Le Maroc se prépare à la guerre en Irak


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Où en sont les réserves pétrolières du Maroc ? Combien de temps le pays tiendra-t-il en cas de pénurie ? Le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Boutaleb, étudie les scénarios possibles si la guerre éclate en Irak.

C’est devenu le sujet d’actualité et d’interrogations pour les décideurs. Si la guerre éclate en Irak, le Maroc peut tenir, et dans le cas extrême (raréfaction des produits raffinés et du brut), aura recours à une distribution planifiée. Le ministre fait aussi le point sur la crise qu’a connue la Samir (Société Anonyme Marocaine d’Industries de Raffinage).

L’Economiste : Avec l’imminence d’une guerre en Irak, quel est votre plan d’urgence?

Mohamed Boutaleb : Normalement, un pays comme le Maroc, qui dépend des importations des produits pétroliers, doit détenir un stock de sécurité. Et ce, qu’il y ait guerre ou pas. Car il faut tenir compte d’aléas tels que les catastrophes naturelles. C’est ce qui s’est produit dans la région de Settat, Berrechid et Mohammédia avec les graves inondations de novembre 2002. Avec l’arrêt de la raffinerie de la Samir (à cause d’un incendie lié aux inondations, ndlr), nous avons eu recours au stock de sécurité. Nous avons évité la pénurie. Ce stock a été utilisé en attendant le lancement du plan de réapprovisionnement. Aujourd’hui, nous l’avons rapidement reconstitué. Nous possédons un stock permettant de tenir 80 jours. A la fin du mois, nous atteindrons les 90 jours.

L’Economiste : Disposer d’un stock de sécurité est-il suffisant dans la conjoncture actuelle?

Mohamed Boutaleb : Le plus important est de disposer réellement de ce stock. Les pays importateurs jouent automatiquement sur les stocks en période de guerre mais le processus d’importation ne s’arrête pas. Il s’appuie sur une planification des contrats dans le temps. Nous en avons passé jusqu’au mois de juin. En période de guerre, si pour une raison donnée le système devient fermé, nous passerons à une planification de la distribution. D’ailleurs, lors des inondations survenues à Mohammédia, nous avons déclenché le système d’importation avant l’incendie. Et le lendemain, nous avons mis en place un comité national d’approvisionnement. Ce comité est toujours fonctionnel. Personnellement, je ne pense pas que nous allons atteindre cette situation. Le Maroc se trouve dans une position géostratégique et géographique lui donnant une chance naturelle, celle d’être dans l’Europe. Nous sommes donc dans la même situation que la France, l’Espagne et le Portugal en termes d’approvisionnement. Je pense que l’UE (Union économique, ndlr) a pris les dispositions nécessaires dans le cas d’une rupture de l’approvisionnement. Aujourd’hui, avec l’augmentation de la consommation dans l’Union, une réflexion est menée pour faire passer les stocks de sécurité de 90 jours à 120 jours.

L’Economiste : Pensez-vous créer une nouvelle raffinerie?

Mohamed Boutaleb : Il s’agit plutôt d’une seconde entrée aux produits pétroliers. Théoriquement, nous pouvons nous dispenser de raffinage et assurer l’approvisionnement en produits finis mais le Maroc a besoin d’une raffinerie. L’accident survenu à la Samir a montré qu’il est fondamental de monter un programme de délocalisation du raffinage et de l’approvisionnement. Une étude de pré-faisabilité est menée en ce moment. Faire du raffinage complémentaire dans d’autres régions figure parmi les options envisageables.

L’Economiste : On parle de plus en plus d’une récente découverte de pétrole à Talsinnt. Qu’en est-il exactement ?

Mohamed Boutaleb : La région de Talsinnt a un haut potentiel. Un forage d’exploration y a été réalisé et a donné un résultat positif. C’est ce qu’on appelle dans notre jargon un indice pétrolier. La société qui était en charge de la réalisation des travaux n’avait pas assez de fonds pour poursuivre son activité. A présent, un nouvel opérateur, Maghreb Petrolium Exploration, s’en charge et effectue ses évaluations. Le passage au stade de développement nécessite au moins 3 à 4 ans et il faut près de 5 ans pour arriver au stade de la production.

De notre partenaire l’Economiste ;

Propos recueillis par Khadija Masmoudi et Mohamed Benabid.

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