Le Sénégal sous tension à la veille du procès de Ousmane Sonko


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Manifestations au Sénégal
Manifestations au Sénégal (illustration)

La tension est perceptible au Sénégal, 24 heures avant le procès devant opposer Ousmane Sonko à Mame Mbaye Niang.

C’est ce jeudi 30 mars que le leader de l’opposition sénégalaise, Ousmane Sonko, fera face au ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang, au Palais de justice de Dakar. Le chef du parti Pastef est poursuivi pour diffamation par ce proche du régime dans un procès sous haute tension. Plusieurs fois renvoyé, le jugement est attendu demain jeudi. Et en cas de condamnation, Ousmane Sonko pourrait être écarté de la course à la Présidentielle de 2024.

Il faudra toutefois attendre demain pour être édifié sur le sort réservé à celui qui est arrivé troisième aux dernières élections présidentielles. Mais d’ores et déjà, ses partisans et alliés crient au scandale. Mieux, ils ne ratent aucune occasion pour lancer une campagne de protestation à travers des manifestations, souvent non autorisées. Ce qui ne manque pas de déclencher des heurts entre manifestants et forces de l’ordre.

« La situation est vraiment déplorable »

Ce mercredi 29 mars 2023, l’opposition a appelé à une marche pour protester contre ce qu’elle qualifie d’injustice à l’encontre de Sonko. Une manifestation non autorisée et des heurts ne sont pas écartés. Dans la capitale sénégalaise, la présence massive des forces de défense et de sécurité est visible. Des agents armés jusqu’aux dents, certainement prêts à réprimer toute manifestation. Même à Thiès (70 km de Dakar), un dispositif sécuritaire est mis en place.

Une situation très tendue que déplorent nombre de citoyens. « C’est dommage qu’ils nous prennent ainsi en otage », fulmine Sadio Diouf, commerçante. « Je devais me rendre à Dakar pour une commande de marchandises, mais je n’ose plus le faire. Il est évident que la situation peut dégénérer à tout moment. Et je ne veux pas courir le risque de me retrouver au beau milieu de scènes de violences », lance-t-elle toute inquiète.

Même son de cloche chez Moustapha Diop, transporteur, qui dit éviter de se rendre dans la capitale sénégalaise. « Dakar est ma destination préférée, en tant que chauffeur. Seulement, compte tenu de cette situation inquiétante, je préfère rallier le centre du pays où il y a moins de risque que cela dégénère. La situation est vraiment déplorable et Sonko est aussi responsable que Macky Sall », lance le sexagénaire, cure-dent à la bouche.

Sonko absent de l’audience de ce 30 mars

Il n’y a pas que les commerçants ou les transporteurs qui évitent les alentours de la capitale sénégalaise. Même les citoyens lambda évitent cette destination, conscients que tout peut arriver. D’aucuns convoquent les manifestations de mars 2021 alors que plus d’une dizaine de manifestants avaient perdu la vie. Les boutiques Auchan, souvent attaquées lors des manifestations, sont sécurisées. Aujourd’hui, la tension est tout aussi vive et les appels au clame se multiplient.

Surtout après la dernière sortie d’Ousmane Sonko, accusant le régime d’avoir voulu attenter à sa vie. « Ce qui s’est passé le jeudi 16 mars, sous les yeux du monde entier, n’est ni plus ni moins qu’une tentative d’assassinat. On m’a aspergé d’un liquide extrêmement nocif pour la santé », a accusé le chef de Pastef, depuis son lit d’hôpital. Il avait été admis dans une clinique, le jour de son audience au tribunal.

D’ailleurs, le coordonnateur provisoire du Pastef dans la commune de Ziguinchor, Abdou Sané, a confié à Dakar Actu que Ousmane Sonko a décidé de ne pas prendre part à l’audience de ce 30 mars. Le leader du parti Pastef en aurait informé ses avocats. Le verdict de ce procès est très attendu car les enjeux sont énormes. Il est reproché au Président Sall de chercher à barrer la route à son principal opposant.

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Journaliste pluridisciplinaire, je suis passionné de l’information en lien avec l’Afrique. D’où mon attachement à Afrik.com, premier site panafricain d’information en ligne
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