Le retour au Congo de Pierre Savorgnan de Brazza


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Pierre Savorgnan de Brazza, par Paul Nadar - Crédit : Paris, Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, archives photographiques
Pierre Savorgnan de Brazza, par Paul Nadar - Crédit : Paris, Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, archives photographiques

Les restes de l’explorateur français d’origine italienne, Pierre Savorgnan de Brazza, ainsi que ceux de sa femme et de leurs quatre enfants qui reposaient jusqu’à présent au cimetière Bru d’Alger, seront transférés le 3 octobre à Brazzaville sur fond de polémique.

Né en 1852 à Rome et décrit comme un aventurier visionnaire et humaniste, Pierre Savorgnan de Brazza fut l’une des grandes figures de la présence coloniale française en Afrique. C’est lui qui signa à la cour du chef Makoko le traité rattachant le Congo à l’Empire français en 1882. Son « utopie » pour l’époque de considérer que les colons étaient des intrus devant conquérir le respect des autochtones lui valut d’être relevé de ses fonctions en 1898.

Un rapport disparu sur les exactions françaises

Il s’installe alors à Alger où il vivra quelques années avant d’être rappelé pour enquéter sur les exactions commises au Congo par l’administration française. Son rapport qui décrit les abus et le pillage organisé par les sociétés françaises, est resté confidentiel. Aujourd’hui encore, la France dément en détenir une copie, sans doute par crainte des conséquences que cela pourrait avoir sur ses rapports avec le Congo.

Mort en 1905 à Dakar, au retour de sa mission, Pierre Savorgnan de Brazza a été enterré au cimetière Bru d’Alger, en Algérie, avec son épouse et leurs quatre enfants.

Un mausolée sur fond de polémique

Ce transfert survient 100 ans après la mort de l’explorateur qui a donné son nom à la ville fondée le 3 octobre 1880. Ses restes seront inhumés dans le centre-ville de Brazzaville dans un mausolée, dont la première pierre a été posée le 5 février dernier par les présidents français, Jacques Chirac, congolais, Denis Sassou Nguesso, et gabonais, Omar Bongo Ondimba. Le coût élevé de ce mausolée (huit millions d’euros), ainsi que le principe d’enterrer au Congo le premier administrateur colonial du pays ne manquent pas de soulever une polémique.

L’appartenance de Pierre Savorgnan de Brazza à la franc-maçonnerie, dont le Président congolais Sassou N’Guesso est un membre important, est mise en avant par une partie de la presse pour expliquer cette cérémonie. Mais ce point est discuté par les historiens, car, semble-t-il, le « frère de lumière » Pierre Savorgnan de Brazza s’était détaché de la loge où il avait été initié, et s’était de plus en plus rapproché de l’Eglise, pour mourir fervent catholique, muni des sacrements de l’Eglise…

Pourtant, quels que soient les fondements de cette polémique, il faut admettre que si un « colon » a bien apporté davantage à l’Afrique qui ne lui a pris, Pierre Savorgnan de Brazza est sans aucun doute celui là.

C’est ce qui justifiera sans doute la venue à Brazza,pour cette cérémonie, de plusieurs personnalités de premier plan : la France pour sa part y sera représentée par une délégation choisie, conduite par Philippe Douste-Blazy, Ministre des Affaires étrangères, et qui comptera notamment dans ses rangs Hervé Bourges, récemment réélu à la tête de l’Union internationale de la Presse Francophone, et vieil ami du Congo.

Crédit photo de Pierre Savorgan de Brazza : Paris, médiathèque de l’architecture et du patrimoine, archives photographiques.

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