LampedusaInFestival : une récompense spéciale pour un « Vol spécial »


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Le film choc du cinéaste lausannois, Fernand Melgar, a reçu mardi le Grand prix de la 5e édition du LampedusaInFestival. Avec cette récompense, le cinéaste balaie d’un revers de main la vive polémique qu’a suscitée le film lors de sa sortie en 2012.

A Lampedusa, petite île italienne enclavée entre Malte et la Tunisie, « Vol spécial » a raflé, mardi, le Grand prix de la 5e édition du LampedusaInFestival. Une victoire symbolique d’un film qui parle de migrants africains parqués dans des camps à Lampedusa, ce petit bout de terre que les migrants tentent de rejoindre, peu importe les risques. Coïncidence, alors que le réalisateur Fernand Melgar recevait sa récompense, 200 migrants étaient contraints de quitter l’île pendant que 200 autres étaient interceptés par les garde-côtes au large de la Libye, puis transférés au camp surchargé de Lampedusa.

LampedusaInFestival, créé en 2009, est devenu un rendez-vous artistique à ne pas rater en Italie pour toutes les personnes concernées et intéressées par les questions de l’environnement et de la migration.

Un film « fasciste » ?

A sa sortie, en mars 2012, le « Vol spécial » n’atterrit pas comme l’aurait souhaité son réalisateur. Le documentaire fait l’objet d’une vive polémique. Au festival de Locarno 2011, le président du jury, Paulo Branco, a jugé le film de « fasciste », « obscène », « complaisante envers les institutions » et « complice avec les bourreaux ». Un sacré coup pour Fernand Melgar, ce documentariste extrêmement respecté dans son pays, la Suisse. Il accusait plus précisément Melgar d’avoir reconstruit son film après le montage lorsqu’il a été informé de la mort d’un des pensionnaires du centre, un Nigérien, pendant l’un de ces fameux vols spéciaux qui devait le rapatrier de force dans son pays. Et aussi d’avoir choisi de montrer une sorte de prison 4 étoiles et de prendre le parti des « bourreaux » et non des condamnés.

Outré par les accusations de Branco, Melgar a tenu à répondre point par point au président du Festival. D’après lui, Branco n’avait pas vu le film en entier, sinon il se serait aperçu que le Nigérien décédé pendant un transfert forcé n’était pas détenu dans le centre de Frambois, où les caméras de Melgar ont posé bagages. Il a expliqué qu’il ne pouvait donc pas construire a posteriori son film à partir de cet évènement tragique. A propos de l’accusation de complicité, il affirme s’être entretenu avec les détenus qui lui ont demandé d’être là jusqu’au jour où ils seraient expulsés. Ce qui fait de lui, un « témoin » et non un « complice ». Le reportage montre des relations apaisées entre les migrants détenus et leurs présumés « bourreaux ».

Fernand Melgar continue à suivre les demandeurs d’asile dont il a recueilli les témoignages. Le réalisateur raconte la suite de leur histoire dans « Le monde est comme ça », présenté aux Journées de Soleure.

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