Le président El-Béchir défie la CPI en se rendant au Tchad


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Le président soudanais Omar el-Béchir, sous le coup de deux mandats d’arrêt émanant de la Cour pénale internationale (CPI), s’est rendu à N’Djamena mercredi pour la conférence des chefs d’Etat de la communauté des Etats sahélo-sahariens (Censad). Le Tchad, qui reconnaît l’autorité de la CPI, est le premier pays à braver l’accord en hébergeant un homme accusé de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de génocide.

À peine plus d’une semaine après la délivrance d’un nouveau mandat d’arrêt pour génocide par la Cour pénale internationale (CPI), le président Omar el-Béchir défie La Haye. Le chef d’Etat est arrivé mercredi à N’Djamena, capitale du Tchad, où il doit participer à la conférence des chefs d’Etat de la communauté des Etats sahélo-sahariens (Censad) qui aura lieu le lendemain. Le Tchad a pourtant ratifié le Statut de Rome et s’est engagé à respecter l’autorité de la CPI. En théorie, le président soudanais encourt le risque d’être mis sous les verrous. En théorie seulement car le raïs soudanais voyage avec l’assurance de son homologue tchadien, Idriss Déby Itno, d’échapper à la justice internationale. «Ce n’est pas au Tchad qu’el-Béchir sera arrêté» a d’ailleurs déclaré ce mercredi le ministre tchadien de l’Intérieur, Ahmat Mahamat Bachir à l’arrivée du raïs soudanais.

Les relations Tchad-Soudan

En préparation de la visite du raïs soudanais, Khartoum a expulsé mardi trois des leaders de la rébellion tchadienne en direction de Doha, au Qatar. Après plus de cinq années de guerre larvée entre le Tchad et le Soudan par rebelles interposés, les deux pays ont trouvé un terrain d’entente en signant en janvier « un accord de normalisation » qui comprenait l’expulsion des rebelles. Le président tchadien, qui s’était rendu à Khartoum en février, avait expulsé en mai Khalil Ibrahim, le chef du Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM). « Après l’expulsion de Khalil Ibrahim (par le Tchad), c’était au tour des Soudanais de respecter leur part du contrat », a expliqué un responsable de la rébellion tchadienne. Avant cette récente réconciliation, le Tchad soutenait des rebelles hostiles à Omar el-Béchir et le Soudan faisait de même pour provoquer la destitution d’Idriss Deby Itno.

L’Union africaine ne soutient pas la CPI

Visite de politesse du président el-Béchir ou défi lancée à l’instance pénale internationale ? Le président soudanais sait qu’il jouit du soutien de l’Union africaine (UA). Lors du dernier sommet du 3 juillet réunissant en Libye tous les chefs d’Etat du continent, l’UA a décidé de suspendre sa coopération avec la CPI dans l’affaire el-Béchir. Au lendemain de la délivrance du second mandat d’arrêt à son encontre, l’UA a réitéré sa position. Le Tchad s’inscrirait donc dans cette lignée. Or, dans une interview accordée à RFI, le procureur de la CPI, Luis Moreno Ocampo rappelle que : « Ce n’est pas l’Union africaine qui est signataire du traité de Rome, ce sont les Etats. Par exemple, il y a quelque temps, le président el-Béchir voulait aller en Afrique du Sud à la cérémonie d’investiture du président Zuma et il a été prévenu que s’il y allait, il serait arrêté. » En accueillant Omar el-Béchir, Tchad devient le premier pays membre de la CPI à héberger un criminel de guerre.

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