Le Cran attaque Pascal Sevran en justice


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Pascal Sevran
Pascal Sevran

Le Conseil Représentatif des Associations Noires a décidé de porter plainte contre l’animateur de télé Pascal Sevran pour diffamation raciale et incitation à la haine raciale. Fodé Sylla, dont l’avocat instruit le dossier, soutient l’initiative du Cran et a fait parvenir à Afrik l’objet de la demande d’instruction. La voici à l’état brut. Savoureux…

Attendu qu’il apparaît que Monsieur Jean-Claude Jouhaud, plus connu sous le nom de scène de Pascal Sevran, animateur de télévision, a commis un ouvrage, publié chez Albin Michel en janvier 2006, sous le titre Le Privilège des jonquilles, dont l’indifférence qu’il a suscitée aura certainement incité son illustre auteur à alerter l’opinion publique sur un aphorisme dont il tenait en particulier qu’il fût relevé, en le réitérant à l’occasion d’une entretien, destiné à être publié, tel qu’il le fût le 2 décembre 2006 par le quotidien régional Var Matin/Nice Matin, accordé à Monsieur Lionel Paoli.

Attendu que plutôt que de tempérer la rudesse d’un propos dont le journaliste affirmait, alors sans être démenti, qu’il figurait dans Le Privilège des jonquilles, selon lequel « La bite des noirs est responsable de la famine en Afrique » et sur lequel il l’interrogeait, Monsieur Pascal Sevran a répondu : « et alors ? C’est la vérité ! (…) oui il faudrait stériliser la moitié de la planète ! ».

Attendu que cette réponse est vectrice d’un délit de diffamation envers un groupe de personnes en raison de leur race et d’un délit de provocation à la haine raciale.

I. – Sur le délit de diffamation raciale

Attendu que, par sa réponse confirmative « et alors ? C’est la vérité », Monsieur Pascal Sevran a affirmé la véracité du puissant aphorisme qu’il avait préalablement érigé, selon lequel « la bite des noirs est responsable de la famine en Afrique ».

Que, ce faisant, Monsieur Pascal Sevran impute à un groupe de personnes, les noirs, la responsabilité, in fine, d’un taux particulièrement élevé de mortalité infantile, en Afrique, en raison de la licence avec laquelle elles procréeraient.

Qu’assurément, l’imputation d’être responsable d’innombrables morts d’enfants est attentatoire à l’honneur et à la considération de ceux qu’elle vise.

Qu’à cet égard, il semble que l’auteur ait entendu circonscrire au seul sexe viril noir, vers lequel il focalise toute sa pensée, toujours tendue vers le développement durable, en sus nourrie par ses fréquents va et vient sur le continent noir et sa connaissance approfondie de la jeunesse qui le peuple puisqu’il épargne les ovaires – les olives, pour parler comme le trouvère – noirs de sa foudre.

Attendu que Monsieur Pascal Sevran a tenu à souligner lui-même l’exigence d’une condamnation exemplaire de tels propos diffamatoires, en revendiquant de n’être « pas le seul à (…) dire » de telles sornettes, afin qu’en effet plus personne ne les dénonce, du moins publiquement, ce qui est l’objet de la Loi et, somme toute, sa vocation civilisatrice.

Qu’il sera seulement rappelé à ce propos au trousseur de tricotets que, tout au long de l’histoire de l’humanité, nombreux furent ceux qui disaient que l’homme a été créé tel qu’il est aujourd’hui, que la terre était plate, qu’en train, à plus de 20 km/h, le sang coulait par les oreilles, que les juifs étaient des voleurs, les écossais des pingres, les homosexuels des malades mentaux, François Mitterrand de gauche, Jack Lang lucide, Lionel Jospin membre d’une clique et, malgré le nombre, rien de tout cela n’était vrai, n’est-ce pas ?

Que, pas plus et admettant même, un instant de déraison, cette idée, en effet baroque, selon laquelle les Africains seraient eux-mêmes les exclusifs responsables de leur propre infortune, on ne s’explique que cette saillie vise tous les Noirs, sans distinction, donc les Afro-américains, les Franco-africains, les Antillais… dont on ne voit pas en quoi ils seraient plus responsables que d’autres – les Blancs par exemple, comme ceux qui portent la responsabilité des massacres du Darfour ou du génocide des Tutsis – de la famine en Afrique.

Attendu qu’en conséquence, et au visa de l’alinéa 2 de l’article 32 de la Loi du 29 juillet 1881, le Tribunal constatera qu’en répondant à la question du journaliste sur le point de savoir si, comme il lui est prêté de l’avoir déjà publié, « La bite des noirs est responsable de la famine en Afrique » : « et, alors ? C’est la vérité ! (…) », Monsieur Pascal Sevran s’est rendu coupable de diffamation commise envers un groupe de personnes, les Noirs, à raison de leur appartenance, réelle ou supposée, à une race.

II. – Sur le délit d’incitation a la haine raciale

Mais, attendu qu’en sus, Monsieur Pascal Sevran a tenu à conclure son propos à vocation géo-politique en affirmant que « Oui, il faudrait stériliser la moitié de la planète !».

Que l’on est en droit de considérer que Monsieur Pascal Sevran, dans la cohérence de sa pensée, ne contestera pas que cette « moitié de la planète » est, en fait et dans son esprit, constituée par les Noirs, puisque « l’Afrique crève de tous les enfants qui y naissent sans que leurs parents aient les moyens de les nourrir », et ainsi que tous les lecteurs de l’article en cause l’auront compris.

