Laura Izibor, révélation du soul system


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Laura Izibor
Laura Izibor

Laura Izibor. Ce nom ne vous dit rien ? Ça ne durera pas longtemps. Cette jeune chanteuse fait figure de révélation avant même la sortie de son premier album, Let the truth be told. Le résultat de ses chansons « soul, r’nb, pop » empreintes d’authenticité et de vérité. Sa vérité. « Izzy » s’est confiée à Afrik.

« Shine » est un pur concentré de fraîcheur, tout comme le coquin « From my Heart to yours ». Parfait pour bien commencer la journée. Quant à « If tonight is my last », « Mmm… » ou « The worst is over », disons que c’est l’idéal pour passer une bonne soirée… à deux. L’alchimiste de ces chansons « soul, r’nb, pop » est la rayonnante Laura Izibor. Une chanteuse qui fait un tabac : avant même la sortie de son premier opus, Let the truth be told (« Let the truth be told » signifie « Que la vérité soit dite », en anglais), le 20 avril, la pianiste de 21 ans a déjà chanté avec des pointures comme Aretha Franklin, James Brown et Al Green. Reste que la Dublinoise, née d’une mère irlandaise et d’un père nigérian, garde les pieds sur terre. La voix légèrement affaiblie par le froid, « Izzy » raconte son parcours à Afrik, « le premier media africain » auquel elle accorde une interview.

Afrik.com : Pourquoi avez-vous choisi la musique ?

Laura Izibor : Je dirais, et c’est vraiment cliché, qu’elle m’a presque choisie. Un jour, on a eu à faire un exercice apparemment bon pour la confiance en soi. L’enseignante nous a dit : « Demain, tout le monde doit se lever devant la classe et chanter l’un des couplets d’une chanson ». Alors, pétrifiée, je me suis levée et je l’ai fait. Et ça a été la meilleure chose que j’aie faite parce que la classe et l’enseignante m’ont dit : « Vraiment, tu devrais essayer de faire ça pour de vrai ». Et moi j’ai répondu : « Moi, vraiment ? Moi, chanter ? Nan ! ». Et puis je suis rentrée à la maison et j’ai chanté pour ma maman, qui a dit : « Oh mon dieu ! Quand est-ce arrivé ? » (rires) A partir de ce moment, j’ai pris des cours de chant et de piano, et l’écriture est venue naturellement. Quand j’ai approfondi ce travail, je me suis dit : « Je vais faire de mon mieux et m’assurer que je puisse faire ce métier pour toujours ».

Afrik.com : Le nom de votre album est Let the truth be told. Pourquoi ce titre ?

Laura Izibor : Je veux juste dire que tout l’album est ma vérité. J’ai eu la chance de pouvoir écrire tout l’album. Tout est vrai, c’est toute ma vérité, tout est tiré de mes expériences. Je pense que c’est pour ça que les fans sont touchés. Les fans sont vraiment très touchés par mes textes parce qu’ils savent qu’il n’y a pas trois autres auteurs dans la pièce qui disent : « Non, non, non, ça sonne mieux comme ça. Non, non, non… ». Ils savent qu’il n’y a que moi, le piano, et rien d’autre.

Afrik.com : Votre album traite principalement d’amour. Pourquoi ?

Laura Izibor : Je pense que l’amour est important pour tout le monde. […] Sur ted.com, il y avait cette conférencière et philosophe qui a étudié le comportement du cerveau dans l’état amoureux. Elle a dit : « […] J’ai voyagé dans le monde entier, j’ai été dans chaque tribu, j’ai vu tous les animaux auxquels on peut penser et tous ont très envie d’avoir un partenaire ou ont un partenaire ». Et je me suis dit : « Waouh ! Même un petit animal, même une chenille… Tout le monde ! ». Mais en ce qui concerne le chant, il y a clairement d’autres choses sur lesquelles j’écris. C’est juste qu’elles ne sont pas sur l’album. (rires)

Afrik.com : Quels sont les artistes qui influencent votre musique ?

Laura Izibor : Dans le temps : Otis Redding, Roberta Flack, Candi Staton, Aretha Franklin, Donny Hathaway. Chez les contemporains, je dirai Lauryn Hill, Jill Scott, India Arie. Elle me rappelle particulièrement mon adolescence, vous voyez, au moment où on essaie de se trouver… Quand j’aurais une fille, je lui dirai : « Ecoute India Arie et tu trouveras qui tu es ». […] Elle est très forte, elle est étonnante.

