Le code de la famille ne fait pas l’unanimité parmi les Marocaines


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Selon un sondage du Haut commissariat au Plan, 71% des Marocaines sont contre le mariage sans tuteur et seuls 33% d’entre elles approuve la liberté vestimentaire de la femme dans le pays.

de notre partenaire L’Economiste

Les Marocains ne partagent pas tous l’évolution constatée de la place et du rôle de la femme dans la société. C’est ce qui ressort de l’enquête «La femme marocaine sous le regard de son environnement social», rendue publique mardi dernier à Rabat au cours d’une conférence de presse donnée par Ahmed Lahlimi Alami, Haut-commissaire au plan (HCP).

La résistance au changement est partagée par bon nombre d’hommes et, dans une moindre mesure, de femmes. Elle se manifeste notamment par les réticences que suscitent certaines dispositions du code de la famille. Cette loi, entrée en vigueur depuis 2004, introduit certes des mécanismes de conduite de plusieurs changements dont l’enquête a décelé certaines représentations. Mais elle ne suscite pas que des adhérents parmi les personnes qui en connaissent l’existence. Ils sont seulement 49% de Marocains à approuver ses dispositions.

A noter à cet égard que les ruraux sont légèrement plus favorables à cette loi (51%) que les citadins (47%). Reste que la loi est méconnue de la part d’une bonne partie des Marocains (35% dont 45% des ruraux et 28% des citadins). Une situation due pour le HCP à «un véritable déficit d’information». Ces chiffres sont cependant à nuancer puisque l’enquête a été réalisée en février de l’année dernière. Plus d’une année et demie s’est écoulée depuis, permettant au passage de réduire les taux présentés par l’enquête.

Contre le mariage sans tutorat et contre la liberté vestimentaire

Dans les détails, quelque 92% des personnes informées de l’existence du code sont favorables à la disposition relative au divorce devant le tribunal de première instance avec présence obligatoire de la femme. Mais seulement 23% des personnes informées approuvent la disposition relative au mariage sans tuteur. Si les femmes sont favorables, en général, aux changements de leurs statuts et rôles, elles le sont de manière prudente et soucieuse du respect des valeurs traditionnelles. Elles adhèrent, certes, plus volontiers au nouveau code (62,3%), mais elles sont réticentes à hauteur de 71% vis-à-vis de la levée de l’obligation du tutorat, presque à égalité avec les hommes (75%).

La résistance est plus acharnée en matière de liberté vestimentaire. Seulement 22% de la population est favorable à l’idée que la femme puisse s’habiller à sa guise dans les lieux publics. Constat notable, 67% des femmes partagent la même réserve, contre 88% des hommes. Et 81% des citadins y sont opposés contre 73% des ruraux. «Il faut préciser à ce niveau que la liberté vestimentaire est un concept vague derrière lequel on peut tout mettre. Cela explique des positions à première vue incompréhensibles», a commenté Lahlimi. Toujours est-il que, dans les villes, même des enquêtés résidant dans des quartiers de luxe y sont opposés (81%), à un point près de ceux des quartiers précaires (82%). Les enquêtés ayant un niveau d’instruction supérieur sont plus hostiles à ce type de liberté vestimentaire pour la femme (85%) que ceux qui sont sans aucune instruction (71%).

Tarik QATTAB

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