Le Nigeria d’accord pour extrader Charles Taylor


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Les autorités nigérianes ont accepté, samedi, d’extrader l’ancien homme fort du Liberia Charles Taylor, suite aux injonctions de la Présidente Ellen Johnson-Sirleaf et à la pression internationale. Quand ? Au Liberia ou en Sierra Leone ? Aucune précision n’a encore été apportée sur ces questions. Le procureur du Tribunal spécial pour les crimes de guerre en Sierra Leone a demandé, dimanche, son arrestation immédiate pour l’empêcher de fuir.

Charles Taylor sous les verrous ? C’est du moins ce qu’ont promis les autorités nigérianes en annonçant, samedi, leur intention de remettre l’ancien numéro un du Liberia, en exil au Nigeria, aux mains de la justice. Et c’est aussi ce que demande le Tribunal spécial pour les crimes de guerre en Sierra Leone, qui a estimé, dimanche, que le chef de guerre devrait être immédiatement appréhendé afin qu’il évite de fuir. Abuja n’a toutefois donné aucune précision ni sur le lieu, ni sur sa date d’extradition.

Poursuivi par les Nations-Unis pour 17 chefs d’inculpation pour « crimes de guerre et crimes contre l’humanité », l’ancien chef de guerre vit un exil doré au Nigeria depuis 2003. Ancien homme fort du Liberia, il a été Président de 1997 à 2003, où il a été forcé de quitter le pouvoir, mettant ainsi fin à une guerre civile de 14 ans qui a fait plus de 200 000 victimes. Accusé de recruter des enfants soldats, il a également soutenu la rébellion sierra-léonaise. Sous le coup d’un mandat d’arrêt international, c’est à Calabar dans le Sud du Nigeria qu’il a trouvé refuge. Considéré comme un fugitif par le Tribunal de Freetown, une résolution onusienne lui interdit de voyager hors du Nigeria.

Taylor, dangereux pour le Liberia et pour la Sierra Leone

Le porte-parole du gouvernement nigérian, Femi Fani-Kayode a donc mis fin, samedi, au suspens. Et ce après une réunion la veille avec les autorités libériennes. Ellen Johnson-Sirleaf, la Présidente du pays, avait demandé, plus tôt dans le mois, l’extradition de Taylor. Un préalable indispensable derrière lequel le chef de l’Etat nigérian, Olusegun Obasanjo, se retranchait pour faire la sourde oreille aux injonctions des Nations-Unies. A noter que le fait que ce dernier doive rencontrer mercredi son homologue américain George W Bush a dû également peser dans la balance.

Au-delà des déclarations d’intention, le lieu et la date d’extradition demeurent un mystère. Sera-t-il livré à la justice libérienne ou à celle du tribunal des Nations-Unies en Sierra Leone ? Quel que soit l’endroit, Charles Taylor fait toujours peur et son transfert nourrit de vives inquiétudes d’une partie de la classe politique de chaque pays, qui craint que sa venue menace un équilibre déjà fragile. Taylor a, en effet gardé de nombreuses relations dans la région. Si Eric Kennedy, un responsable du Parti National Patriotique (Liberia), estime que « le Nigeria n’aurait jamais dû accepter » et qu’il y « aura certaines conséquences » car « il est soutenu par beaucoup de gens », le secrétaire général du Parti du Front Révolutionnaire Uni (Sierra Leone) juge que le personnage est « dangereux » pour son pays. D’autant que la Sierra Leone se prépare, pour 2007, aux premières élections générales depuis la fin de la guerre. Le spectre Taylor plane donc encore dans les esprits et assombrit d’un voile noir le désir proclamé de justice.

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