Le Pont Faidherbe, symbole de l’amitié franco-sénégalaise


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Bonne affaire pour l’aide française au développement, le nouveau pont Faidherbe, symbole de la ville de Saint-Louis, pourrait également servir les intérêts du président Abdoulaye Wade, candidat déclaré à sa propre succession, lors des élections présidentielles de février 2012.

La coopération franco-sénégalaise est à l’honneur ! Ce samedi 19 novembre, le président Abdoulaye Wade a inauguré en grandes pompes le pont Faidherbe, qui relie l’île de Saint-Louis au continent. Construit en 1897 et inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, l’édifice, qui porte le nom de l’ancien colonisateur, le général Louis Faidherbe, menaçait de s’effondrer. Essentiel à la vie des Saint-Louisiens, ce pont est emprunté quotidiennement par environ 80.000 piétons et 20.000 voitures. L’ouvrage métallique d’une longueur de 515 mètres a été refait à l’identique avec ses sept arches enjambant le fleuve Sénégal. Les travaux de réhabilitation de cet emblème de l’ancienne capitale de l’Afrique occidentale française ont duré trois ans et coûté la bagatelle de 22,5 milliards de francs CFA (environ 34 millions d’euros), financés à hauteur de 40% par l’Agence française de développement (AFD) et confiés à l’entreprise Eiffage. La boucle de l’aide française au développement est bouclée…

Vers midi et demi, le cortège présidentiel a donc traversé le pont pour entrer dans la vieille ville. Vêtu d’un grand boubou bleu brodé de fil d’or, le président a procédé au symbolique coupé de ruban accompagné de l’ambassadeur de France, du patron du groupe Eiffage, du directeur général de l’AFD, du maire de la ville et de son fils Karim, ministre de la Coopération internationale, des Transports aériens, des Infrastructures et de l’Energie. Le président est ensuite remonté dans sa limousine Mercedes noire pour rejoindre la place où devait se tenir le reste de la cérémonie suivi d’une foule de militants chauffés à blanc par la voix de son griot, Abdoulaye Mbaye Pekh, lançant des « Laye Wade, nous voterons pour toi en 2012 ! » en wolof. Politicien invétéré, Abdoulaye Wade a évidemment profité de l’événement pour sonner la mobilisation de ses troupes. La reconquête de Saint-Louis, perdue lors des Municipales de 2009, constitue un objectif prioritaire pour le Parti démocratique sénégalais (PDS, au pouvoir) en vue des élections présidentielles de février prochain.

Le « combattant infatigable du développement » en campagne

Réunis place Faidherbe, encore lui, les orateurs se sont succédé pendant deux tours d’horloge à la tribune. Puis, une dizaine de griottes ont égayé l’assemblée en chantant, dans la langue de Molière s’il vous plaît, les louanges du chef de l’Etat. Après avoir énuméré une à une les réalisations d’Abdoulaye Wade depuis 2000, les griottes ont salué « l’homme aux idées novatrices, combattant infatigable du développement et premier démocrate africain ». Ses détracteurs, qui jugent sa candidature à un troisième mandat « inconstitutionnelle », apprécieront.

Jamais avare d’anecdotes, Abdoulaye Wade a rappelé que le pont Faidherbe était « le pont de (son) enfance » avant de raconter comment il avait convaincu Jacques Chirac d’apporter le soutien de la France à sa réhabilitation. Une aide annoncée lors de la visite d’Etat de l’ancien président français en 2005. Abdoulaye Wade a salué ce « symbole de l’amitié et de la coopération entre la France et le Sénégal » et remercié l’ancienne puissance coloniale pour son appui. « Comme vous le savez, je ne veux construire que du durable, a ensuite expliqué le « président bâtisseur ». Ce nouveau pont a une durée de vie de cent ans, mais j’espère qu’il durera au moins 150 ans ! » avant de vanter son bilan et d’énoncer ses projets futurs.

Plus tôt, Dov Zerah, directeur général de l’AFD, avait magnifié les relations entre les deux pays et conclu son intervention par ces mots : « Longue vie au pont ! Longue vie à Saint-Louis et longue vie à l’amitié franco-sénégalaise ! ». À quelques mètres de là, l’épitaphe gravée dans la pierre de la statue du général Faidherbe, toujours lui, parle d’elle-même. « Au Sénégal reconnaissant ».

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