Le rendez-vous de l’Orchestre national de Barbès


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L'Orchestre National de Barbès
L'Orchestre National de Barbès

En arabe et en français, mêlant tradition et modernité, l’Orchestre national de Barbès livre, avec Rendez-vous Barbès (Le chant du monde/Harmonia Mundi), un quatrième album très réussi.

Le nom et le titre de l’album sont français, mais toutes les chansons, sauf deux, sont chantées en arabe: “Sidi Yahia-bnet Paris” (Sidi Yahia et les filles de Paris), “Chkoun?” (Qui?), “Rod balek” (Fais attention),… L’Orchestre National de Barbès, formation française comme son nom l’indique, est composé d’une dizaine de musiciens, d’origine algérienne (comme son fondateur, le bassiste Youcef Boukella, qui accompagnait Cheb Mami autrefois), marocaine, tunisienne, portugaise… et française (comme le saxophoniste Emmanuel Le Houezec).

Ce quatrième album est très réussi, et mêle, marque de fabrique du groupe, les traditions musicales du Maghreb, à d’autres qui plaisent aux musiciens. L’album s’ouvre ainsi par le son joyeux d’une ghaïta, cette cornemuse saharienne, restituée ici par un synthétiseur, instrument-fétiche des premiers temps du raï dans les années 80. La langue de la chanson mêle, comme dans le raï et la chanson maghrébine d’autrefois, français et arabe dans la même phrase: “ana bent sghira wou civilisée” (“je suis une fille jeune et civilisée”, pour la chanson “Sidi Yahia-bnet Paris”).

Nos artistes chantent aussi en français, comme dans “No-no-no”, où, sur un rythme de biguine, ils raillent ces enfants d’immigrés qui cultivent l’inactivité et l’auto-exclusion:

“Ne me dis pas que tu ne sais rien faire de tes 10 doigts (…)
Et tu es là planté en attendant que ça se passe
Et il ne tient qu’à toi que se brise la glace
Nous sommes tous du même diamant
Un deux trois et quatre un seul éclat
Nous sommes tous des 4 vents
Et on raisonne de ci-de là
Aya barka la comédie
Aya oui ça suffit”

Dans “Rod balak”, c’est sur un rythme de reggae qu’ils décrivent ce qu’endure un immigré clandestin, en prononçant “rod” comme “road”, car la route d’un immigré est parfois longue…:

“Ce que nous sommes capables
Nul de peut l’imaginer (…)
Traverser des mers de sable
Tout ça à dos de mulet”…

La chanson “Chkoun?” est sur un rythme ska – autre référence aux années 80. “Chorfa” est un reggae. “Jarahtini”, raï sentimental, évoque le “raï-love” si populaire du regretté Cheb Hasni, toujours aimé dans tout le Maghreb. “Allah idaoui” est un clin d’oeil au chaabi, avec en plus l’énergie de cordes qui deviennent flamenco énergique, et du rythme vif des percussions.

Le groupe est en tournée (les dates sur leur myspace): ils seront cet été partout en France. Ils étaient aussi, fin juillet, au WOMAD, qui est l’un des plus grands festivals de musiques du monde… initié par Peter Gabriel (World of Music, Arts and Dance). L’une des meilleures preuves de leur qualité musicale !

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