Le procès manqué du génocide


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Drapeau du Rwanda
Drapeau du Rwanda

Ce mardi 2 avril aurait dû s’ouvrir le procès le plus important du Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR). Depuis six ans, le colonel Théoneste Bagosora doit être jugé pour le génocide anti-Tutsis de 1994. De manoeuvres dilatoires en lourdeurs administratives, le procès ne cesse d’être ajourné. C’aurait du être hier, ce sera en septembre.

Ce mardi 2 avril devait s’ouvrir à Arusha (Tanzanie) le procès de Théoneste Bagosora et de trois officiers supérieurs de l’armée rwandaise. Le principal suspect est inculpé de génocide, crime contre l’humanité pour viols, extermination, assassinats, persécutions et autres actes inhumains. Il doit répondre du génocide anti-Tutsis qui a fait un million de morts d’avril à juillet 1994. A l’époque, dès après l’attentat qui avait causé la mort du président Habyarimana, c’est lui qui avait assuré l’intérim et prit la direction des opérations. Mais une fois de plus, le  » colonel de l’Apocalypse  » échappe à son jugement.

L’attente

Manoeuvres dilatoires. Arrêté en 1996 au Cameroun, Bagosora aura déjà attendu six ans avant que la date officielle de l’ouverture du procès ne soit fixée. Lourdeurs administratives, difficultés à mener l’enquête expliquent en partie ces lenteurs. Ce n’est qu’en 1999 que Kigali accepte d’ouvrir les archives militaires et de fournir quelques-uns des documents essentiels au Parquet. Pendant ce délai, la défense de Bagosora n’aura de cesse de récuser témoins et enquêteurs, les accusant d’être juges et parties dans l’affaire du conflit inter-ethnique. Dernier coup de théâtre, après avoir refusé d’assister hier à son propre jugement, Bagosora casse la procédure. Motif : les pièces du dossier, censées être traduites en anglais, en français et en kinyarwandan, ne sont disponibles qu’en anglais.

Pour la forme, la procureur Carla Del Ponte a bien initié le procès, mais le juge Lloyd Williams a reporté la suite des événements au mois de septembre prochain. Parce que le TPIR n’aura pas eu le temps, en six ans, de traduire les documents nécessaires, la vérité sur l’attentat du président Habyarimana, sur la planification du génocide et sur ses auteurs attendra. Face aux douze charges qui pèsent contre lui, Bagosora plaide non-coupable.

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