Le Niger en lutte contre la désertification


Lecture 5 min.
arton9065

Le Niger vient de lancer un plan national de lutte contre la désertification. Objectif : optimiser le rendement des terres appauvries par la surexploitation ou la déforestation pour accroître la production alimentaire. Les résultats encourageants de l’expérience pilote à Bougoum, dans la communauté urbaine de Niamey, laissent augurer d’un avenir verdoyant.

Du balai, les dunes de sables ! Le gouvernement nigérien semble plus que jamais décidé à ne pas laisser son économie s’ensabler. Il vient de lancer un plan national de lutte contre la désertification, destiné à stopper l’avancée du désert et, au mieux, à gagner du terrain sur les grains de sable qui avanceraient de six kilomètres par an. Pour atteindre ces objectifs, les autorités comptent valoriser les terres souffrant de la surexploitation ou de la déforestation. A terme, le plan pourrait permettre d’assurer les besoins en nourriture du pays, et ainsi éviter les crises alimentaires. L’une d’elles, très sévère, a d’ailleurs récemment touché plus de 3 millions de personnes, pour la plupart des enfants.

3 000 hectares auraient été remis en culture en 2002

Le projet est né il y a quelques années, lorsque le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre la Désertification a lancé une expérience pilote à Bougoum, dans la communauté urbaine de Niamey. « Plusieurs méthodes étaient utilisées. Les banquettes, pierres sèches entourées de fil de fer galvanisé, ralentissent la vitesse de passage de l’eau sur les sols et empêche le sable d’être charrié dans le Fleuve Niger. Les demi-lunes, des plantes ou des arbres, participent à la fixation biologique du milieu. On utilise aussi le zai, une méthode traditionnelle améliorée qui permet aux populations de fertiliser des terres complètement dénudées et d’augmenter la productivité : les paysans font des petits trous dans la terre de 20 cm de diamètres environ et de 15 à 20 cm de profondeur où ils mettent du fumier. Par endroits, on utilise la technique du seuil d’épandage qui consiste à orienter l’eau qui dans tombe des sillons vers les terres, et non vers le fleuve, pour faciliter l’irrigation », commente Hassane Saley, Secrétaire exécutif du Conseil national de l’environnement pour un développement durable.

Grâce à ce plan de revalorisation des sols, quelque 3 000 hectares auraient été remis en culture en 2002. Les résultats ayant été encourageants, les autorités ont décidé d’étendre le concept à l’échelle nationale. Le processus se poursuit dans la région de Niamey et chacune des sept autre régions du pays décidera quand lancer sa campagne. D’après le site Media Terre, l’Etat nigérien entend débourser 1,1 milliard de FCFA pour restaurer « 8 000 hectares de terres agricoles rognées par les sables. (…) Dans chacune de ces régions, il s’agira de récupérer d’ici le mois de juin prochain 1 000 hectares de terres ». Pour accomplir cette tâche, des milliers de personnes devraient être embauchées pour mettre en place les dispositifs luttant contre l’érosion des sols.

Les arbres plantés ne sont pas supervisés

Le travail sera colossal. Le pays serait désertique sur un surface allant des trois-quarts aux deux tiers de son territoire. « Plusieurs facteurs expliquent la désertification importante du pays. Les hommes ont besoin de terres pour cultiver. Ils coupent donc des arbres, ce qui provoque une baisse du couvert végétal. Il y a par ailleurs beaucoup de têtes de bétail, qui consomment énormément de végétaux et piétinent beaucoup dans les zones pastorales, ce qui entraîne aussi un recul du couvert végétal. Mais il y a surtout le changement climatique, qui mène à une variabilité de la fréquence des pluies. Du coup, les plantes meurent et, dans l’Est, les dunes de sable avancent. A tel point que nous sommes obligés de déblayer les routes à chaque fois », souligne Hassane Saley, du Conseil national de l’environnement pour un développement durable. Au final, « le Niger est confronté à des défis environnementaux, sa faune sauvage a diminué de 90% en 30 ans et les effets de la dégradation des sols engendrent des conflits fonciers et l’exode rural », explique Michèle Falavigna, représentante du Programme des Nations Unies pour le développement, dont les propos sont rapportés par l’Agence France Presse.

Le pays avait pourtant eu une initiative originale pour faire reculer le désert. Chaque 3 août, c’est la fête de l’arbre. Une journée qui célèbre l’Indépendance et lors de laquelle les habitants sont appelés à planter des arbres. Problème : « Si on plante et qu’il n’y a aucun suivi, cela ne sert à rien. Si les gens ont planté un arbre très loin de chez eux, il est difficile pour eux d’en prendre soin. Or, avec le cheptel, s’il n’y a pas un temps de protection après qu’il ait été planté, l’arbre ne poussera jamais. Il existe toutefois des plantations d’arbres, comme celui de la gomme arabique, qui sont très bien encadrées par des sociétés privées », poursuit Hassane Saley.

L’aide des étrangers serait aussi la bienvenue. Certains partenaires se sont montrés intéressés pour participer à la lutte contre la désertification lors d’une consultation sectorielle sur l’environnement et la désertification qui s’est tenue les 16, 17 et 18 novembre derniers. Un coup de pouce qui ne sera pas de trop.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News