Attendu qu’il n’est pas douteux que se niche dans cette exhortation à ne pas se contenter, dans ces contrées, d’une stricte interdiction de toute activité hétérosexuelle, prophylaxie qui aurait pu recevoir les faveurs du menstruel philosophe, mais à stériliser « les bites noires », une violence à l’encontre de tous ceux, noirs de peau, pour lesquels cet appendice est destiné à assurer une fonction urinaire, aussi à procurer du plaisir et, pourquoi pas, à se reproduire.

Attendu que, surtout et là encore, on ne peut cacher la consternation dans laquelle plonge une telle sottise tellement, dans les faits, l’Afrique est, d’abord, victime d’une dépression démographique et, dans le principe, elle a vocation à imputer aux Africains eux-mêmes l’entière responsabilité du sous-développement, de la famine, du climat, de la sécheresse et des guerres qui ravagèrent leur continent, et, a contrario, à épargner les puissances coloniales et d’argent, qui ont pillé toutes les richesses de leurs sous-sols et exploité leur main d’œuvre de toute éternité, de toute responsabilité dans la situation dans laquelle un siècle et demi de colonialisme blanc et républicain, libre, égal et fraternel, a abandonné un continent entier, affamé et sidéen, entre les mains de dictateurs plus fréquemment formés à Saint-Cyr qu’en Sorbonne.

Que c’est bien dans cette tradition bien française d’imputation aux victimes de crimes qui les navrent que s’inscrit aujourd’hui Pascal Sevran comme hier Céline, dont la plume était certes plus habile que celle de son lointain et médiocre adepte, imputait aux youpins d’avoir été par leur arrogance atavique, leur propension à contester tous les ordres établis, les responsables de leur propre malheur.

Attendu que, comme il l’a déjà ébauché, il faut craindre que Monsieur Pascal Sevran, qui s’imagine sans doute que de pousser la chansonnette pour divertir les goûters de maisons de retraite, son statut de diva de Comités d’entreprise lui confèrent une compétence particulière sur les sujets les plus sérieux, invoque ce qui serait l’imprescriptibilité de son droit à la parole et à la production sans tabou de solutions qui, pour paraître radicales, n’en seraient pas moins à la mesure de la gravité des problèmes qu’elles prétendent résoudre.

Qu’en somme, la gravité de la solution qu’il appelle de ses voeux, la solution par le vide, par l’interdiction à jamais faite à toute une population de se reproduire, nihiliste en un mot, serait relative à la gravité de la situation démographique et de la mortalité infantile en Afrique.

Mais attendu que, comme l’a pertinemment écrit Olivier Sedeyn : « Il y a eu le nihilisme destructeur et guerrier du nazisme, et il y a le nihilisme mou du relativisme contemporain ».

Que la solution préconisée par Monsieur Pascal Sevran, loin d’être baroque, s’inscrit au contraire dans une tradition politique et culturelle qui, parce qu’elle néglige l’individu pour ne traiter que de groupes, de touts, d’abstractions, les Noirs en l’espèce, comme les Juifs hier ou les Arabes demain, en arrive à le mépriser, à le nier, ….à le stériliser, comme le laboratoire de psychiatrie de l’Université de médecine de Vienne conserve encore dans des flacons de formol des milliers de cervelles prélevées sur des enfants vivants mais jugés, par un médecin devenu l’Expert psychiatre judiciaire autrichien le plus réputé et académien, trop gravement handicapés physiques, handicapés mentaux, voire seulement inadaptés sociaux pour avoir le droit de vivre !

Que c’est doté de l’expérience du siècle et connaissance prise des effets ultimes que peut produire cette idéologie de rejet collectif, de haine totalisante, ce holisme, que le législateur français, unanime, en a interdit toute expression publique du type de celle à laquelle Monsieur Pascal Sevran a tenu à se laisser aller.

Attendu que le Tribunal constatera, au visa de l’alinéa 6 de l’article 24 de la loi du 29 juillet 1881, qu’en prononçant et en publiant la phrase « Oui, il faudrait stériliser la moitié de la planète ! » Monsieur Pascal Sevran s’est rendu coupable du délit de provocation à la haine ou à la violence à l’égard d’un groupe de personnes, les Noirs, en raison de leur appartenance à une race.

Attendu que le Tribunal recevra le Cran et l’association Partage en leur constitution de partie civile et les y dira bien fondées.

Que Monsieur Pascal Sevran sera donc condamné à verser à chacune de ces associations la somme de € 1.

Attendu que l’opportunité que le législateur a donné au Tribunal d’ordonner, au visa de l’article 135-35 du Code pénal, à titre de peines complémentaires, par exemple la diffusion de la décision à intervenir, par extraits pouvant ne pas excéder 30 secondes, du jugement à intervenir, dans les 2 jours de sa signification, en ouverture du journal d’information de 20 heures de France 2 et, le même jour, un ouverture de chaque journal régional d’informations des stations de France 3, conduit les concluantes à ne solliciter que subsidiairement la publication du jugement à intervenir, par extraits, sous le titre « Pascal Sevran condamné par la 17ème Chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Paris pour diffamation raciale et provocation à la haine raciale », dans cinq quotidiens régionaux ou nationaux et deux hebdomadaires nationaux au choix des parties civiles sans que le coût de chacune de ces insertions excède € 15.000 HT.

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