai une petite touche personnelle : l’élastique tressé or.

Afrik.com : Vous faîtes du prêt-à-porter mais, pour l’heure, vous ne produisez pas en série. Avez-vous un plan de développement ?

Ayden : Pour l’heure, mon but n’est pas vraiment de gagner de l’argent. J’aime créer. Et le simple fait que ça parle aux femmes me ravit déjà. De nombreuses personnes m’ont dit que je devrais revoir mes prix à la hausse. Mais j’estime que le prêt-à-porter doit rester accessible. J’ai envie qu’une femme qui ait envie de porter du Glam puisse le faire même si elle n’est pas « riche ».

Afrik.com : Quels sont vos prix ?

Ayden : Pour un top, il faut compter entre 30 et 100 euros. Entre 50 et 100 euros pour un sarouel, 150 euros pour un ensemble. J’ai fait des tests sur des séries limitées sur certains modèles, dont j’ai sous-traité la confection à un atelier et ça fonctionne bien. En revanche, il y a certaines créations dont je ne peux pas confier la confection, ça reste des pièces uniques sur commande. J’ai envisagé des points de vente, mais pour le moment tout passe par le Net. A terme, mon but est un point de vente parisien, un en province et un aux Antilles. Je souhaite que l’identité doit être véhiculée partout.

Afrik.com : Quelles seraient les personnalités célèbres qui incarneraient, selon vous le mieux Glam Ethnik ?

Ayden : Halle Berry, simple et charismatique. Je pense également à Angelina Joli, mais je ne crois pas que son style corresponde à Glam. J’aime la femme qui affirme sa personnalité et la femme fonceuse. La femme qui sait ce qui lui va et qui connaît son identité. Les vêtements qu’elle va porter vont ainsi parfaitement la refléter.

Afrik.com : Comment s’articule le défilé du 17 novembre ?

Ayden : Il s’articule en 5 tableaux, qui constituent différentes lignes de la collection. La ligne Ethnik, dont la grande nouveauté est le sarouel (pantalon d’inspiration arabe, ndlr) en pagne, la ligne Amazones Urbaines, avec des matières qui invitent au voyage, la ligne Romantique (pour les petites sorties, notamment en amoureux), un thème Black & White et la ligne Glam un peu plus pour le soir, branchée mais pas ostentatoire. Pour le défilé, j’ai eu une vraie réflexion sur le choix des mannequins. Pour que toutes les femmes se retrouvent dans les vêtements. Toutes les femmes peuvent être belles Glam Ethnik (avec un sourire complice, ndlr).

Afrik.com : Avez-vous déjà pensé à habiller les hommes ?

Ayden : Pas encore. Mais il y a tellement de personnes qui me l’ont demandé qu’il faudrait que je m’y mette. Mais je pense que ça ne sera pas pour tout de suite. Il y en a qui font cela très bien. J’admire, par exemple, le travail de quelqu’un comme Fauvette Nacto (Guadeloupe) ou John (Cameroun) qui sublime véritablement l’homme. Pour ma part, je pense plus à une gamme mère-enfant. Je l’ai déjà fait et l’effet est énorme.

Afrik.com : Vous aviez une émission de mode sur 3 A Télésud (De fil en aiguille), pourquoi avez-vous décidé d’arrêter ?

Ayden : J’ai arrêté ma collaboration avec Télésud cet été. Je continue à couvrir les événements de mode du continent, mais pour une chaîne plus importante. Je travaille sur la production et la présentation d’un magazine de mode que vous pourrez découvrir en janvier prochain. Je tiens ici à remercier Télésud pour tout ce qu’ils m’ont apporté. Aujourd’hui je déplore juste le fait que certaines personnes n’acceptent pas mon départ et essaient de mettre des bâtons dans les roues au lieu de consacrer leur énergie à faire avancer la chaîne.

Afrik.com : Vous parlez d’une chaîne « plus importante ». De quelle chaîne s’agit-il exactement ?

Ayden : C’est un secret (dit-elle avec un grand sourire). Sinon j’anime toujours l’émission féminine Kadam, sur AK TV (sur Internet), également diffusée sur Grioo, et qui est actuellement demandée par des chaînes hertziennes. Beaucoup de gens me font de plus en plus confiance. Je tiens encore une fois à remercier de précieux relais et partenaires, car sans eux je ne serais rien. Il y a les média, bien sûr, mais aussi des enseignes comme Black UP (marque de cosmétiques afro, ndlr).

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