Le désastre des hôpitaux marocains


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Les hôpitaux marocains sont à ce jour incapables de couvrir les besoins de la totalité de sa population. Quant aux conditions d’hospitalisation, malgré quelques nettes améliorations, elles sont, pour beaucoup d’hôpitaux, désastreuses.

Au Maroc, le plus grand malade est l’hôpital. Avec quelque 122 hôpitaux, pour un total de 26 000 lits, le pays est dans l’incapacité de subvenir aux besoins médicaux de l’ensemble de la population qui s’élève à plus de 30 000 millions. Les établissements de santé souffrent gravement d’une carence en ressources financières, équipements et personnels. Les chiffres sont alarmants : 46 médecins pour 100 000 habitants, dont 44% d’entre eux sont implantés entre Rabat et Casablanca.

Avoir le droit à des soins décents n’est vraisemblablement pas la priorité du gouvernement. Par exemple, pour qu’elle puisse accoucher, une femme doit d’abord s’acquitter d’une certaine somme avant d’être admise à l’hôpital. Et tous les Marocains ne bénéficient pas d’une couverture médicale. Pourtant, il est très fréquent que ces derniers soient amenés à se procurer eux-mêmes leurs propres médicaments et autres fournitures en cas d’hospitalisation.

Du drame à la honte

Les scandales qui ont frappé les hôpitaux marocains sont très nombreux. Parmi eux, celui de l’hôpital Ibn Al Khatib et sa fameuse histoire de bébés attaqués par des rats. Il est plus que fréquent de trouver des animaux, spécialement des chats et rats, dans les hôpitaux de l’Etat. Le problème de l’hygiène se pose.

Ce drame n’est pas un cas isolé. Une vidéo qui circule sur Internet depuis quelques temps montre des femmes enceintes gémissant à même le sol à l’hôpital de Beni Mellal, dans la région du Moyen-Atlas. Ces femmes enceintes, arrivées à terme, attendent d’être prises en charge par le personnel médical. La vidéo a provoqué l’indignation.

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L’hôpital de Beni Mellal est très souvent pointé du doigt. Dans de nombreux hôpitaux marocains, la literie laisse à désirer, les murs sont délabrés. A une époque pas si lointaine, peut-être même encore aujourd’hui, au service pédiatrie les enfants étaient allongés sur des matelas au sol les uns à côté des autres.

Manque de compétences

Un internaute raconte l’histoire d’un de ses amis de Paris venu en vacances à Oujda. A la suite d’un accident, celui-ci a été hospitalisé à Al Farabi, « le sois disant plus grand hôpital de l’Oriental ». Il a hérité d’un lit sans matelas. « Une planche faisait office de matelas dans une chambre sans chauffage », alors que durant la période où il était à Oujda « la température tourne autour du zéro degré ». Mais le plus troublant dans cette affaire, c’est que le neurologue a ausculté ce patient à distance, « via une infirmière » ! Traumatisée, le patient a quitté l’hôpital pour une clinique privée dans une autre ville.

Ausculter un patient à distance peut s’avérer mortel. C’est ce qui est arrivé à la grand-mère de cet internaute : « Oui effectivement les conditions de soin dans cet hôpital sont désastreux. Ma tante y est morte d’un cancer de l’estomac, après qu’on lui ait diagnostiqué une appendicite. Bref, elle a passé ses derniers instants dans des conditions d’hygiènes déplorables ! Ma mère m’a expliqué que les chambres étaient infestées de blattes, de rats… »

Les cliniques privées offrent, comme partout, des avantages que les patients ne trouvent pas dans le public. Le secteur privé offre une capacité litière d’environ 5 500 lits, soit 18 % de la capacité litière totale. Mais le grand problème dans le privé, c’est le prix. Il varie très souvent en fonction de la situation financière du patient. Plus vous êtes riches, plus la facture s’élève. Parfois, des médecins peu scrupuleux trouvent le moyen de retenir pendant plusieurs jours, sans raison spécifique, un patient uniquement pour gonfler la note. Quant à certaines cliniques privées, elles n’offrent pas le confort médial recherché.

Vers une amélioration ?

L’amélioration des soins figure, à priori, parmi les priorités de la loi de Finance 2013. Les moyens octroyés au secteur de la santé ont progressé de 4,14% en 2013. Ainsi, le budget du ministère de la santé, dirigé par Lhoussaine Louardi, est passé de 11,88 milliards de dirhams (DH) en 2012 à 12,372 milliards de dirhams en 2013. Les dépenses liées au personnel, déjà peu élevées, connaissent toutefois une légère régression. Le budget est passé de 6,65 milliards DH à 6,42 milliards DH.

L’action du gouvernement s’articule désormais autour de plusieurs axes. Sa nouvelle stratégie consiste à améliorer la disponibilité des soins hospitaliers et l’accueil, l’un des nombreux talons d’Achille des hôpitaux marocains. Les efforts sont également orientés vers la mise à niveau des services des urgences et la réorganisation de la filière de secours, l’extension du réseau hospitalier, le renforcement et le développement de la santé de la mère et de l’enfant.

Les nouvelles réformes passent également par la poursuite de la mise à niveau des hôpitaux et des constructions d’hôpitaux régionaux, provinciaux et locaux. Des mesures telles que le développement du partenariat public-privé, la mise à niveau de l’arsenal juridique ou encore la mise en œuvre de la couverture médicale de base font partie des autres axes.

Le chemin vers un hôpital marocain d’excellence est encore long, « mais accueillir avec humanisme les patients ne nécessite pas de gros moyens », précise un internaute. A quand la fin des mauvaises conditions d’hospitalisation au Maroc ?

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