La prochaine fois, le feu


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Les essais littéraires du Sud-Africain J. M. Coetzee, Stranger Shores (Les Rivages étrangers), à peine sortis – où il évoque les oeuvres de Salman Rushdie, Nadine Gordimer, Jorge Luis Borges entre autres – paraît presque simultanément la traduction en français de son roman Disgrâce, éditions du Seuil, livre qui lui a valu le Booker Prize.

C’est un roman où le souffle de l’actualité de l’Afrique australe paraît se donner libre cours. Tout récemment, les ministres du Commonwealth chargés des Affaires étrangères se sont réunis à Abuja, au Nigeria. C’était essentiellement pour critiquer le président du Zimbabwe, Robert Mugabe, et son parti (Zanu) pour la politique de récupération des terres appartenant à des fermiers blancs. La réunion d’Abuja n’a pas parlé de l’Afrique du Sud. Pas encore. Mais il semble bien que la violence et les affrontements (entre Noirs et Blancs) dans le pays « arc-en-ciel », comme on désigne la patrie de Nelson Mandela, ont atteint un niveau jamais égalé.

La terre et le sang

Le problème essentiellement, c’est encore une fois la terre. Disgrâce, le roman de Coetzee, est quasiment centré sur ça. Après une rapide (mais molle) introduction pour présenter le narrateur – David Lurie, 52 ans, professeur à l’université du Cap, don Juan du campus, qui séduit une étudiante de 20 ans et qui récolte la vindicte de ses collègues, démissionnant finalement de son poste pour aller vivre chez sa fille à la campagne dans une ferme -, l’histoire s’emballe. C’est clair que Coetzee, naguère opposant à l’apartheid, se range totalement du côté des fermiers blancs d’Afrique du Sud. Il dénonce dans une fiction assez convenue et désagréable une violence inouïe (viol, agression, vol, saccage, tout cela sur le compte des Noirs s’attaquant à de « paisibles » Blancs…) ; ce qui, d’après lui, est déjà la triste réalité de l’Afrique du Sud. Disgrâce, malheureusement, dégage une forte odeur de roman colonial. Manifestement, pour Coetzee, les Blancs souffrent et c’est à cause des Noirs qui cherchent à prendre leurs terres, leurs maisons.

Il suggère même qu’un « boy » noir, naguère esclave dans une ferme, se pavane maintenant comme le maître et qu’il veut prendre comme troisième épouse la fermière blanche, propriétaire des lieux ! Ou est-ce seulement la débordante imagination d’un auteur déçu (et dépassé) par la tournure que prennent les choses dans son pays ?

Azzedine Mabrouki

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