Le Gabon en faveur d’une mobilisation mondiale contre le braconnage


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Ali Bongo Ondimba, invité spécial des 39e Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD), qui se sont tenues au Maroc du 27 au 31 mai 2013, a tiré la sonnette d’alarme : « Le Gabon, comme le reste de l’Afrique, fait l’objet d’une attaque de la part des trafiquants d’animaux ». Premier chef d’Etat du continent à apporter son soutien à la nouvelle campagne BAD/WWF contre le trafic illicite d’espèces sauvages, le président gabonais demande la création d’un fonds panafricain pour répondre aux crises environnementales, rapporte la presse présidentielle gabonaise.

(De notre correspondant)

La Banque africaine de développement (BAD) et le WWF lancent un appel conjoint à l’action et à l’engagement des gouvernements et d’autres institutions pour combattre le fléau du trafic illicite d’espèces de faune et de flore sauvages responsable du pillage des ressources naturelles africaines, et représentant une menace majeure pour la stabilité et l’économie du continent. Le président gabonais veut apporter sa contribution pour ce combat pour la protection de la faune.

L’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) est la seule institution publique africaine de l’environnement représentée aux Assemblées de Marrakech par un stand officiel.

« Nous sommes attaqués, l’Afrique est attaquée », prévient d’entrée de jeu et avec gravité le président Bongo Ondimba qui partage la tribune de cette session exceptionnelle de la BAD, modérée par le fondateur du NY Forum Africa Richard Attias, avec le président de l’institution Donald Kaberuka et le directeur général du Fonds mondial pour la nature Jim Leape. « Il ne s’agit pas seulement d’un problème environnemental, souligne-t-il. Les braconniers s’introduisent dans des régions en paix, ouvrant la porte à une spirale de la criminalité et de la souffrance. Ils commencent par tuer les rhinocéros et les éléphants, ensuite ils se rabattent sur le bois et les minéraux, puis deviennent des voleurs, des bandits, et finalement des rebelles. Aujourd’hui, le crime sur la faune sauvage est devenu une menace grave pour la souveraineté et la stabilité de certains de nos pays », a souligné Ali Bongo Ondimba.

Cette « attaque » est également une menace sociale et économique, « un risque pour la santé, une destruction des biens naturels dont dépendent nos citoyens ruraux, un découragement pour les investissements qui freine la croissance de nations entières ». Quelque 60% des éléphants d’Afrique ont été rayés de la carte au cours des dix dernières années. Le Gabon a perdu un tiers de ses troupeaux, « essentiellement du fait d’un braconnage transfrontalier perpétré par des gangs armés jusqu’aux dents ». Confirmation de Jim Leape : « Ce crime a des répercussions sérieuses sur la sécurité nationale, l’état de droit et le bien-être des populations dans toute l’Afrique. Il faut agir maintenant, et au plus haut niveau, pour endiguer cette crise ».

Appuyés par le Gabon, la Banque africaine de développement et le Fonds mondial pour la nature publient la « Déclaration de Marrakech » qui souligne la nature incontrôlée du trafic illicite d’espèces de faune et de flore sauvages et incite vivement « les pays et leurs citoyens à agir rapidement pour lutter contre le trafic illégal d’espèces de faune et de flore sauvages en Afrique et dans le monde entier ». Un texte qui entend s’assurer que « les suspects appréhendés pour trafic soient traités comme des criminels dangereux ».

« Nos peuples, nos ressources naturelles et notre développement économique même sont en danger, s’inquiète Donald Kaberuka. J’appelle tous les dirigeants en Afrique et partout ailleurs à investir dans l’avenir de notre région, par tous les moyens possibles, pour renforcer l’application des lois et la justice pénale face à ces crimes ».

Une déclaration et la mobilisation des opinions ne suffiront pas.
« Nous en appelons à la Banque africaine de développement, insiste Ali Bongo Ondimba, pour qu’elle lance un fonds spécial pour les crises environnementales. Un tel fonds nous aidera à former, à équiper et à mobiliser le personnel de divers services dans le domaine de la faune sauvage et affectés aux parcs nationaux, partout où prévaut une situation qui menace notre patrimoine naturel et culturel. Il devrait également constituer une provision afin de s’occuper des familles des gardes tués ou blessés dans l’exercice de leurs fonctions ; et aussi destinée à éduquer les enfants dans les pays sources et les pays demandeurs sur la menace que pose le crime contre les animaux sauvages pour notre planète ».

Pour le président gabonais, être l’initiateur de ce combat n’est pas une fin en soi. Plutôt le commencement d’un long cheminement. A l’Assemblée générale de l’ONU en septembre, au sommet des chefs d’Etat que préparent le prince de Galles et le gouvernement britannique, l’action sera une obligation. « Donnez dix ans de paix globale à notre continent, et vous ne reconnaîtrez pas l’Afrique », lance en guise de viatique le président gabonais. « Agissons ! Agissons au nom de nos frères et de nos sœurs. Au nom de ceux que je représente devant vous, ces gardes gabonais qui chaque jour risquent leur vie pour protéger notre patrimoine. Cette Afrique éternelle des forêts et des savanes peuplées d’hommes et d’animaux. Notre seul bien commun ».

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