Le Maroc cède aux sirènes des prénoms amazighs


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Le Maroc reconnaît désormais les prénoms amazighs. Une circulaire envoyée à l’ensemble des administrations du royaume et à l’étranger met fin à une discrimination caractérisée à l’encontre des premiers habitants du Maghreb.

La fin de l’embargo des prénoms berbères au Maroc. Le ministre marocain de l’Intérieur, Mohand Laenser, a ordonné l’envoi à tous les bureaux d’état civil du pays et à l’étranger de la circulaire 32.20 relative à la levée de l’interdiction des prénoms amazighs. Le texte met fin à un racisme que subissent depuis des années les familles berbères au Maroc. Toutefois, le bras-de-fer entre la communauté amazigh et le gouvernement qui a débuté en 1996 n’a pas été de tout repos. En témoigne d’ailleurs le nombre d’années pour en arriver à cette conclusion. A l’initiative de l’interdiction : Driss Basri, ministre de l’Intérieur de l’époque, et Abdelouahab Ben Mansour, président de la Haute commission de l’état civil et historiographe, sous l’impulsion du palais.

Cette interdiction a semé de nombreuses discordes. Alors que la décision de ne plus attribuer de prénoms berbères est appliquée dans l’ensemble du royaume, de nombreux parents voulant donner un prénom amazigh à leurs enfants ont dû entamer des poursuites judiciaires. De longues procédures qui ont non seulement un coût mais qui ont surtout laissé sur le côté de nombreux enfants sans prénoms officiels, par conséquent inexistants aux yeux de l’état civil marocain. En effet, les parents ont refusé de se plier à cette règle et ont préféré engager des poursuites contre l’Etat. Des procès gagnés par l’ensemble des familles. Preuve que la décision d’interdire les prénoms amazighs est anticonstitutionnelle.

« Le comble du ridicule est qu’il y avait des prénoms qui étaient interdits dans une ville et autorisé dans une autre, comme s’il y avait deux lois dans un seul et même pays. C’est le cas par exemple du prénom Numidia qui avait été interdit à Al Hoceima et accepté à Nador. Ou encore le prénom Youba interdit à Casablanca et autorisé à Kénitra ! », affirme Mounir Kejji, militant amazigh, selon le site d’information en ligne Yabiladi.

Désormais, et cette fois-ci de manière officielle, les prénoms amazighs fleuriront de nouveau dans les livrets de familles marocains. Reste à savoir si la mesure sera observée dans l’ensemble des bureaux d’état civil. Certains peuvent passer outre la circulaire et refuser d’inscrire les prénoms amazighs, car même si l’interdiction est levée certains peuvent continuer à s’enfoncer dans leur comportement discriminant à l’encontre des us et coutumes de la communauté berbère.

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