La révolution selon « Algérie-Focus »


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Algérie-Focus, un journal algérien en ligne qui n’a pas peur d’aborder les sujets qui fâchent, souffle le 1er novembre prochain sa première bougie. Entre deux attaques informatiques, le rédacteur en chef, Fayçal Anseur, revient sur les premiers émois de ce canard insolent.

Voilà bientôt une année que, chaque semaine, le journal en ligne Algeriefocus.com propose à ses lecteurs des dossiers autour de l’actualité algérienne. La formule : interview d’un spécialiste par les internautes, des articles, une caricature. Ligne éditoriale : donner la parole aux personnalités qui n’ont pas droit de cité dans les médias algériens, publier des articles qu’on n’ose pas publier dans la presse écrite. Bref : « parler des sujets qui fâchent ». Au menu cette semaine : interview filmée du Dr. Ahmed Rouadjia, suspendu durant un an de son poste d’enseignant à l’Université de M’sila (dans l’est de l’Algérie) pour avoir commis un article critique sur la gestion de son université. Fayçal Anseur, ancien journaliste au quotidien algérien Le Matin, dont le directeur Mohamed Benchicou a été emprisonné durant deux ans, a lancé le projet Algérie-Focus le 1er novembre 2008. Un clin d’œil à la révolution algérienne.

Afrik.com : Votre journal a vu le jour le 1er novembre 2008, cela correspond à l’anniversaire du déclenchement de la révolution algérienne…

Fayçal Anseur:
Algérie-Focus, c’est une révolution à petite échelle. Un journal libre et indépendant. Nous faisons de l’info avec l’envie de créer le débat. Sans diffamation et sans règlements de comptes.

Afrik.com : Comment se décline la formule hebdomadaire d’Algérie-Focus?

Fayçal Anseur :
Nous traitons chaque semaine une nouvelle thématique. Avec un invité qu’on interviewe, des articles, et une caricature. Nous avons beaucoup d’interviews vidéo aussi. Nous choisissons toujours des intervenants avec lesquels nous pouvons aborder des sujets qui fâchent. C’est une condition que nous leur posons, une sorte de contrat que nous passons avec eux.

Afrik.com : Comment vous est venue l’idée de créer ce journal ?

Fayçal Anseur :
C’est d’abord parti d’un constat : la presse algérienne est quasiment absente sur le Net, contrairement à des pays voisins comme le Maroc ou la Tunisie. C’est pourtant un domaine d’avenir. En outre, nombre de personnalités n’ont pas droit de cité dans la presse algérienne. Comme le militant algérien des droits de l’Homme Salah-Eddine Sidhoum. Le but, c’est de leur offrir un espace pour s’exprimer. Dans les limites du respect et sans tomber dans la diffamation.

Afrik.com : Votre site a été l’objet de plusieurs attaques informatiques, avez-vous une idée d’où cela provient ?

Fayçal Anseur :
Nous avons subi en effet plusieurs attaques depuis la création d’Algérie-Focus. Dernièrement, nous avons eu une attaque « professionnelle », qui a dû nécessiter de gros moyens techniques. Mais je ne sais pas d’où cela provient. Nous parlons de beaucoup de choses. Des problèmes en Algérie, mais aussi de la cause palestinienne, de l’Iran, de l’Amérique latine. Nous avons en tout cas porté plainte et l’enquête suit son cours.

Afrik.com : Où votre rédaction est-elle basée, sachant que le site est hébergé en France ?

Fayçal Anseur :
Nous avons un noyau de journalistes en France, mais nous travaillons beaucoup avec des journalistes installés en Algérie. Ils ont ainsi la possibilité de publier des articles qu’ils ne peuvent pas faire passer là-bas, à cause des restrictions que connaît la presse.

Afrik.com : Estimez-vous que les journalistes algériens sont censurés ?

Fayçal Anseur :
Il y a des contraintes. Des aspects qu’on ne peut pas critiquer. Ce n’est pas la faute des journalistes. C’est surtout à cause de la pression des principaux annonceurs, comme l’Anep, qui est l’opérateur étatique, et les compagnies de télécommunication. Sur le Net, on n’a pas cette contrainte-là.

Afrik.com : Algérie-Focus est aussi un média participatif…

Fayçal Anseur :
Oui, ce sont nos lecteurs qui posent les questions aux invités. Nous allons aussi mettre en place une formule blog à la demande, en sélectionner et reprendre les meilleurs articles écrits. Toutes les possibilités du web 2.0 seront ainsi utilisées pour optimiser les échanges entre les lecteurs et les journalistes.

Afrik.com : Comptez-vous enrichir votre rubrique Culture,qui ne compte pour l’instant qu’un volet cinéma ?

Fayçal Anseur :
Nous allons bientôt rajouter une rubrique musique, avec son et images et renforcer les contacts avec les artistes algériens. Cela se fera à travers des interviews, des poadcasts et des vidéos. Les but est de mettre en valeur des artistes qui ne sont pas très connus en Algérie. Comme Hanouche Malek. Un grand guitariste qui a collaboré avec des jazzmen de renommée internationale mais qui reste inconnu en Algérie.

Afrik.com : On peut voir aussi des caricatures croustillantes sur le site…

Fayçal Anseur :
Nous avons deux très talentueux caricaturistes. Islem et L.o.k, dont on publie des dessins refusés dans la presse algérienne.

Afrik.com : Quelle est l’audience d’Algérie-Focus ?

Fayçal Anseur :
En 2008, quand nous avions démarré, nous avions quelque 21 000 visiteurs uniques par mois. Nous en comptons entre 350 000 et 400 000 aujourd’hui.

 Visiter le site d’Algeriefocus.com

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