Le Social Democratic Front se fissure


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Le principal parti d’opposition camerounaise, le Social Democratic Front, vit une crise majeure. Le premier vice-président national, Saïdou Maïdadi et certains cadres du parti supportent de moins en moins l’humeur changeante du Chairman John Ni Fru Ndi. Ils viennent de claquer la porte du parti.

Depuis lundi 29 juin 2002, les jours se suivent et se ressemblent pour le Social Democratic Front (SDF). Le parti créé par le libraire de Bamenda (Nord-Ouest Cameroun), John Fru Ndi connaît une saignée. Les uns après les autres, les principaux cadres du parti quittent la barque. Le motif de ces départs massifs serait à rechercher dans la gestion paternaliste du parti par le Président. Les démissionnaires reprochent au président du SDF d’avoir décidé tout seul la levée du mot d’ordre de boycott des conseillers municipaux, violant ainsi une résolution prise par le comité central. Joint au téléphone, le premier vice-président démissionnaire, Saïdou Maïdadi explique.

Afrik : Pourquoi avez-vous quitté le SDF ?

Saïdou Maïdadi : Je ne me reconnais plus dans ce parti. Le SDF a viré de bord. En y adhérant il y a une dizaine d’années, j’avais la ferme conviction qu’il avait été créé pour lutter contre le système monolithique que nous a légué la colonisation. Aujourd’hui, je suis au regret de constater que le SDF est rentré dans le système.

Afrik : C’est à dire ?

Saïdou Maïdadi : Le SDF a changé de cap. A ses origines, le parti avait pour ambition d’être national. J’ai travaillé durement pour ça. J’ai insufflé une sorte d’aura dans le Grand Nord, qui comme chacun sait, est le vivier naturel du RDPC (Rassemblement démocratique du peuple Camerounais, au pouvoir, ndlr) et de l’UNDP (Union nationale pour la démocratie et le progrès, ndlr) de Bello Bouba Maïgari. Aujourd’hui que constate-t-on ? Le parti se complaît dans sa position de parti régionaliste. Tout tourne autour du Nord-Ouest. Enfin, et c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, il n’existe plus de débat démocratique au sein du SDF. Les décisions prises par le comité exécutif sont balayées d’un revers de main par un communiqué de presse signé John Fru Ndi. Le SDF a abandonné en chemin tous ses objectifs et son projet de société.

Afrik : Combien de membres du SDF vous ont suivi ?

Saïdou Maïdadi : Nous sommes déjà une vingtaine. Le mouvement ne fait que commencer. D’autres démissions sont annoncées dans le Nord-ouest, le littoral, le centre et dans la partie septentrionale du pays.

Afrik : Allez-vous rejoindre une autre formation politique ?

Saïdou Maïdadi : Je ne pense pas. Mes amis et moi allons reprendre le combat pour le changement dans un autre cadre. Vraisemblablement un mouvement. Un groupe de réflexion qui aura pour point de mire l’élection présidentielle 2004.

Afrik : Que vont devenir tous ces militants du Nord-Cameroun, votre région d’origine, que vous avez entraînés avec vous au SDF?

Saïdou Maïdadi : J’irai à leur rencontre pour leur expliquer les raisons de mon départ. Puis, ce sera à eux de décider s’ils veulent ou non continuer à militer au sein du parti. Pour ma part, ma décision est irréversible.

Afrik : Pensez-vous que le SDF va faire chambre commune avec le RDPC au gouvernement ?

Saïdou Maïdadi : Je ne pense pas, je suis même convaincu que le SDF va entrer au gouvernement. John Fru Ndi a déjà annoncé la couleur dans une interview accordée au tri-hebdomadaire camerounais Nouvelle Expression, quand il dit attendre les émissaires de Paul Biya (Président du Cameroun et du parti au pouvoir, ndlr).

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