Afrik.com : Vous avez déclaré dans une interview : « La seule chose que je peux bien faire, c’est être moi »…

Laura Izibor : J’ai eu la rare opportunité de grandir un peu dans l’industrie [musicale] mais pas sous les projecteurs. J’ai vu comment les gens essayent [de vous changer], et ce n’est pas avec des gros sabots comme on l’imagine, avec des gens qui disent : « Change tes cheveux ! Change ceci ou cela ! ». […] La personne arrive doucement et agit très sournoisement et tout d’un coup vous réagissez : « Vous me faites culpabiliser d’être moi, vous me faites sentir que je ne suis pas ce que vous voudriez que je sois ». Quelqu’un de très sage m’a dit qu’être soi-même est parfois l’un des défis les plus difficiles parce qu’on va forcément faire un mécontent. […] Je me rends compte que c’est difficile [d’être soi-même] mais, en même temps, quand on trouve cette paix intérieure, on le fait vraiment sans effort et on se dit : « Je ne changerai pas. Je serai juste moi-même, alors il va falloir que tu changes tes plans ».

Le clip de « From my heart to yours »


Afrik.com : En dépit de votre jeune âge, votre voix semble vraiment mature…

Laura Izibor : Elle l’est devenue. Elle ne l’était pas quand j’ai commencé parce que je ne faisais pas partie de ces enfants qui ont commencé à chanter depuis l’âge de deux ans. J’ai vraiment découvert ma voix entre 13 et 17 ans. Mais même pendant que j’enregistrais le disque, j’ai découvert des choses que je pouvais faire ou pas ! (rires) Le meilleur moyen de découvrir ma voix a été les spectacles live parce qu’on ne réfléchit pas. On se laisse porter par l’adrénaline, on a un super groupe et la minute d’après on atteint des notes qu’on ne pensait pas pouvoir atteindre, ou on fait des choses qu’on ne pensait pas pouvoir faire. […]

Afrik.com : Avant même la sortie de votre premier album, l’une de vos chansons a été entendue dans la série à succès Grey’s Anatomy, et d’autres dans les films comme Nanny Diaries et PS: I love you. Vous devez être fière !

Laura Izibor : Je le suis ! Parfois je considère que c’est acquis, et puis je me dis : « Attends Laura, c’est quand même pas rien… ». C’est irréel parce que ça arrive très, très rarement à un artiste inconnu. Je prie pour que ça continue. J’adorerais ça. Mais mon rêve c’est en fait d’enregistrer pour tout un film. Ce sera la prochaine étape.

Afrik.com : Vous avez aussi ouvert le concert de grands artistes comme Aretha Franklin, James Brown, Al Green, The Roots, Angie Stone… Comment expliquez-vous leur enthousiasme pour votre musique ?

Laura Izibor : On a été béni. […] Des artistes m’ont autorisé à soutenir Aretha Franklin [sans se demander] : « Combien de disques elle va vendre ? Combien ? ». Ils se sont juste dit : « Non, j’aime sa voix, j’aime sa musique… Alors ça marche ! ». J’ai eu la chance de me trouver à proximité de ces personnes très musiciennes et ouvertes d’esprit.

Afrik.com : Votre mère est irlandaise et votre père nigérian. Vous sentez-vous proche de la culture nigériane ?

Laura Izibor : Mon père n’a pas fait partie de ma vie quand j’ai grandi. J’ai seulement renoué contact avec lui il y a deux ans et demi parce qu’il a eu un bébé avec sa nouvelle femme. […] Les choses vont bien mais [à cause de l’absence] je n’ai pas été aussi exposée à la culture nigériane que je l’aurais voulu. Mais ma nourriture préférée reste la nourriture nigériane, comme le riz moulu et toutes ces choses. Je connais la culture. Je connais mes grands-parents, mon histoire, la tribu d’où je viens… Mais je veux aller au Nigeria. J’ai besoin de rencontrer ma grand-mère. Vous savez, c’est horrible : c’est comme si un gros morceau de la famille avait été amené ici et qu’un autre était là-bas. On a tous envie de se rencontrer. C’est sûr que l’année prochaine ou dans deux ans j’irai passer du temps au Nigeria.

Afrik.com : Vous sentez-vous proche de l’Afrique ?

Laura Izibor : Oui ! Je blague toujours à ce sujet : moi et mon frère, quand on marche dans la rue et qu’on voit un Africain, il y a un contact naturel qu’on ne peut pas vraiment expliquer. Les Africains ne savent même pas d’où je viens mais il y a ce petit truc… Beaucoup de mes amis garçons me demandent : « Tu le connais, n’est-ce pas ? », et moi je leur réponds : « Non, allons-y. T’occupe ! ». Donc [l’Afrique] est là. Je sens l’Afrique en moi, et je sens que c’est de là que vient ma voix. Vraiment.

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