
Ce vendredi 2 mai 2025 à Washington pourrait marquer un tournant majeur dans l’interminable crise sécuritaire qui ravage l’est de la République démocratique du Congo. Kinshasa et Kigali doivent soumettre un avant-projet d’accord de paix, fruit de la médiation américaine et d’un processus diplomatique intensif.
Une semaine après la signature d’une déclaration de principes entre les deux pays, ce texte constitue une ébauche. Si elle est validée, pourrait poser les bases d’un traité historique pour la stabilité régionale.
Un document en gestation, entre ambitions et réalités
L’avant-projet attendu ce vendredi ne sera ni signé ni finalisé. Il s’agit d’un brouillon structuré autour des grands principes définis le 25 avril dernier : respect de la souveraineté territoriale, lutte contre les groupes armés comme le M23/AFC ou les FDLR, régulation du commerce des minerais stratégiques, retour volontaire des réfugiés, et coopération sécuritaire régionale. Ce texte, élaboré à distance, sera examiné par des experts congolais, rwandais et américains. Il pourrait aussi proposer une feuille de route concrète avec un mécanisme de vérification. Mais son aboutissement dépendra largement de la volonté politique des deux capitales.
Une mobilisation diplomatique sans précédent
L’initiative américaine ne se joue pas en vase clos. La dynamique régionale est renforcée par plusieurs autres acteurs internationaux. L’Union européenne, par la voix de son représentant Johan Borgstam, insiste sur la nécessité d’un accord « coordonné » avec les efforts africains, notamment ceux de la SADEC et de l’EAC. La Belgique, via son ministre des Affaires étrangères Maxime Prévot, a aussi manifesté son soutien depuis la région, bien qu’elle n’ait pas été reçue à Kigali en raison de tensions diplomatiques. Londres n’est pas en reste. L’envoyée spéciale Tiffany Sadler affirme vouloir renforcer l’appui britannique à la recherche de stabilité.
Doha en soutien, Trump en arbitre final
En parallèle, Doha poursuit ses propres efforts de médiation. La ville accueille régulièrement des discussions trilatérales entre la RDC, le Rwanda et l’AFC/M23. Cette convergence entre initiatives américaines et qataries témoigne d’une volonté internationale commune de sortir du statu quo. Donald Trump, qui devrait accueillir la signature officielle en juin prochain si les discussions aboutissent, s’est montré optimiste en déclarant espérer « une excellente nouvelle » sur le dossier.
De la prudence malgré un climat plus favorable
La route reste cependant semée d’embûches. Rien ne garantit que l’avant-projet sera présenté à temps, ni qu’il emportera l’adhésion complète des parties. On se souvient qu’en décembre 2024, Kigali avait refusé de signer un accord dans le cadre du processus de Luanda. Toutefois, les évolutions récentes, notamment l’acceptation par Kinshasa d’un dialogue avec l’AFC/M23 sous médiation qatarie, montrent un léger infléchissement des positions. Le contexte semble aujourd’hui plus propice à un compromis.
Si cet avant-projet évolue vers un accord formel en juin, en présence des présidents Tshisekedi et Kagame, ce serait un moment diplomatique majeur. Mais au-delà des engagements écrits, c’est leur mise en œuvre effective qui conditionnera une paix durable. Car le peuple de l’Est congolais, pris en étau entre groupes armés, déplacements forcés et pillages miniers, n’a que trop attendu. La diplomatie avance, mais le terrain brûle encore.