Le Monde, quotidien non grata au Maroc


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Le Monde dans la ligne de mire du pouvoir marocain. Le quotidien français a été interdit à la vente, mardi, dans le Royaume chérifien en raison de la publication d’une enquête sur le bilan du règne de Mohammed VI. Une interdiction qui fait suite à la saisie de deux hebdomadaires marocains, TelQuel et Nichane (version arabe).

Le quotidien français Le Monde reconduit à la frontière. « L’édition du 4 août n’a pas été autorisée à fouler le sol marocain à son arrivée lundi soir à l’aéroport de Casablanca. Il ne sera pas mis en vente mardi dans les kiosques », a déclaré à l’AFP un responsable marocain. Raison invoquée : la publication d’un sondage sur le bilan du règne du roi Mohammed VI. « C’est une question de cohérence », explique le ministère de la Communication Khalid Naciri, « la monarchie du Maroc n’est pas en équation et ne peut faire l’objet d’un débat même par voie de sondage ».

Cette décision a déclenché la surprise du ministère français des Affaires étrangères qui « regrette » la mise en place de cette mesure. « Nous sommes particulièrement attachés à la liberté d’expression, protégée par le Pacte international des Nations unies relatif aux droits civils et politiques qu’a ratifié le Maroc, et à son corollaire, la liberté de la presse », a expliqué, mardi, Romain Nadal, le porte-parole du Quai d’Orsay. Cette interdiction intervient après la saisie samedi des deux derniers numéros des hebdomadaires indépendants marocains TelQuel et Nichane (sa version arabe), qui ont publié le même sondage effectué en partenariat avec le quotidien Le Monde.

91% des Marocains jugent positif le bilan du roi Mohammed VI

Une saisie guère compréhensive au vue des résultats de l’enquête. Quatre-vingt-onze pour cent des Marocains interrogés ont jugé positif le bilan du roi Mohammed VI, lors des dix premières années de son règne. Les journaux visés par cette interdiction ont décidé de passer outre la décision des autorités. Le Monde a déclaré qu’il maintiendrait la publication de ce sondage à destination du Maroc. Et le groupe TelQuel a pour sa part annoncé lundi qu’il déposerait mardi une plainte au tribunal administratif de Casablanca arguant qu’ « aucune loi n’interdisait les sondages ». Selon le directeur de publication des hebdomadaires marocains concernés, Ahmed Benchemsi, « les responsables ont interdit nos 100 000 exemplaires (de TelQuel et de Nichane) en s’appuyant sur des articles de la constitution et du code de la presse qui qualifient de sacrée la personnalité du roi ».

Reporters sans frontières (RSF) et le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) ont condamné avec « force » la saisie des 100 000 exemplaires de TelQuel et de Nichane jugeant cette décision « archaïque et illégale ». Cette décision questionne sur la liberté de presse au Maroc.

Lire aussi : Maroc : le verdict de l’affaire Nichane relance le débat sur la liberté de la presse

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